La boue pour se cajoler entre mecs et se frotter à la terre mère

Dans l'un de ces stages de développement personnel qui ont fleuri après mai 68, les exercices proposés aux participants étaient centrés sur l'argile. C'était au bord d'un lac de montagne et nous avons modelé de la terre glaise, pris des saunas en groupe, femmes et hommes, puis joué avec la matière en l'appliquant comme des sculpteurs sur les corps nus. Une camarade et moi nous sommes installées dans une douche pour nous badigeonner à pleines mains, des pieds à la tête. Et cela m'a fait puissamment bander. Non pas pour honorer ma partenaire, car j'étais et suis insensible à l'attrait du féminin. Cette réaction provenait de la force magnétique de la glaise que nous avons laissé monter en nous.


Parlant de la création du monde, le texte hébreu du premier livre de la Bible déclare: "Elohîms forme le glébeux à sa réplique -- Adâm, poussière de la glèbe. Il insuffle en ses narines haleine de vie: et c'est le glébeux, un être vivant." Avec notre massage de glèbe humide, cette femme et moi avons revécu les premiers jours du monde. Nous sommes retournés à nos origines. Une expérience vraiment bandante.

Ces gars qui se plongent et s'empoignent dans la boue, qui se jettent et glissent dans les prés mouillés répondent à un besoin fondamental de mouvement et de frottement corps contre corps. Les bébés qui ne sont pas câlinés, qui ne reçoivent pas de marques d'affection en paroles et en gestes, ne peuvent pas se développer. Et les adultes privés de câlineries dépérissent eux aussi. Les gestes sensuels qu'échangent deux partenaires sont tout aussi expressifs, éloquents et importants que leurs relations sexuelles. Beaucoup de gars semblent l'ignorer. Lorsqu'ils improvisent quelques caresses -- toujours les mêmes -- c'est pour en arriver le plus rapidement possible à la baise. Or, un échange de frottements câlins, sans visée ultérieure, est tout aussi riche qu'une pénétration si l'on comprend l'importance du toucher sur la peau.

André

Pour le kushti, lutte indienne, on s'enduit le corps de terre.