samedi 23 septembre 2017

Gay ou pas ? Comment un algorithme l'indentifierait à notre insu



Raffaello Sanzio, dit Raphaël (1509).





Début septembre, des "chercheurs" de l'Université de Stanford ont annoncé qu'ils avaient mis au point un programme d'intelligence artificielle algorithmique capable de déceler l'homosexualité d'une personne simplement en analysant la photo de son visage. Avec 81% de justesse pour les hommes et 74% pour les femmes. [Cette fois, l'inégalité avantage les demoiselles.] On n'arrête pas le progrès: un ado qui se demande si "il l'est" n'aura qu'à envoyer sa photo par courriel et montrer le diagnostic à ses parents pour faire son coming out -- à 13 ans au lieu de 23. Ces derniers ne pourront plus prétendre qu'il "traverse une phase". Ils le foutront d'emblée à la rue et le gamin se suicidera sans attendre. On apprendra ensuite que la machine s'était trompée: il faisait partie des 19% d'erreurs.


Le couple de Jean Marais et Jean Cocteau (1939): mâchoire large, mâchoire étroite.

Selon le Journal of Personality and Social Psychology qui a publié ces travaux, les chercheurs Michal Kosinski and Yilun Wang auraient utilisé plus de 35'000 photos de femmes et d'hommes trouvées sur un site américain de rencontres pour mettre sur pied leur programme. Leur étude a démontré [prétendent-ils] que les femmes et hommes homos présentent des "traits atypiques" pour leur genre, soit des expressions, des types de coiffure et de vêtements qui font que les tantouses sont plus féminines et les camionneuses plus masculines d'aspect. Les lesbiennes ont une plus large mâchoire et le front plus petit que la moyenne des femmes hétéros. Tandis que nous les gays traînons une mâchoire plus étroite, un long nez et un front plus large que nos frères dits "normaux".





Ces audacieuses "découvertes" traduisent des lieux communs que nous connaissons depuis des siècles. Un groupe de personnes [combien? seulement des étudiants de Stanford?] auquel on a soumis les photos a pu identifier 54% des femmes et 61% des hommes. Pourquoi cette différence? Parce que l'orientation sexuelle des femmes serait plus fluide. C'est ce que l'on prétend actuellement. À mon avis, dans une société où la fluidité des mâles serait mieux acceptée, il se pourrait que l'écart diminue. Enfin, l'article souligne que ces résultats soutiennent la théorie selon laquelle notre orientation sexuelle serait déviée de la norme par l'exposition du foetus à un dérangement hormonal. D'être LGBT ne serait pas un choix de notre part comme l'imaginent ceux qui veulent nous "guérir".







Cette étude ne va pas modifier les attitudes homophobes, car il y a du fric à gagner en proposant des thérapies de conversion. Et aussi des voix à récolter pour les politiciens qui veulent effrayer leurs électeurs en nous faisant tous passer pour des violeurs d'enfants. Alors que les abus sont majoritairement commis dans les familles et les communautés religieuses ou sportives...



Dans le prochain billet, j'exposerai: 1) pourquoi il faut se méfier des publications dites scientifiques, 2) pourquoi cette étude me paraît superficielle, 3) combien elle est dangereuse pour les LGBT vivant sous un régime dictatorial, et 4) comment nous pourrions nous aussi devenir victimes d'un despote... Les mecs! en attendant, félicitez-vous d'avoir le nez fin et le front large: il faut du flair et être ingénieux pour s'imposer dans un monde qui se contente d'être "tolérant" à notre endroit au lieu de manifester une intégration sans conditions.

André

Albrecht Dürer (1501).




4 commentaires:

  1. vraiment^ il me semble impossible à reussir!!!!

    RépondreSupprimer
  2. C'est terrifiant de fourvoyer la science et plus précisément les statistiques sur des études pareilles !

    RépondreSupprimer
  3. ŒComment classent ils les hommes bisexuels ?

    RépondreSupprimer