Dans les années 1960, alors que je commençais à fréquenter "le milieu pédé" [le mot gay n'était pas encore en usage], mon manque de virilité apparente me dérangeait. Certes je portais la barbe, mais ma voix manque de profondeur et les sports que je pratiquais, la natation et le ski, étaient moins couillus que le foot. De plus, je ne fumais pas ni ne me torchais la gueule le samedi soir. Intérieurement, j'étais pleinement à l'aise avec mon orientation sexuelle, bien qu'elle fut méchamment combattue par la société. Mais dans "le milieu", de nombreux gars se mettaient à parler au féminin et à faire les folles dés que nous étions entre nous. Et cela m'énervait, parce que je ne concevais pas l'homosexualité comme un troisième sexe.
Aujourd'hui, lorsqu'un gay fait la folle, c'est pour rigoler. Nous ne sommes pas moins mecs que les hétéros, l'appareillage et les hormones sont identiques. Sur l'échelle qui va de la féminité à la masculinité, tous les degrés sont occupés par les différentes orientations. Il y a des femmes très décidées et totalement hétéros, des hommes sensibles qui ne tombent amoureux que du sexe opposé. Ainsi que des bourrins gays et des pin-up lesbiennes... J'en arrive au danseur Yanis Marshall qui pratique le street jazz en talons aiguilles. Je le trouve fabuleux. Ses musiques et ses chorégraphies m'amusent un moment, mais pas plus. En revanche, ce mec exprime une valeur qui fait surface aujourd'hui: la possibilité pour chacune et chacun d'exprimer sa part de féminité et de masculinité selon son génie personnel.
Quand on demande à Yanis Marshall pourquoi il danse en talons aiguilles, sa réponse est immuable: "Pourquoi pas !?" Ce n'est pas pour éluder. Il nous fait entendre que les frontières du genre sont en train de tomber. Dans ma jeunesse, les femmes en pantalon choquaient. Alors qu'à son époque le Roi-Soleil portait des talons, montrait ses jambes vêtues d'un collant et d'une culotte bouffante, affublé qu'il était d'une horrible perruque. Maintenant, les "vrais mecs" se rasent le crâne en attendant la calvitie. Ces changements réveillent les phobies des gens rétrogrades. Ils ont trop peur de n'être pas comme on les a dressés à se présenter dans la vie; la liberté et la créativité les font trembler.
Les femmes portent des talons aiguilles depuis des décennies pour se sentir à la hauteur. Sans résultats autres que d'attirer des regards, voyez MeToo. Des mecs comme Yanis Marshall viennent les libérer. Eux savent utiliser la pointe et les talons de leurs chaussures, ainsi que leurs genoux pour plier en deux les mecs qui les importunent. Mesdames suivez un cours de self-défense, faute d'arriver à danser sur des aiguilles comme ces trois gars, ce qui demande une musculature entraînée et le goût physique du risque, deux qualités typiquement masculines. Ce que j'admire chez Mehdi Mamine, Yanis Marshall et Arnaud Boursain c'est qu'ils empruntent du féminin pour être plus masculins. Pas comme les folles qui avilissent les femmes en les imitant vulgairement.
André
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Un billet très juste. Ce que je n’imaginais pas en plongeant dans le monde de l’homosexualité...
RépondreSupprimerLes médias français ne parlent pas de Yanis Marshall alors qu'il est français et a du succès.
RépondreSupprimerDans les antilles françaises, le carnaval dure 5 jours. Le lundi du carnaval est le jour du mariage burlesque : les hommes s'habillent en femme et les femmes en homme, dans des tenues de mariages.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe trouve ton blog superbe, bien écrit, sincère, touchant. J'ai bien aimé l'article père et fils, une fantasmatique finalement bien courante.
Cordialement.
Bonjour cher Cordial!
RépondreSupprimerLes différents billets publiés dans ce blogue sur le sujet de la relation entre père et fils -- il ne s'agit pas d'inceste -- sont les plus recherchés selon les statistiques établies par Blogger. Passé 60'000 visiteurs se sont arrêtés et ont probablement lu les deux textes qui ont le plus retenu l'attention.
J'en tire la conclusion que nous les gars avons encore beaucoup de choses à régler entre les générations. Néanmoins, en observant des jeunes pères, j'ai l'impression qu'il sont plus proches de leurs enfants, plus chaleureux, plus joueurs, tout en sachant garder l'autorité paternelle nécessaire. Et je leur tire mon chapeau.
Oui, Cordial, cela n'a pas toujours été facile pour les générations précédentes avec, en plus, le problème de l'orientation sexuelle...
les horribles perruques: il semble que le Roi Soleil qui les a tellement utilisées, a répandu leur usage dans toute l'Europe, parce qu'il était chauve!
RépondreSupprimerÀ cette époque les hommes se rasaient car leur tête était infestée de poux je crois...
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