mercredi 14 novembre 2018

Les nus et les morts : tous ces hommes envoyés au massacre



Au conseil de révision, ils se présentaient à poil pour une visite médicale. En fait, c'était une mise à nu sans retour. Ils étaient privés de leur personnalité, de leur capacité de jugement et de décision, privés de leur âme. Ils n'étaient plus qu'une masse de muscles et de chair à canon, lancés sur le champ de bataille pour massacrer et se faire massacrer, sans possibilité de reculer.




"La notion d'une autorité, dont [les officiers] étaient les représentants, comportait à nos yeux, une perspicacité plus grande et un savoir plus humain. Or, le premier mort que nous vîmes anéantit cette croyance. Nous dûmes reconnaître que notre âge était plus honnête que le leur. Ils ne l'emportaient sur nous que par la phrase et l'habileté. Le premier bombardement nous montra notre erreur et fit écrouler la conception des choses qu'ils nous avaient inculquée." Dans À l'Ouest, rien de nouveau,  (Im Westen nichts Neues, 1929) le pacifiste allemand Erich Maria Remarque met en scène un jeune soldat volontaire envoyé sur le front ouest. Lorsqu'il est en permission, le petit gars n'est pas entendu par sa famille, son entourage. Pas compris, il renonce à raconter ce qu'il endure car on ne veut pas le croire. C'est ce qu'on appelle: le patriotisme.





L'un des thèmes du roman Les nus et les morts (The Naked and the Dead, 1948) de Norman Mailer -- qui était sur le front des Philippines durant la IIe guerre mondiale -- c'est aussi la déshumanisation des soldats transformés en bêtes de somme par leur lourd paquetage, le corps brisé, le souffle court. Loin du pays et de la famille, ils souffrent de solitude. Les gars avec qui ils combattent sont déplacés, blessés ou tués et ils n'ont pas le temps de lier des amitiés profondes avec tous ces frères qui appartiennent à des classes sociales, des races et des religions différentes. La mort rôde autour d'eux, l'odeur des corps pourrissants les poursuit, la fatalité est à un tir de fusil près (death is a gunshot away). Alors, malgré tout, c'est la fraternité provisoire entre les combattants qui les sauve de la folie. Ce roman a profondément marqué l'Amérique. Mais pas au point de la détourner de son destin de nation la plus guerrière sur notre planète.



Revenons à la folie de la guerre de 1914-1918. De nombreux soldats survivants ont souffert de troubles qui se sont manifestés entre autres par un syndrome appelé "obusite" (shell-shock) soit choc de l'obus, contracté dans les tranchées. Aujourd'hui, concernant les vétérans américains, on parle de stress post-traumatique. Cette vidéo est impressionnante.






Considérez la collection de photos ci-dessous comme un hommage à tous les gars dont les amours et la vie ont été brisées par ces guerres. Massacres qui auraient été évités si le destin de nos pays n'était pas confié à des politiciens corrompus, paranos et manipulateurs, souffrant d'un dangereux dérèglement de la pensée, de gros délires de persécution et de revendication, d'incompétence à analyser la situation, ainsi que d'érotomanie.

André







4 commentaires:

  1. Se retrouver tout nus, tous ensemble, lors du conseil de révision, ce n'était quand même pas inhumain, faut pas exagérer tout de même ! Ca pose moins de problème que devoir traverser une rivière d'eau glacée, par exemple...
    Et puis on est comme on est ! Tous les sexes masculins se ressemblent...

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