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En 1973, à l'âge de seize ans, Stephen Fry écrit une lettre qu'il adresse à l'adulte qu'il deviendra. "Tout ce que je ressens maintenant en tant qu'adolescent est authentique. [...] Mais chaque jour qui passe m'éloigne de ma vraie nature. Chaque pas que je fais en direction de l'âge adulte est une trahison." Aujourd'hui, l'acteur britannique de 52 ans, le réalisateur, l'auteur éclectique, excentrique, prolifique et cyclothymique répond au jeune homme qu'il fut et publie sa lettre dans le Guardian et le Gay Times. Concernant son homosexualité, Fry a fait cette sortie célèbre: "Je pense que tout a commencé lorsque je suis sorti du ventre maternel. J'ai regardé ma mère et j'ai pensé C'est la dernière fois que je passe par là."
Extraits. ´´Je suis peut-être plus heureux aujourd'hui que je ne l'ai jamais été et pourtant, j'échangerais tout cela pour redevenir toi, le Stephen de 16 ans, éternellement mal-heureux, nerveux, sauvage, étonné et désespéré; en colère, plein de peurs et maladroit, mais vivant.``
´´Je sais assurément aujourd'hui, comme je l'entrevoyais à l'époque, que l'amour est ce qui compte le plus. Aussi, qu'il se porte envers une personne du même sexe ou non n'a aucune importance. Il ne faut pas négliger la problématique gay [...] mais elle se ratatine comme un escargot dans le sel face à la question de l'amour qui domine tout. L'aurais-tu imaginé, jeune Stephen? aujourd'hui encore, certains gay pensent que les nombreux obstacles et les peurs qui balisent leur vie et leurs relations sont d'abord liés au fait de leur orientation. En réalité, leurs problèmes découlent à 90% des aléas de l'amour, et de lui seul: du manque, du refus de l'amour, de l'inégalité, des occasions manquées, des monstruosités, des peines de coeur [...] et ces difficultés tourmentent autant les hétéros que les homos. Je ne vois que 10% de souffrance et de complexité supplémentaires qui nous soit spécifique; certes, ce n'est pas rien, mais nos peines nous viennent d'abord de l'amour.``
Jude Law dans les bras de Stephen Fry
Ensuite, le Stephen de 2009 annonce à celui de 1973 qu'il va bientôt découvrir, par ses lectures, combien sont nombreux les artistes homosexuels qui ont marqué la culture. Qu'il va connaître l'explosion sexuelle des années 70, l'horreur du sida, la libération gay et ses militants remarquables, ainsi que rencontrer leurs adversaires. Qu'il va traverser des crises, descendre en enfer et renaître. Qu'ailleurs, les gay ne connaissent pas la liberté dont Stephen Fry bénéficie aujourd'hui.´´Mon message concernant ton avenir est double. Ne crains rien, jeune Stephen, ta vie se développera sur des voies plus riches, moins marginales et plus heureuses que tu ne l'aurais imaginé. Mais méfie-toi! car l'ouverture d'esprit et la liberté -- ces fondements du rationalisme qui te nourrit et te semblent inaliénables -- seront bientôt attaqués et assiégés par des esprits malveillants, fous et rétrogrades. [...] Le pouvoir cruel, hypocrite et haineux de la religion et de l'absolutisme s'abat de nouveau sur le monde.``
Quel beau texte! Comme j'aimerais que mon ex-mari, bi ou gay?, en écrive une pareille à notre fils pour quand il aura 16 ans et se demandera peut-être quelle est son orientation définitive.
RépondreSupprimerL'important c'est d'aimer.
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