La semaine dernière j'ai découvert, sur une chaîne de TV allemande, que
des femmes adultes commettent aussi des agressions sexuelles sur de
petits garçons. Le gars interviewé, Michael Reh, né à Dortmund il y a 61
ans, déclarait que sa tante l'avait violé pour la première fois alors
qu'il avait 4 ans et que ses parents l'avaient remis à la garde de cette
femme. Et cela a duré jusqu'à sa douzième année. "On m'a souvent
demandé pourquoi je n'avais rien dit. C'est une telle agression pour
l'âme et le corps d'un enfant qu'il n'y comprend rien et ne saurait
l'expliquer." Dans son cas, il y avait en plus la menace de l'adulte
qu'elle le tuerait si il en parlait. Elle ajoutait: "Même si tu le
racontes, personne ne te croira."
Les gars auxquels il a expliqué plus tard ce qu'il avait subi
s'étonnaient: "Mais t'étais pas la victime puisque tu la baisais !" Un
môme de 4 ans qu'on oblige à sucer le sexe d'une adulte et auquel
on enfile des trucs dans l'anus ? On peut comprendre que les jeunes
victimes restent muettes, de peur de n'être pas prises au sérieux. C'est
pourquoi ces actes criminels sont si rarement rapportés à la police. Les petits souffrent d'un terrible traumatisme, d'autant plus lourd que les
coupables font en général partie du cercle familial ou d'amis proches.
Certaines scènes de ce qui a été infligé au petit Michael reviennent à
la mémoire de l'adulte aujourd'hui photographe et écrivain installé aux
États-Unis. Maintenant, comme à l'époque, il se dissocie pour ne pas
ressentir la douleur ni la honte. Ces souffrances seraient trop
envahissantes, trop violentes. Elles lui reviennent lorsqu'il en parle
devant les médias. Néanmoins il le fait parce qu'il ressent une immense
sympathie envers le gamin qu'il était. "À l'époque j'ai souffert de
dépression et cessé de manger. Alors on m'a interné durant des semaines
dans une institution spéciale. Et cela a amplifié mon sentiment que
j'étais coupable de ce qui m'arrivait. C'était ma faute, alors on se
débarrassait de moi."
Depuis, Michael Reh a appris que son père avait été victime, comme lui,
d'agressions sexuelles venant d'une femme. "À son époque c'était encore
plus tabou, surtout dans une famille profondément
catholique. Néanmoins, cela n'explique pas que mon père ait toléré ce
qui m'est arrivé. Car il le savait et ma mère aussi ! Mais j'imagine
qu'il l'a refoulé parce que c'était tellement horrible et menaçant,
aussi pour lui. La honte et l'ignominie étaient probablement si
invincibles qu'il a sacrifié son fils pour survivre. Et moi, à l'époque,
j'ai pensé que si mes parents me confiaient à ma tante, c'était normal
dans une famille."
Après des études à Hambourg et Paris, Michael Reh s'est installé à New
York où il s'est imposé comme photographe de mode et de publicité. En
tant que gay, il a publié du nu masculin dans divers magazines et
calendriers. Soutenue par le Gouvernement Allemand, son exposition
intitulée
Traffic détaille les dangers de la drogue. Elle a été
présentée dans plusieurs pays. Reh est aussi écrivain. Son prochain
livre paraîtra le 17 avril. Intitulé
Lorsque
Michael Reh a voulu porter son affaire devant la justice, le délai de
prescription était de dix ans. Donc c'était beaucoup trop tard. Et il fallait présenter au moins un
témoin ! Comment la justice peut-elle être aussi injuste ? Le taux des agressions sexuelles commises par des femmes s’établit à
environ 5 % de toutes les infractions de ce type.
L'an dernier, à un journaliste qui lui demandait comment il se
définissait: queer, homosexuel ou être humain ? il a répondu:
"Aujourd'hui, je me considère comme une personne normale. Bien sûr, en
tant que gay j'aime les hommes et cela a toujours été une part
importante de ma vie. Néanmoins l'essentiel est de s'accepter et
d'accepter les autres. Ce qui n'est pas toujours facile, même dans notre
société occidentale. Voilà: l'intégration au lieu de la séparation
demeure ma priorité."
André
La pédophilie et autres agressions hétérosexuelles sur mineurs ne font pas souvent les gros titres. Pourtant nombreux, je suis persuadé que c'est la majorité des cas. Lorsque j'étais encore en activité, j'avais recensé ces faits sur mon département, sur deux années : 70 % des faits avérés étaient commis par une femme sur un garçon...
RépondreSupprimerEh non les pervers ne sont pas tous des hommes! Mais c’est d’autant plus dur d’en parler car comme l’article l’explique très bien , l’enfant se sent coupable et l’adulte est tout puissant donc on se tait et on se construit avec cela .
RépondreSupprimerTrès intéressante histoire. Effectivement, lorsqu'on pense pédophile, on pense rarement aux femmes. Et pourtant...
RépondreSupprimerCeux qui sont maltraités maltraitent les autres à leur tour. Malheureusement, c'est une chaîne que quelqu'un doit briser, mais ce n'est pas facile. Autrefois c'était presque impossible, maintenant c'est peut-être plus facile, car on parle plus ouvertement de ces sujets.
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