Très tôt après l'invention de la photographie, dès que le matériel est devenu transportable et suffisamment résistant, les explorateurs, colonisateurs, ethnographes, pornographes, missionnaires et aventuriers ont rapporté des prises de vues de leurs voyages dans les pays tropicaux. Peuples débusqués, conquis, exploités, "civilisés", christianisés: l'histoire s'écrit différemment suivant qu'elle est racontée par les étrangers ou par les indigènes.
Les récits de leurs coutumes étranges rencontraient encore plus de succès dans les revues illustrées s'ils étaient accompagnés de photos candides qui révélaient que ces gens ne connaissaient pas la "modestie" chrétienne. On dirait aujourd'hui qu'ils ne ressentaient pas le besoin de cacher ce que nous cachons tout en le mettant en évidence. Je me souviens d'avoir vu, au début des années 1960 dans la brousse au nord du Cameroun, une femme nue sur le chemin; elle portait un soutien-gorge sur la tête et je pense que cela signifiait: regardez combien je suis moderne!
Ces reportages photographiques remplissaient un rôle éducatif pour les jeunes gars "civilisés" en mal d'images érotiques. Ils les lisaient d'une main, comme ils feuilletaient aussi de la même main les pages de sous-vêts des catalogues de mode. On ne trouvait pas de magazines pornos dans les kiosques à journaux. Il fallait connaître une filière; et elles étaient moins nombreuses que les dealers aujourd'hui.
Photos prises en Afrique de l'Est, colonisée par les Allemands, qui ont mené des campagnes militaires sanglantes et achetaient des alliances en livrant des canons. En haut: homme de la tribu Chaga en actuelle Tanzanie (1890). Les deux autres: souvenirs du voyage de Son Excellence Bernhard Dernburg (1907).
André
On ne se rend pas compte aujourd'hui, avec tous ces sites érotiques ou franchement pornographiques à portée d'ordinateur, sans rien payer, combien étaient rares les images stimulantes pour les adolescents du milieu du siècle dernier. Moi, je vivais à la campagne et n'avais pas de grand frère ou de cousin plus âgé qui aurait pu me procurer un vieux magazine "cochon", comme on disait à l'époque. Je devais me contenter, comme vous le rappelez, du catalogue de prêt-à-porter de vente par correspondance. Je prenais de grandes précautions afin de ne pas le souiller, sinon gare à ma maman!
RépondreSupprimerUne précision qui vous fera rigoler: à l'époque, je regardais les pages de sous-vêtements féminins. Aujourd'hui, ce sont les mecs craquants qui m'émeuvent. Quelques-uns de mes contemporains (écoles, service militaire) ont aussi franchi la ligne. On se retrouve avec étonnement dans certains endroits. Une franche rigolade. Et on se répète toujours la même chose: il n'y a que les imbéciles qui ne virent pas leur cuti.
Ce qu'en pensent nos épouses? Pourvu qu'on soit un peu discrets et qu'on leur foute la paix au lit, elles veulent rien savoir. Je crois que les femmes des générations suivantes réagiront différemment.
Pardon! Je suis un vieux bavard, mais ça fait du bien de partager.
Qu'ils sont beaux ces hommes, combien ils avaient raison de ne pas se vêtir, dans cette chaleur...
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