Une fierté différente souffle sur certaines Prides américaines
En voyant défiler les Gay Prides, Marches de la fierté, année après année, on avait l'impression que les LGBT des pays favorisés avaient perdu le goût du risque et s'étaient installés dans un boboïsme narcissique. Et puis: "fierté" de quoi? Bien sûr, nous sortions de la honte que les gens qui se pensaient normaux et sains d'esprit déversaient sur nos têtes comme du fumier sur les champs. Cela nous a aidé à croître. Et pour réagir, il fallait bien parader, souligner le trait, montrer que nous n'étions pas ceux qu'ils imaginaient.
La résistance en marche.
"Tirez des coups, pas des balles."
Cette année, une très médiocre troupe de cirque, la Trump Family, s'est installée à la Maison Blanche. Et dans plusieurs villes des États-Unis, le week-end dernier, les défilés LGBT ont pris une nouvelle tournure. Ils sont devenus des Marches de la résistance. Ainsi, le mot de fierté trouve son vrai sens: je suis fier de mes soeurs et frères LGBT; elles et ils ont retrouvé le goût de la lutte et quitté cette autosatisfaction égoïste qui sabotait la manifestation. En plus de leurs droits actuellement fragilisés, voire en danger, ces milliers de femmes et hommes réclament plus de justice pour d'autres minorités -- encore plus menacées par la nouvelle politique.
La première fois que j'ai défilé sous une bannière homo dans la capitale de mon pays, "je n'étais pas fier" selon l'expression populaire. C'était en
1979 et nous étions quelques poignées de mecs venus des
quatre régions de Suisse. Nous savions que les photos de cette première
manifestation publique paraîtraient dans la presse du dimanche -- celle
qu'on lisait avec plus de soin. Et que chacun de nos visages serait
reconnaissable. Ce qui n'a pas manqué. Avec des réactions très négatives
autour de nous, dans le milieu familial et professionnel. Mais
également quelques félicitations inattendues. Et les copains gays
presque unanimes: "T'aurais pas dû..." Depuis, j'ai toujours pensé que nous devions nous engager aussi pour d'autres causes, par exemple pour cette "minorité" pourtant majoritaire au point de vue numérique: les femmes.
Lundi dernier, à Orlando en Floride, des centaines de personnes se sont
rassemblées devant la discothèque Pulse pour rendre hommage aux victimes un an après le pire attentat perpétré
aux Etats-Unis depuis le 11 septembre. On se souvient: le 12 juin,
l'Américain Omar Mateen y avait tué 49 personnes et
blessé 58 après avoir prêté allégeance au
groupe Etat islamique. La police l'a abattu au bout de trois heures. À 2
heures du matin (l'heure de la fusillade), le bâtiment où s'était
déroulé le massacre a ouvert ses portes pour permettre aux familles des
victimes et aux survivants de se recueillir.
À l'extérieur, un mémorial avait été érigé avec les portraits des
victimes et des fleurs. Quarante-neuf personnes habillées en anges
entouraient la discothèque. Cette "armée des anges", soutenue par les
Soeurs de la Perpétuelle Indulgence, s'est
formée après le massacre pour protéger symboliquement les proches des
victimes des manifestations homophobes et les musulmans de la ville des
attaques racistes.
J'ai vu la vidéo publiée début juin par la police d'Orlando qui réunit
une partie des enregistrements filmés par le caméras fixées sur les
casques des agents intervenant au Pulse. C'est terrifiant et mon
respect est immense envers ces gars qui avançaient dans l'obscurité et
faisaient dégager les lieux sans savoir s'ils avaient affaire à un tueur
ou à un danseur, jusqu'à découvrir enfin le coupable et l'abattre.
Les premières manifestations publiques aux États-Unis remontent à 1969. Les gars avaient pour la première fois résisté à la police qui faisait régulièrement des descentes dans des lieux gays et emmenaient les clients au poste.
Cette année, les Marches de protestation n'ont pas empêché le déroulement traditionnel des Prides et certaines villes ont connu les deux événements, l'un le samedi, l'autre le dimanche -- parfois avec quelques interférences. Quant aux fêtes qui les prolongeaient, elles étaient plus ou moins somptueuses. Ci-dessous, un coup d'oeil sur le décor à Los Angeles.
Pour terminer, voici un vue aérienne époustouflante de Tel Aviv sous l'occupation pacifique des troupes LGBT cette année. Un espoir: que ces jeunes fêtards privilégiés n'oublient pas qu'ils ont appartenu à une minorité méprisée. Et qu'il y en a une autre, beaucoup plus endommagée, qui réside dans le même territoire qu'eux.
Il a été démontré que dans le conflit israélo-palestinien, l'état d'israël a fait chanter des palestiniens LGBTI.
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