lundi 14 mars 2022

Ces lieux bénis où gays et flics ont fait plus ample connaissance





Le temps de lâcher un fil, ce bref répit, on devrait le mettre à profit pour décompresser plutôt que de consulter le portable. Vous tenez l'organe dans la main gauche et posez la droite sur votre coeur. Vous vous concentrez sur la sensation du flux dans votre pipeau et élargissez paisiblement cette perception à votre bassin, à vos cuisses, ou plus largement encore. Cette présence à votre chair vous ramène à votre nature profonde, rattachant la verge au corps. À un autre moment, cet exercice de communion peut être prolongé en dirigeant votre pensée vers la sensualité. Car votre bite n'est pas qu'un organe voué à la miction, à la lascivité et à l'éventuelle copulation. Elle prend part (peut-être à votre insu) à vos choix amoureux et amicaux, en même temps que le coeur et les tripes.






Ce souvenir remonte à plus de 70 ans. Mon petit frère et moi observions un ouvrier occupé à creuser une tranchée. Alors que l'enfant se grattait l'entrejambe, le gars l'a tancé disant: "Gamin ! si tu continues à frotter ta quéquette, elle tombera !" À l'époque, l'éducation des enfants se faisait à coup d'interdits. Les garçons grandissaient entourés de menaces concernant leur petit zob. La masturbation rendait débile ou aveugle; la religion interdisait les relations sexuelles avant le mariage; et toutes sortes de sujets n'étaient jamais abordés afin de ne pas éveiller la curiosité des enfants. Quant à l'homosexualité, elle était une abomination, ce qui laissait imaginer qu'on était le seul "pédé" au monde. Et voué à l'enfer...







Oui, ce membre qui s'allonge tout à coup comme un animal curieux de regarder par la fenêtre. Et, pire encore, se met à juter: est-ce une maladie ? Le robinet qui servait à évacuer l'urine développe peu à peu une autre vie. Il devient biroute qui déroute son propriétaire en le mettant mal à l'aise en public.

Dans ma jeunesse, seuls des pères "mal élevés" mettaient leurs fils au courant de cette progressive évolution sexuelle. Et cela en des termes "grossiers", ceux que les hommes utilisent couramment aujourd'hui. Le manque d'accompagnement paternel et de partage des secrets de la virilité explique -- partiellement -- pourquoi tant d'hommes mènent, aujourd'hui encore, une vie si  maladroite.



Selon la tradition, on peut se passer d'un médecin pour établir un premier diagnostic. Pissez contre l'écorce d'un arbre, mais pas dans l'urinoir ! Si votre urine attire des fourmis, vous souffrez peut-être d'un diabète. Si elle sent la viande, c'est un problème de cholestérol. Si vous avez oublié d'ouvrir la braguette, l'affection neurologique d'alzheimer pointe à l'horizon. Si vous avez pissé à côté, c'est plutôt le parkinson. Si vous avez mouillé vos chaussures, aïe la prostate ! Si vous ne sentez aucune odeur, c'est la preuve que vous avez souffert du covid 19 et non d'une grippe. Et ainsi de suite...


























J'aime la ville de Hambourg. J'avais 17 ans la première fois que je l'ai traversée. Un camarade qui y est né m'a prêté un bouquin intitulé Hamburg auf anderen Wegen qui passe en revue la vie des communautés gays depuis la République de Weimar jusqu'au début des années 2000. Voici, en résumé, "l'affaire des miroirs". Durant des années une rumeur a couru que la police hambourgeoise avait installé des miroirs-fenêtres dans les pissotières publiques que beaucoup d'homosexuels fréquentaient. Un film anti-regards était collé derrière le miroir couvrant une ouverture dans le mur. Il empêchait les gars de voir ce qui se passait à l'extérieur, alors que les flics pouvaient observer leurs ébats depuis une cabine extérieure. Huit miroirs ont été installés dans des pissoirs de 1964 à 1974. Ils permettaient d'aller arrêter des gars à coup sûr sans qu'ils se rendent compte qu'on les avait espionnés.




Le scandale a éclaté lorsque des militants ont tenté de casser l'un de ces miroirs à coups de marteau. La police les a arrêtés. Les gays ont avisé la presse et cassé un autre miroir en présence de journalistes. Les quotidiens en ont fait de beaux titres comme "Le peepshow des flics". L'affaire est allée jusqu'aux instances politiques et a permis de faire avancer la cause de ceux qui deviendraient plus tard les LGBTQ.

Le bon vieux temps du covid...


Pourquoi les homosexuels se rencontraient-ils et passaient-ils à l'action dans des lieux aussi exposés que les pissoirs et les parcs publiques la nuit ? Parce qu'ils n'avaient pas d'autres enddroits où se réunir. Les parents n'auraient pas accepté la visite d'un petit copain. Les bars spécialisés étaient rares et leur fréquentation dangereuse. Des voyous vous cassaient la gueule et vous dévalisaient à la sortie. C'est pourquoi nous autres militants avons créé des groupes qui se réunissaient régulièrement en lieu sûr. C'est ainsi que les sorties du placard et la révolution des gays ont commencé.

André







Ayons une pensée et recueillons-nous un instant en considérant l'épreuve qui s'est abattue sur les soldats des deux camps de la guerre -- des cousins, presque des frères par leurs origines -- ceux qui protègent leur pays et ceux qui ont été envoyés au combat sur des prétextes mensongers. La vidéo de Rammstein, publiée jeudi 10 mars dernier, peut nous entraîner dans une méditation de miséricorde et de compassion.













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