mercredi 2 juin 2021

Eh les gars ! Que le covid ne nous fasse pas oublier la capote...





En voyant défiler des milliers de manifestants sans masques qui hurlent leur opposition aux mesures anti-covid-19, tandis que leurs meneurs serinent des slogans sur "les dangers de la privation de liberté", je me demande s'il s'agit d'aliens, des extraterrestres ou -- plus alarmant -- de compatriotes aliénés. Des aveugles et sourds mais pas muets qui n'ont pas saisi que, devenu l'une des principales causes de mortalité sur notre planète, le covid a tué plus de 3,5 millions de personnes en un an et demi. Bilan auquel il faut ajouter le nombre de malades dont la convalescence se passe très mal. Sans oublier toutes les familles endeuillées, particulièrement celles qui n'ont pas pu accompagner leur malade vers sa "dernière demeure". Leur égocentrisme est effarant. Ils ont enfilé une capote sur leur cervelle.











À propos de capote, cela fait 40 ans cette année que les premières rumeurs concernant une maladie inconnue -- qui frappait uniquement des mâles gays ou bisexuels -- circulaient aux États-Unis. Les médias la nommèrent "cancer gay" qui se révéla être le sarcome de Kaposi affectant habituellement des personnes de 50 ans et plus. Les victimes étaient plus jeunes et une enquête devait révéler qu'il s'agissait de gars ayant de nombreux partenaires sexuels; et certains utilisaient des drogues pour amplifier leurs sensations sexuelles. Si je me souviens bien, une deuxième maladie proche de la pneumonie attaquait également des homosexuels.









C'est ainsi que ce qui allait se nommer sida -- syndrome d'immunodéficience acquise -- fit son apparition aux États-Unis, puis graduellement sur les autres continents. Virus passé de l'un à l'autre par des gars qui ignoraient encore son existence ou pensaient que cela ne les concernait pas. On ne savait pas de quelle manière il était transmis, ni qu'il conduisait à une mort inévitable à cause des maladies opportunistes qu'il entraînait. Au début des années 1980, je rédigeais une chronique en langue française dans le seul mensuel "homophile" publié en Suisse, donc en allemand. Et je suivais l'évolution des recherches dans l'hebdomadaire Newsweek pour tenir les lecteurs au courant.













J'avais averti des camarades qui voulaient passer leurs vacances aux USA d'y renoncer, sinon d'éviter toute relation sexuelle. Les hôtels dits gays étaient très rares à cette époque. Les mecs qui voyageaient d'un continent à l'autre pour découvrir le monde publiaient de petites annonces dans les magazines gays. "Je serai en France du X au Y août, puis en Suisse, enfin aux Pays-Bas. Si tu m'invites à crécher chez toi, je t'offrirai la réciproque quand tu te rendras aux States." C'est ainsi que mes amis, de chauds lapins, ont contracté le sida puis l'ont propagé en Suisse. Ils en sont tous morts. And I'm still here, avec beaucoup de larmes quand je pense à eux.









Le virus du VIH n'attaquait pas que les gars hypersexuels. Celles et ceux qui imaginaient être à l'abri parce qu'il s'agissait "d'une maladie homosexuelle" elles/ils ont été contaminé/e/s par des partenaires hétéros qui se piquaient sans désinfecter les seringues. Quant aux gays, ils ont vu monter la hargne des homophobes, particulièrement dans les régions qui n'avaient pas encore décriminalisé l'homosexualité. Des projets prévoyaient la création de camps de concentration pour y enfermer les gays... Et les Églises fondamentalistes menaçaient la jeunesse de l'enfer si ces filles et ces gars devaient céder "au péché". En 1984, le virus qui venait d'être identifié a enfin permis de comprendre quelles étaient les causes du sida. Les militants qui s'étaient courageusement engagés dans la  protection des malades ont pu batailler plus ouvertement pour lutter contre les stigmates qui touchaient tous les homos, bien portants comme malades.







En 1981 -- comme en 1985 lorsque des États progressistes ont enfin soutenu la lutte contre le sida -- personne n'aurait pu imaginer que ce fléau entraînerait la mort de plus de 30 millions d'humains à travers le monde. Mais qui se souvient de cette tragédie parmi celles et ceux qui étaient adultes en cette période ? Les LGBT+ qui ont perdu des êtres chers, des camarades, des connaissances estimées ! Qui d'autre ? À l'époque, tout à coup, la capote est devenue un objet courant que l'on pouvait mentionner sans gêne dans une conversation. Et cette petite chaussette en polyuréthane ou en latex, le préservatif contre le sida , est devenu un moyen de contraception disponible sans ordonnance et peu cher qui protège également contre la propagation des infections sexuellement transmissible. Là aussi, les imbéciles râlaient contre "le danger de la privation de liberté". Celle de tomber malade; celle de devoir avorter ?




Plus de 18 millions de séropositives/tifs seraient actuellement sous traitement contre le VIH dans le monde. Un nombre équivalent d'êtres humains n'ont pas accès au traitement. Soit parce qu'elles/ils ignorent leur statut sérologique, soit parce que l'aide médicale n'est pas encore parvenue jusqu'à elles/eux, faute de moyens techniques ou financiers.


André



Post-scriptum

Désormais, vous pouvez lire ce blogue sans mettre le masque !!!

Oui, j'ai reçu mon deuxième vaccin. Le covid m'a ignoré et j'ai laissé mon tour à des personnes plus exposées. Le sympathique opérateur qui me piquait cette semaine m'a demandé si le premier vaccin m'avait affecté. "Pas du tout ! En revanche, mes voisins se plaignent de long en large Je leur réponds qu'ils sont jeunes et donc faibles; moi je suis endurci par l'âge..." (Pour me foutre gentiment de leur gueule et de mes rides.) L'opérateur m'a expliqué qu'en effet les jeunes subissent des réactions plus vives parce que leur système immunitaire fonctionne mieux. Et les femmes ressentent un peu plus d'effets douloureux. Les réactions secondaires graves sont rares, environ 1/1000.

Précaution importante: si vous prévoyez un rendez-vous -- sentimental important ou autre -- reportez la date de la piqûre au surlendemain... Mais eh les gars ! Ne vous enfermez pas dans votre égocentrisme moderne. Faites-vous vacciner. La mise au point rapide d'anti-covid opérationnels est un miracle. Songez que nous attendons encore un vaccin contre le sida.






3 commentaires:

  1. Bonjour André,

    Il me semble qu'il est grand temps de remettre l'église au milieu du village, en allant simplement consulter les statistiques de l'OMS sur les causes de mortalité dans le monde, c'est ici : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/the-top-10-causes-of-death.

    Contrairement à ce que vous dites, le covid n'est de loin pas aussi dévastateur que les maladies non transmissibles.

    Et je donne entièrement raison aux manifestants qui descendent dans la rue par centaines de milliers partout dans le monde et dont les manifestations sont censurées par notre presse, par google, par bing, par youtube, par twitter et autes applications des "big tech".

    Essayez donc de vous renseigner à l'aide d'un navigateur "open source" comme "firefox" et d'un moteur de recherche qui n'oriente pas les réponses comme "DuckDuckGo".

    Avec mes sincères salutations.

    Serge

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  2. Je me suis fait vacciner. J'attends maintenant la deuxième dose de MODERNA. J'aimerais juste qu'il y ait aussi un vaccin contre le VIH + !

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