J'ai le privilège de compter deux camarades fidèles, l'un dont on vient de fêter le vingtième anniversaire, l'autre qui se trouve dans la zone des 70 ans. Tous deux viennent de traverser un grand chagrin d'amour. Cela les atteint d'autant plus qu'ils sont des gars réglos et attachants. Le plus jeune -- appelons-le Jonas -- est un bogosse hétéro qui mène ses études universitaires dans une langue étrangère. Il y a peu, il est venu me lire les poèmes qu'il a écrits après que sa copine l'ait quitté. Il m'a aussi parlé de la première nuit qu'il venait de passer avec une fille qui lui plaisait alors qu'il était un peu consolé. Et qu'est-ce qu'il a fait, ce splendide garçon de famille aisée ? Il a parlé toute la nuit, pour qu'elle et lui puissent faire meilleure connaissance avant de s'engager plus charnellement. Probablement déçue de n'avoir pas été tringlée, la fille l'a quitté aux aurores. Re-chagrin.
L'autre camarade -- appelons-le Eckhart -- est rentré de vacances catastrophiques il y a quelques jours. Son grand amour et lui avaient rendez-vous, comme chaque automne, pour passer une quinzaine sous les palmiers qui avaient été témoins de leur première rencontre. Les deux gars habitent à une heure d'Easyjet plus deux heures de voiture l'un de l'autre. À part ces vacances, ils se retrouvent tous les deux mois chez l'un ou l'autre. Eckhart est retraité, John travaille encore. Mais holà ! en ce mois de novembre, John avait une mauvaise nouvelle qu'il préférait annoncer de visu, plutôt que par les coups de fil qu'ils échangent plusieurs fois par jour. John était encore très amoureux d'Eckhart, disait-il, mais il avait fait la connaissance d'un homme qui habite près de chez lui et qui... et qui... et qui...
Kiss today goodbye
The sweetness and the sorrow
Wish me luck, the same to you
Le Secret de Brokeback Mountain (2005) |
What I did for love, what I did for love
Look, my eyes are dry
The gift was ours to borrow
It's as if we always knew
And I won't forget what I did for love
What I did for love
Gone
Love is never gone
As we travel on
Love's what we'll remember...
Eckhart est comme plusieurs de mes camarades, un mec qui a entamé une deuxième vie après avoir vécu avec femme et enfants. Une vraie existence d'hétéro traversée de quelques picotements gay sans conséquences. Ils sont tombés amoureux, ont élevé des enfants jusqu'à ce que cela craque, comme tant de couples. Puis ils se sont tournés vers des hommes qui étaient prêts à les serrer dans leurs bras et à baiser. Ces gays, pas besoin de leur offrir un bouquet, un repas, ni de les écouter une soirée entière avant de passer à l'action.
Les sous-titres aident à déchiffrer le texte, mais on s'aperçoit vers la fin
qu'ils ont été empruntés à la version chantée par une femme.
Correction: There is nothing sadder than a one-man man looking for the man that got away.
Durant leurs vacances, John et Eckhart ont beaucoup pleuré ensemble -- le lâcheur et le lâché ! John a émis le voeu qu'ils restent amis, qu'ils passent les fêtes ensemble comme ils l'avaient prévu. C'est fou ce qu'un homme qui avait prévu de vivre avec toi "jusqu'à ce que la mort nous sépare" peut déconner lorsqu'il se sent coupable. Ce John qui avait stipulé dans leur arrangement qu'ils ne seraient jamais infidèles l'un à l'autre.
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Eckhart qui n'avait jamais connu d'amour aussi puissant s'est demandé parfois si un tel bonheur pouvait durer. Selon mon expérience: probablement pas. La nature humaine est fluide, nos humeurs évoluent, nous ne sommes pas des machines à répétition. Dans de nombreux cas, l'amour évolue vers une amitié profonde. C'est un cadeau qu'il faut savoir entretenir. Aucune personne ne peut nous apporter tout ce dont nous avons besoin pour évoluer. La recette est alors de savourer l'instant présent. Et lorsque l'amour décampe, de se remémorer les bons moments, plutôt que de se fixer sur les autres.
Marry me a little, Love me just enough, Keep a tender distance, So we'll both be free...
Want me more than others, Not exclusively...
Tiré de la comédie musicale Company, l'histoire de Bobby, 35 ans, que ne veut pas trop s'engager. Le pauvre est hétéro, sinon il pourrait avoir des amis avec bénéfice pour remplir les temps morts entre ses amours passagères.
Musique et paroles du génial Stephen Sondheim (gay) interprété par John Barrowman (gay, lui aussi).
La semaine passée, les parents de Jonas m'ont invité à la fête. Il y avait sa bande de copains, j'étais le grand-père qu'il n'a jamais eu. J'ai porté un toast en son honneur, en mentionnant une pièce de théâtre qui a marqué le monde depuis la fin du XVIIIe siècle et a même ressurgi à New York après le 11 Septembre, tant elle est d'actualité. Le personnage central porte le prénom du jeune homme et la vie future de Jonas pourrait bien ressembler au déroulement de l'action... Pendant qu'on dansait, Jonas m'a glissé à l'oreille que le copain qui portait le gilet bleu aimait les femmes, mais couchait avec des mecs; et qu'il lui avait proposé d'essayer. Jonas, pas choqué, a répondu: merci, mais non ! Plus tard, il m'a demandé ce que je pensais de la polygamie. On en reparlera durant ses vacances de Nouvel-an. J'ai juste mentionné qu'entre hommes, nous avons le concept de l'ami avec bénéfice. Cela convient moins aux dames.
André
L'amour demande à l'amitié : pourquoi existes-tu puisque je suis là ?
L'amitié lui répond : pour amener un sourire là ou tu as laissé des larmes.
L'amitié lui répond : pour amener un sourire là ou tu as laissé des larmes.
Don't cry because it's over, smile because it happened.
Oh, the stories. But such is life, right?
RépondreSupprimerso right!
RépondreSupprimerAaaaaah L'amour ! De quoi écrire des romans et des romans, autant qu'il y a , qu'il y a eu et qu'il y aura sur cette terre...
RépondreSupprimerTrès jeunes je me sentais différents, ce qui m'a été confirmé en internat... Mais peu après j'ai rencontré une jeune filles dont je suis tombé amoureux, oubliant pour un moment ce qui pourtant couvait... Après quelques années de mariage et un premier enfant, le petit démon s'est réveillé et j'allais courir les garçons quand je pouvais... Je m'accommodais très bien de cette vie... Après ma seconde fille, le phénomène devint plus tyrannique...Cependant j'aimais encore ma femme... Javais donc une vie sexuelle agitée... J'aimais ma femme (la seule femme de ma vie), mais j'aimais de plus en plus les garçons... Javais la confirmation de ce que j'avais ressentis plus jeune... Ma vie hétéro n'était pas ma vie...
Les difficultés de la vie aidant et le changement caractériels de ma femme vinrent peu à peu à bout de ma bonne volonté... J'étais conscient de ne plus vivre ma vie... j'élevais dons mes enfants ce que je considérais comme de mon devoir... Les années ont passé... je comblais ma vie avec des rencontres jusqu'au jour où j'ai rencontré mon homme dont je suis tombé follement amoureux... Ma vie devint à la fois un paradis et un enfer... je ne savais plus par qu'elle bout la prendre... elle devint insupportable car je ne voyais pas d'issue ou plutôt je n'en voyais plus qu'une... au bord du suicide je finis par voir une psy qui me libéra la conscience et me dit que je n'avis pas le droit de me faire mal... Je finis par faire mon coming out complet à 50 ans, femme, enfants, famille , amis, travail... un véritable tsunami pour tout le monde qui nous voyait comme un couple modèle... J'au eu droit à la compréhension de tous, quelle chance ! Avec ma femme j'ai vécu 6 mois d'enfer... puis les choses se sont calmé, nous avons divorcé avec consentement mutuel et depuis sommes comme des amis... Maintenant je vis avec mon homme.... je vis ma vrai vie... lui de son côté a fini par faire aussi son coming out...
Quelle vie !!!! Et tout ça à cause du sexe et de l'amour ! hahahahaha
Bises