samedi 9 août 2008
Un spectacle époustouflant et... chiant
>>> C'était le mois dernier dans la rivière Yong. Quelques Chinois nostalgiques commémoraient un exploit qui avait eu lieu 42 ans plus tôt: le Grand Timonier Mao Zedong [ou l'une de ses doublures] nageant au milieu du peuple dans le Yangtse. Cet été de 1966, je parcourais la Chine en train, du nord au sud et, sur le chemin du retour, entre Hong-Kong et la Mongolie extérieure, notre groupe allait rencontrer les premiers Gardes rouges de la Révolution culturelle, côtoyer leurs défilés sans fin, être témoin du chaos, des destructions en masse, des violents procès de rue.
>>> Comme l'a dit Héraclite, "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve". Hier, les nouveaux maîtres de la Chine [main d'airain dans gant de velours] ont offert au monde un spectacle de milliardaires -- du Hollywood de la grande époque, rehaussé d'effets électroniques époustouflants. Et dans le parchemin historique que cette cérémonie d'ouverture des J.O. déroulait, il a semblé aux spectateurs étrangers que l'on avait omis l'évocation des années Mao: tellement importantes et si meurtrières. Pas tout à fait. Dans le "Poème à la gloire de notre pays", une petite fille toute craquante reprenait un air de cette époque, du genre "le drapeau rouge flotte au vent, chantons à la gloire de notre pays qui marche vers la victoire". Mais les arrangeurs avaient supprimé un passage: "notre président Mao Zedong nous montre la voie".
>>> Le grand show chinois était à la fois enthousiasmant et chiant: too much. Comme le Cirque du Soleil, mais avec un goût plus sobre, plus sûr que le dégueulis canadien. Des trouvailles techniques remarquables. Une telle perfection dans la chorégraphie et les mouvements de masse que tous les participants en paraissaient pixelisés par la kung fu discipline. Le pays a montré sa supériorité technique au monde entier. Du baume pour le peuple.
Donc: une heure somptueuse, haletante, friquée, arrogante et dépourvue d'émotion. On peut l'imaginer: que de ténacité, de sueur, de cris, de sales coups et de privations dans les coulisses... Comme pour les sportifs qui se préparaient aux Jeux. Comme pour la grande masse des Chinois qui ne connaissent du miracle économique que ses images sur leur petit écran.
>>> La phrase du jour, émise par le canard laquais qui préside au déshonneur de la France: "Ne soyez pas plus dalaï-lama que le dalaï-lama!"
>>> Quant au Belge rogue, hargneux et coincé qui préside la mafia du CIO, le pauvre mec aurait pu ajouter à sa liste de frais: quelques laxatifs, des suppositoires hilarants et un coach afin d'apprendre à lever le nez de son discours. Ô, pourquoi pas aussi un nègre qui lui rédige un texte à la hauteur des champions réunis autour de lui?
|| Ulysse Photos: Reuters
Ulysse, mêmes sensations de fric foutu en l'air et qui aurait pu être mieux utilisé pour le bonheur du quart de l'Humanité si cher à notre "canard laquais".
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