La focalisation sur le développement de leur musculature peut atteindre
le niveau d'une pathologie chez de nombreux bodybuilders. Cette
bigorexie
se manifeste par une impression déficiente de leur corps et
des troubles alimentaires qui détraquent leur vie familiale, leur vie sociale et
professionnelle. Malgré tout le mal qu'ils se donnent pour parvenir à la
perfection musculaire, le miroir leur renvoie toujours une image
médiocre. Ce qui engendre un gros stress à cause
de nouveaux défauts qu'ils semblent découvrir au fur et à mesure des efforts
qu'ils déploient pour atteindre ce qui devrait être la
perfection.
Ces défauts imaginaires poussent les
pratiquants de plus en plus profondément dans la
dysmorphophobie -- mauvaise image de soi -- qu'ils combattent par des
pratiques rituelles compulsives. Dans les fitness spécialisés, les gars
se comparent les uns aux autres; ils vivent à la fois une fraternité
intense et une compétition dangereuse. Cela provoque des émotions
incontrôlées (à cacher si possible aux copains) et des
entraînements disproportionnés par rapport à ce que leur corps pourrait normalement supporter. La bigorexie monopolise leur existence.
Pour parvenir à leur but, ils dépensent des sommes faramineuses en
compléments alimentaires qui dopent la prise de masse, en drogues addictives
et en produits à s'injecter. Les gars atteints de cette pathologie
deviennent aveugles à leur propres progrès et envisagent l'assiduité
comme leur seule planche de salut. Toute leur vie est organisée en
fonction de l'entraînement perpétuel pour éviter la dépression. Ils
sont collés au plafond et ne s'en rendent pas compte, ce qui les empêche
de chercher de l'aide.
Pour renforcer encore plus rapidement leur masse musculaire, ils s'injectent eux-mêmes des
stéroïdes anabolisants, c'est-à-dire de la testostérone synthétique. Cela provoque des problèmes de santé importants à long terme. Dont des
modification des taux de cholestérol, de l'hypertension artérielle, des
lésions hépatiques, des altérations dans un ventricule du coeur, une
perte de cheveux avant terme et -- souvent visible sur la peau épilée
des musclors -- de l'acné. Ces injections interdites dans les pays
évolués empêchent à la longue les gars de produire leur propre
testostérone, ce qui diminue grandement leur fertilité, donc leur capacité à engendrer une descendance.
Le stress continu fait baisser le niveau de testostérone et des hormones de croissance chez le mâle. Une méditation si possible journalière permet de compenser la pression du stress sur l'individu comme je l'ai souvent mentionné dans ce blogue.
Enfin, comment les musclors financent-ils leur grande consommation de
produits surfacturés ou vendus clandestinement ? Ceux qui visent une
carrière de champion se cherchent un sponsor qu'ils représenteront dans
ses publicités. Ou un mécène privé qui les financera contre services
rendus, à prévoir sur contrat. Ou des engagements auprès de
photographes, sinon de producteurs pornographiques. Ils sont aussi
engagés comme figurants, voire acteurs dans des films d'action. L'un des
bigorexistes les plus connus au monde a même décroché un emploi de gouverneur
d'État américain. Cela vaut bien de longues années de concessions et de
sacrifices...
André
Ce BB autrichien très célèbre -- qui s'était aussi illustré en tant qu'acteur de cinéma hollywoodien -- a réussi à déployer sa bigorexie jusqu'en politique en devenant gouverneur de Californie. Un gouverneur plutôt attentif aux besoins de la population. La méditation, avait-il révélé, lui avait permis de combattre ses crises d'anxiété. Cela n'empêchait pas ce champion couvert de titres d'être insupportable pour son entourage tant il était centré sur son ego.
Au bon vieux temps du siècle dernier, la nudité dans les vestiaires et les piscines réservées aux mecs ne gênait personne.
Je suis sûr que derrière ces montagnes de muscles se cachent des agneaux assez fragiles. Un super article, merci.
RépondreSupprimerDavid
un petit bonjour en passant
RépondreSupprimerj'aime bien manger les tablettes de chocolat
Voici des montagnes de muscles : ce que les Grecs anciens auraient reconnu comme manquant d'harmonie et de beauté
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