Aujourd'hui, Journée mondiale contre l'homophobie, les seniors se souviennent avec émotion des émeutes de Stonewall (en juin 1969) qui marquèrent le début des actions coordonnées des gays pour se faire entendre, diminuer le nombre de suicides parmi les jeunes homos et gagner l'égalité des droits dans les pays dits démocratiques. À l'époque, nous étions loin d'imaginer qu'un jour il serait question de mariage pour tous... Mais où en est maintenant l'homophobie, cette marque d'hostilité et de discrimination envers la tribu des LGBTQI, a-t-elle diminué ou changé de visage? Elle a certes disparu dans de nombreux cercles de la société. Dans d'autres, elle a empiré ou changé d'apparence.
L'une des causes, c'est la visibilité qui a été accordée aux LGBTQI dans les débats, les films, les écoles, le sport. Dans les stades, les insultes proférées contre les joueurs ou les arbitres ont changé: on les qualifie désormais de pédés, etc. Et lorsque les supporters crient "enculé", j'ai envie de leur demander: "Donc toi tu encules; c'est que tu es, pour le moins, bisexuel..." Quant aux chrétiens fondamentalistes, à force de nous avertir que nous irons en enfer, ils en ont perdu le souffle. [J'appelle ces intégristes des christianistes, l'équivalent des islamistes.] Eux et les politiciens qui les manipulent ont changé de refrain; ils gémissent parce que nous les privons de leur liberté religieuse. Laquelle? Celle de nous discriminer. De nouvelles lois font qu'ils ne peuvent plus nous congédier pour cause d'homosexualité, nous refuser leurs services (par exemple des soins médicaux) ou nous insulter publiquement.
La première fois que j'ai entendu parler du "lobby gay", j'étais étonné! Serions-nous assez puissants pour "influencer" les politiciens et faire changer les lois comme les industries du tabac, de l'armement ou des médicaments? Non, dans ce cas lobby est seulement péjoratif. Nos ennemis plus subtils parlent de groupe de pression... Ils nous accusent d'avoir profité de la déchristianisation générale pour profaner le caractère sacré du mariage "tel que Dieu l'a voulu". Union entre une femme et un homme qui ne se sont jamais masturbés, n'ont pas baisé avant la nuit de noces, resteront fidèles jusqu'à ce que la mort les délivre et ne tireront des coups que pour enfanter -- pas de pilule, de capote, d'avortement ni de sodomie contraceptive.
Depuis la révolte des travestis et des pédés new-yorkais contre les descentes de police au Stonewall Inn, le militantisme gay est devenu de plus en plus visible et, en face, la répression a changé de tonalité. Les christianistes ont inventé la thérapie de conversion pour transformer les homos en hétéros. Cela va des récitations de prières sans fin jusqu'aux secousses électriques, avant d'aboutir au mariage forcé. (Autre facette du mépris christianiste: l'épouse est abusée.) La pratique de ces tortures est interdite dans de nombreux États, mais elle se poursuit ailleurs, ou clandestinement, sous la pression des familles et des Églises.
Le chapitre le plus tragique concernant l'homophobie concerne les pays qui criminalisent légalement les LGBT. Prison, torture, condamnations à mort. Leur message ainsi que l'homophobie propagée par des politiciens, des prêtres, des pasteurs et des évangélistes dans les pays occidentaux incitent des racistes fous furieux au crime, tant aux États-Unis qu'en Europe. Les personnes transgenre sont de plus en plus visées. La dénonciation des abus sexuels commis dans l'Église catholique se poursuit. En Pologne ces jours, un film qui dévoile de très nombreux scandales crée un mouvement de révolte surprenant dans son étendue.
Parallèlement, d'autres États décident de restaurer les moeurs anciennes. Cette semaine, le Sénat de l'Alabama a adopté le projet de loi le plus restrictif des États-Unis. Il prévoit de longues peines de prison pour les médecins qui pratiqueraient des interruptions volontaires de grossesse -- sans exception en cas de viol ni d'inceste, sauf pour une urgence vitale concernant la mère ou l'anomalie létale d'un foetus. Vingt-huit Etats américains ont introduit plus de 300 nouvelles règles depuis le début de 2019 afin de limiter l'accès à l'avortement. Ensuite, le retour de manivelle concernera les LGBT...
Quant à la Suisse, l'époque où elle était championne des droits humains est révolue. L'an dernier, une loi d'anti-discrimination incomplète a été adoptée par le Parlement après... six ans de discussions! La notion d’identité de genre n'y figure pas. De plus, cette loi vient de faire l'objet d'un référendum haineux qui relègue à plus tard non seulement sa mise en application, mais aussi la possibilité de la compléter. Enfin, le Parlement a mis en consultation deux projets de mariage civil pour tous incomplets et lacunaires. Et il faudra encore patienter des années...
La Journée mondiale contre l'homophobie n'est pas une fête folklorique. Réveillez-vous, mes frères!
André
You are right!
RépondreSupprimerEven though it's the International Day Against Homophobia, there's still work to do.
XOXO
Doit on dire journée mondiale de lutte contre l'homophobie ou les lgbtphobies ?
RépondreSupprimervraiment interessant! entièrement d'accord!
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