La "bigorexie", cette dépendance maladive au bodybuilding
Chez les filles, la maladie se nomme l'anorexie. Les garçons
souffrent du contraire: la bigorexie. Le miroir leur renvoie une image
fluette, peu virile. Pour y remédier, ils s'essaient à la musculation.
Les copains les félicitent du résultat. Mais cela ne suffit pas à ceux
qui souffrent d'un problème d'estime plus profond. Et les voilà engagés
dans un programme obsessionnel en quête du physique idéal.
L'entraînement est exigeant, douloureux. Les résultats flatteurs ne
suffisent jamais. Plus ils progressent, plus la forme idéale devient
lointaine. Ils sont victimes d'un genre de dysmorphophobie: la bigorexie dérivée du terme anglais big.
Pour accélérer leur prise de masse, ils achètent des produits
coûteux sur le marché parallèle: des compléments alimentaires dangereux,
des hormones de croissance à injecter, dont la testostérone. Cette
hormone synthétique empêche le corps de produire sa propre testo, et le mec ne peut plus procréer. Bonjour les dégâts ! D'une part, il se
prive des conseils d'un pharmacien professionnel; et comme il s'enferme
dans le déni, il ne consulte ni médecin ni psy. Son miroir lui répète
encore et toujours qu'il manque de volume. De plus, ce mode compulsif le
prive d'une vie normale, de copains autres que bigorexistes et d'amours
chaleureuses.
Il y a une dizaine d'années, on regardait encore les bodybuilders avec
envie, "ah! si j'avais leur endurance..." Maintenant, on connaît les
risques qu'ils prennent pour leur santé physique et mentale...
À l'époque, on les nommait "culturistes".
Lorsque les culturistes de ma jeunesse -- qui ne consommaient pas de
produits toxiques -- ont été oblitérés par le business bigorexique du
bodybuilding, les petits magazines français qui photographiaient ces
gars élancés ont disparu. Sous un extérieur de publication sportive, ils
nous fournissaient de quoi rêver. À l'époque, la beauté de leur corps était
assimilée à l'homosexualité parce que les mecs hétéros ne soignaient pas
leur forme. La prolifération des fitness s'est produite plus tard.
Maintenant, même les boucles d'oreilles ne permettent plus de distinguer
l'orientation d'un mâle. Dans le milieu bigorexique, très narcissique,
on est discret en ce domaine. D'autant plus que les gars qui vouent
toute leur vie à atteindre le sommet sont obligés de trouver un sponsor
pour assurer leur lourd budget. C'est ce que l'on nomme gay for pay.
J'ai connu un homme qui dans sa jeunesse a fait de l'anorexie. Son père était obèse et tout le monde lui disait que s'il ne faisait pas attention il finirait comme son père.
Commentaire tout à fait personnel : je trouve que poussé à ce point, l'esthétique n'est pas au rendez-vous. J'ai par ailleurs connu quelques adeptes (ou victimes) de cette addiction, et tous étaient totalement tournés vers leur personne, avec une quasi inaptitude à regarder, entendre, entre en contact avec les autres...
J'ai connu un homme qui dans sa jeunesse a fait de l'anorexie. Son père était obèse et tout le monde lui disait que s'il ne faisait pas attention il finirait comme son père.
RépondreSupprimerBonjour André, comme d’habitude, l’article est très bien écrit et Le lire est un plaisir, merci. Christian
RépondreSupprimerCommentaire tout à fait personnel : je trouve que poussé à ce point, l'esthétique n'est pas au rendez-vous. J'ai par ailleurs connu quelques adeptes (ou victimes) de cette addiction, et tous étaient totalement tournés vers leur personne, avec une quasi inaptitude à regarder, entendre, entre en contact avec les autres...
RépondreSupprimerLa "bigorexie" se termine souvent en crise cardiaque.
RépondreSupprimertrop de muscles. Très mauvais, vraiment.
RépondreSupprimer