dimanche 24 juin 2012

Bruce Weber, créateur de l'esthétique contemporaine mâle et nue






Barbu et carré comme un homme des bois, né en 1946, Bruce Weber est le photographe qui a mis en place l'esthétique mâle nord-américaine dans les années 1980. Il a travaillé dans quatre domaines: les magazines de mode masculine, la pub pour l'industrie vestimentaire, le nu mâle en pleine nature et les portraits filmés. Les premiers scandales qui ont lancé Calvin Klein, c'est la photo d'une femme et d'un homme nus, debout sur une balançoire, leurs bas-ventres collés l'un à l'autre pour vendre un parfum; c'est aussi la photo du jeune mec athlétique en slip blanc, avec un panier bien garni. La révolution chez Versace s'est manifestée par un type à poil sous la douche, son jean mouillé à côté de lui.



Dans le domaine du film, Bruce Weber a réussi un magnifique et désespérant portrait du trompettiste Chet Baker avec Let's Get Lost; un autre, tout aussi discrètement homoérotique, d'un jeune boxeur inconnu Broken Noses. Une oeuvre qui défie le temps -- alors que la mode est une denrée périssable -- c'est l'album photographique Bear Pond (rien à voir avec les gros poilus du porno). Publié en 1990 (profit versé à une association de lutte contre le sida), c'est un hommage à un monde sans soucis où de jeunes gars élancés et sportifs, apparemment issus de familles bourgeoises aisées, blanches, anglo-saxonnes et protestantes, s'ébrouent sans gêne ni feuilles de vigne sur les bord de l'étang de l'Ours. Je le garde précieusement dans ma bibliothèque. Et j'ai la nostalgie de ces étés où nous passions les week-ends cachés au milieu des roseaux d'une réserve naturelle, au bord du lac de Neuchâtel. En compagnie d'autres hommes à poil et à vapeur qui y creusaient aussi leur nid. Nous nagions, pique-niquions (au champagne) et niquions sans hâte ni ostentation.





On peut juger le monde de Bruce Weber fade, faussement nature, limite entre l'esthétique du kouros de la période archaïque grecque et celle du sculpteur Arno Brecker, chouchou de Hitler. Mais rien d'étonnant: sous leurs dehors cool -- à part une petite élite plus que remarquable --, les États-uniens dans leur majorité sont foncièrement christiano-fascistes, un peuple bêlant qui va bientôt se faire tondre par un entrepreneur mormon sans scrupules. Des suiveurs comme l'étaient les Allemands de l'époque nazie, les Italiens, les Espagnols et les Grecs fascistes. Comme auraient pu l'être les Suisses, si... Mais plongez dans la nostalgie des bords de l'étang de l'Ours. Et rêvez !

André

1 commentaire:

  1. c'est marrant car voyant l'article avant de le lire j'ai tout de suite penser eugénisme, arayenisme etc et ne faisant pas que mater je lus "On peut juger le monde de Bruce Weber fade, faussement nature, limite entre l'esthétique du kouros de la période archaïque grecque et celle du sculpteur Arno Brecker, chouchou de Hitler. Mais rien d'étonnant: sous leurs dehors cool -- à part une petite élite plus que remarquable --, les États-uniens dans leur majorité sont foncièrement christiano-fascistes, un peuple bêlant qui va bientôt se faire tondre par un entrepreneur mormon sans scrupules. De suiveurs comme l'étaient les Allemands de l'époque nazie, les Italiens, les Espagnols et les Grecs fascistes." voilà CQFD merci ;) superbe artcile

    RépondreSupprimer