| Père et fils.
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Au cœur de la ville d'Oslo (Norvège) le parc dédié aux œuvres de
Gustav Vigeland (1869–1943) rassemble plus de 200 sculptures en bronze,
granit et fer forgé. Les thèmes préférés de l'artiste étaient
l'anatomie mâle, la famille -- tous nu/e/s, corps et âmes -- ainsi que les dragons
et la mort. "Le destin ne m'a pas laissé le choix. J'étais sculpteur
déjà avant ma naissance. Lorsque j'essayais d'y échapper, j'étais obligé
d'y retourner."
Le plus célèbre sculpteur norvégien avait 22 ans lorsqu'il s'est rendu à
Paris pour suivre des cours dans l'atelier de Rodin. Il a enchaîné avec
des stages à Florence, Copenhague et enfin Berlin. Dans le parc d'Oslo
qui lui est consacré, on peut admirer un pont de 100 mètres de long orné
de 58 bronzes représentant "les relations humaines".
Un monolithe de presque 15 mètres domine le tout. Cette colonne est
composée de plus de cent personnages; il a fallu une dizaine d'années
pour que des tailleurs achèvent le travail. Plusieurs magnifiques
portails en fer forgé étonnent les visiteurs, tant dans le parc que dans
le musée attenant. En mettant en scène tous ces corps dans des matières
différentes, le but de l'artiste était de symboliser ce que nous autres
humains partageons de commun malgré les différences de races et de
cultures.
Comme les photos d'un album qui suivent la progression du fils de
famille, Vigeland a illustré le développement de la relation entre un
père et son garçon, tous deux en costume d'Adam. Et sans feuille de
vigne, ce qui les place en dehors du temps. C'était, si je l'ai bien
saisi, l'illustration du Mouvement vitaliste qui régnait à cette époque
et a inspiré beaucoup d'artistes en Scandinavie et en Allemagne. Ils
étaient fascinés par la force de la vie, la vigueur physique, la beauté
du corps et la santé.
En focalisant leur regard et leurs créations autour de femmes
maternelles et fertiles ainsi que de gars athlétiques, ces artistes ont
attiré notre attention sur des êtres privilégiés aux dépens des autres.
On peut imaginer combien cette mise en scène a pu influencer l'idéologie
nazie dans l'opinion publique. Mais l'art de Vigeland nous parle aussi
du périple humain, commençant au berceau pour finir au tombeau, en
traversant des zones de bonheur et d'autres de douleur, avec beaucoup de
corps à corps et d'échauffourées.
André
| "Corps après la Réforme protestante."
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| "Vendredi saint."
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J'ai toujours trouvé intéressant la fascination qu'exerce la statuaire antique. Dans une société à dominante hétérosexuelle, celle-ci est pourtant exclusivement consacrée à des nus masculins, à de rares exceptions près (Athéna, Aphrodite/"Vénus", Artémis/"Diane"...).
RépondreSupprimerJe retiens deux cas remarquables :
1) Les "Lutteurs de Pergame" (galerie Uffizi, Florence) : une sculpture grecque qui ne fut (re)découverte dans les vestiges d'une riche villa romaine qu'au début du 17à siècle, sous Henri IV. A défaut de photographies, des gravures se répandirent aussitôt dans toute l'Europe. Lorsqu'elles tombèrent entre les mains de Louis 14, celui-ci commanda une réplique en marbre deux fois la dimension de l'original pour orner les jardins de Versailles. Cet exemplaire se trouve aujourd'hui au musée du Louvre.
L'oeuvre est pourtant osée : les deux hommes semblent copuler en levrette... Il existe d'innombrables prises en lutte. Pourquoi l'auteur (probablement Myron) a-t-il précisément choisi de représenter celle-ci ?...
Amusant de voir comment les artistes flirtent quelquefois avec les limites de ce que la décence autorise...
2) Le "David" de Michel-Ange, 1504 : l'Italie est en pleine inquisition et Florence se remet tout juste de l'épisode Savonarole (1498). Dans cette ambiance-là, Michel-Ange parvient à faire installer une statue monumentale d'un jeune homme entièrement nu !
Non pas dans un quelconque recoin de la ville, mais au beau milieu de la Grand Place; l'Agora de Florence où défilent quotidiennement des milliers de passants des deux sexes et de tous âges qui voient ceci...
Il faut que l'oeuvre ait été jugée exceptionnelle.
De fait, l'oeuvre parle d'elle-même, et s'élève au-dessus des différents religieux, spirituels et philosophiques. Une "bombe atomique de l'esprit" en quelque sorte...
Lorsque la reine Victoria vint en visite à Florence en 1870, on affubla la statue d'une feuille de vigne en plâtre...
La nudité est aux hommes ce que le "sixième sens" est aux femmes : un mystère...
absolument brillant! poèmes en pierre!
RépondreSupprimerl'hypocrisie de la caste sacerdotale la rend de moins en moins crédible, bien que le christianisme soit un mythe en soi et une construction humaine, de la mort de Jésus à aujourd'hui.
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