dimanche 12 octobre 2008
Parfois, l'exercice physique est plus efficace que l'antidépresseur
Selon 36.9°, le magazine de la Télévision romande diffusé mercredi dernier, deux études récentes sur la dépression arrivent à la même conclusion: les antidépresseurs ne sont pas plus efficaces qu'un placebo (un comprimé qui ne contient aucun principe actif) pour traiter des dépressions légères ou moyennes. Au début de l'année, le New England Journal of Medicine a publié les résultats d'une méta-analyse sur les produits de dernière génération qui démontre que l'efficacité de cette classe de médicaments a été largement exagérée. Comment, pourquoi? Parce que les dossiers des essais cliniques effectués par les laboratoires exagèrent l'efficacité des médicaments et omettent de publier les études négatives.
L'effet placebo de ces produits peut s'avérer important -- mais faut-il le payer au prix du Prozac (Fluctine), de l'Efexor, du Deroxat, du Zoloft ou du Seropram? Sans parler des réactions secondaires qu'ils entraînent (par ex. nausées, trouble des fonctions sexuelles, etc. ce qui n'ajoute rien au bonheur de vivre) qu'un comprimé de sucre et d'amidon ne provoquerait pas. Beaucoup de personnes consultent un généraliste ou un interniste pour lui demander de traiter leur souffrance morale. La solution la plus expéditive pour le médecin, comme pour le patient, c'est le médicament. Peu de consultants envisagent la possibilité de sortir du cabinet médical sans une prescription! On ne les aurait pas pris au sérieux...
Prendre au sérieux ses peines d'âme et de coeur, ce n'est pas les abrutir avec des médicaments. Il existe d'autres recours plus efficaces à long terme, parce qu'ils examinent les racines du problème -- du moins le tentent-ils -- et permettent de trouver une solution (peut-être partielle) ou d'envisager de vivre en paix avec son tourment. Encore faut-il donner du temps au temps... Et l'on découvre un nouvel art de vivre, effet secondaire positif provoqué par ce genre de cure.
L'un des meilleurs remèdes connus à la dépression moyenne, c'est l'exercice physique régulier. Des chercheurs ont démontré que l'activité physique chez la souris augmente la synthèse d'une molécule qui a des effets antidépresseurs. Sur la base de ces observations, il va falloir déterminer si les effets de l'exercice sont les mêmes chez l'être humain. Mais qui financera une étude sans produit coûteux à la clé? A l'hôpital psychiatrique de Cery (près de Lausanne), on propose différents types d'exercices collectifs ou individuels aux patients, sans abandonner les antidépresseurs à ce stade.
Pas besoin d'être déprimé/e pour bénéficier des effets calmants et revigorants de l'exercice. La marche à un bon rythme, le jogging, la corde à sauter, le vélo, la rame, la natation améliorent l'humeur, abaissent le taux d'anxiété et de fatigue durant plusieurs heures après l'activité. Selon le psychologue Jack Raglin, des entraînements plus intenses peuvent provoquer une impression d'anxiété immédiatement après l'exercice. Mais la sensation se dissipe après 5 ou 10 minutes et fait place à des sentiments positifs durables.
Mais le surentraînement peut causer une dépression chez des gens qui se croyaient à l'abri. Bien fait!
|| Ulysse Photos.-- Le gymnaste Andreï Kravtsov. Aviron: ils rament pour Aussiebum.
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