Lorsque son crâne se dégarnit, le mec viril compense par une pousse plus
vigoureuse dans les oreilles et les naseaux, éventuellement aussi les
sourcils. L'intensité de la pilosité, sa couleur, qu'elle soit frisée ou
lisse, comme sa présence sur diverses parties du corps varie selon
notre appartenance géographique. Le fait qu'on l'accepte entièrement,
qu'on la délimite ou la rase, tous ces éléments ont varié d'une époque à
l'autre; la religion, la profession, sinon le message que l'on veut
envoyer à l'entourage ont aussi eu leur importance. Oui, la vie des
mâles est compliquée. Les femmes, elles, n'ont qu'à suivre les ukases de
leur magazine. Un mec qui se respecte ne feuillette jamais un
périodique voué aux fringues, à moins d'être un influenceur (métier de
pute).
Dans l'antiquité grecque et latine, la pilosité et l'arrachage des poils
faisaient partie des critères permettant de jauger l'appartenance
sociale d'un individu. Les jeunes et charmants esclaves chargés de
servir leur maître et ses invités durant les banquets devaient présenter
une belle chevelure et un corps imberbe. Ils prolongeaient leur
adolescence en faisant disparaître leurs premier poils. Ils étaient
parfumés alors qu'un homme libre appartenant à la bonne société ne
l'était pas, mais devait sentir la propreté.
Dans la deuxième églogue de ses
Bucoliques, Virgile fait
dialoguer le berger Corydon avec "le bel Alexis, délices de son maître"
auquel il déclare sa passion ainsi que sa douleur. Le poète avertit le
jeune Corydon que l'amour le détourne de son boulot; il ajoute qu'il a
beaucoup d'Alexis sur la planète. Donc notre façon d'aimer nos pareils
n'est pas nouvelle. "
So many men, so little time !" Ou, dans la langue de Virgile: "
Omnia vincit amor: et nos cedamus amori" soit "L'amour triomphe de tout, et nous inclinons-nous devant l'amour". Dans son monde d'
urbanitas, le poète confronte le jeune objet du désir à la
rusticitas d'un
berger hirsute au sourcil brousailleux et à la longue barbe. Il paraît
que Virgile aurait reçu un jeune esclave en cadeau de la part d'un
admirateur...
Pilosité exposée dans l'échancrure de la tunique, ou mâle glabre ? Les
Romains énonçaient clairement leur préférence: "Ta femme pourrait
t'appeler sa femme..." Quant au poète Martial, il était connu pour la
liberté d'expression de ses épigrammes: "Si tu épiles ta poitrine, tes
jambes et tes bras; si ta verge, après le
travail du rasoir, n'est entourée que de poils follets, c'est que
tu songes à plaire à ta maîtresse. Mais à qui penses-tu, Labiénus, quand
tu épiles ton cul ?" Suivant les époques, les hommes ont souligné leur
virilité en ne cherchant pas à modifier leur apparence. Puis, au
contraire, la société qui gravitait autour du roi a blanchi sa peau pour
ne pas ressembler aux paysans bronzés par le soleil. Elle a même
endossé la perruque.
Deux siècles plus tard, les gars ont caché leur calvitie sous une
moumoute ridicule. Aujourd'hui, la réalité dépasse l'affliction de
l'alopécie: le crâne rasé, adopté à l'unanimité, fait partie des plus
grands progrès de l'humanité. Quand au corps, peu importe qu'il soit
velu ou plus nu que nu, cela ne permet plus d'évaluer la préférence
sexuelle d'un être humain. Et les chignons dont s'affublent toujours
plus de jeunes mecs, ils rendent les femmes jalouses.
André
>
| Perruque sur la poitrine !
|
|
Cher André,
RépondreSupprimerVous écrivez "Un mec qui se respecte ne feuillette jamais un périodique voué aux fringues". J'adore regarder des catalogues montrant des gars en slip et imaginer ce qu'ils cachent. Alors que j'étais hospitalisé, j'ai souvent zieuté un beau nageur souriant en slip de bain.
Bonnes Pâques. Avez-vous caché des œufs en chocolat, dont la forme évoque immanquablement celle des joyaux de famille?
Belle journée.
Cher Pippo,
RépondreSupprimerIl n'y avait aucune honte à contempler des gars en slips dans les catalogues. Ce fut longtemps notre seul plaisir iconographique, avant les blogues. Hier, le temps était trop venteux pour que je me rende à la plage naturiste. J'ai donc caché les oeufs.
Bonne semaine à vous !
La relation avec les cheveux reflète la culture d'une société. Mais aussi la couleur de la peau: jusqu'aux années 60, les femmes devaient rester pâles, car le bronzage était typique des agriculteurs qui travaillaient au soleil. Alors que les riches et les nobles n'avaient pas besoin de travailler, encore moins sous le soleil.
RépondreSupprimerEn parlant de perruque, j'ajoute que le Roi Soleil a commencé à utiliser la perruque parce qu'il devenait chauve. L'utilisation de la perruque masculine s'est poursuivie jusqu'au début du XIXe siècle. Les pharaons et les reines de l'Égypte ancienne utilisaient également des perruques.
Xersex,
RépondreSupprimerJe me demandais dans quelle branche professionnelle tu as fait carrière. Maintenant je sais: tu enseignes l'histoire de la capilliculture dans une grande université.
absolument pas. Je t'ai écrit ce dont je me souviens et que je sais. Je vous rappelle que la force de Samson résidait dans ses cheveux. Et que pour beaucoup d'hommes, la perte de cheveux est un véritable drame !
RépondreSupprimerDepuis l'enfance, je chavire à la vue d'une solide paire de cuisses noueuses, halées et couvertes d'un duvet affirmé de longs poils noirs bouclés...
RépondreSupprimerDans les années 1970-80, la tendance était aux shorts de sport très courts, si bien qu'un match de foot était un show érotique en soi... Même les joueurs aux cuisses plutôt glabres, lorsqu'ils se penchaient vers l'avant pour déposer le ballon à terre, le short se soulevait, dévoilant deux petite traînées broussailleuses juste sous les fesses, trahissant que le type avait quand-même du poil au cul...
Oui, Axel,
RépondreSupprimerDepuis lors, le foot a perdu beaucoup de son intérêt...