mercredi 9 septembre 2020

La "bigorexie", cette dépendance maladive au bodybuilding



Chez les filles, la maladie se nomme l'anorexie. Les garçons souffrent du contraire: la bigorexie. Le miroir leur renvoie une image fluette, peu virile. Pour y remédier, ils s'essaient à la musculation. Les copains les félicitent du résultat. Mais cela ne suffit pas à ceux qui souffrent d'un problème d'estime plus profond. Et les voilà engagés dans un programme obsessionnel en quête du physique idéal. L'entraînement est exigeant, douloureux. Les résultats flatteurs ne suffisent jamais. Plus ils progressent, plus la forme idéale devient lointaine. Ils sont victimes d'un genre de dysmorphophobie: la bigorexie dérivée du terme anglais big.



Pour accélérer leur prise de masse, ils achètent des produits coûteux sur le marché parallèle: des compléments alimentaires dangereux, des hormones de croissance à injecter, dont la testostérone. Cette hormone synthétique empêche le corps de produire sa propre testo, et le mec ne peut plus procréer. Bonjour les dégâts ! D'une part, il se prive des conseils d'un pharmacien professionnel; et comme il s'enferme dans le déni, il ne consulte ni médecin ni psy. Son miroir lui répète encore et toujours qu'il manque de volume. De plus, ce mode compulsif le prive d'une vie normale, de copains autres que bigorexistes et d'amours chaleureuses.





















Il y a une dizaine d'années, on regardait encore les bodybuilders avec envie, "ah! si j'avais leur endurance..." Maintenant, on connaît les risques qu'ils prennent pour leur santé physique et mentale...


À l'époque, on les nommait "culturistes".

Lorsque les culturistes de ma jeunesse -- qui ne consommaient pas de produits toxiques -- ont été oblitérés par le business bigorexique du bodybuilding, les petits magazines français qui photographiaient ces gars élancés ont disparu. Sous un extérieur de publication sportive, ils nous fournissaient de quoi rêver. À l'époque, la beauté de leur corps était assimilée à l'homosexualité parce que les mecs hétéros ne soignaient pas leur forme. La prolifération des fitness s'est produite plus tard. Maintenant, même les boucles d'oreilles ne permettent plus de distinguer l'orientation d'un mâle. Dans le milieu bigorexique, très narcissique, on est discret en ce domaine. D'autant plus que les gars qui vouent toute leur vie à atteindre le sommet sont obligés de trouver un sponsor pour assurer leur lourd budget. C'est ce que l'on nomme gay for pay.

André


















5 commentaires:

  1. J'ai connu un homme qui dans sa jeunesse a fait de l'anorexie. Son père était obèse et tout le monde lui disait que s'il ne faisait pas attention il finirait comme son père.

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  2. Bonjour André, comme d’habitude, l’article est très bien écrit et Le lire est un plaisir, merci. Christian

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  3. Commentaire tout à fait personnel : je trouve que poussé à ce point, l'esthétique n'est pas au rendez-vous. J'ai par ailleurs connu quelques adeptes (ou victimes) de cette addiction, et tous étaient totalement tournés vers leur personne, avec une quasi inaptitude à regarder, entendre, entre en contact avec les autres...

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  4. La "bigorexie" se termine souvent en crise cardiaque.

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  5. trop de muscles. Très mauvais, vraiment.

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