jeudi 29 octobre 2009
Ma femme a été violée. Cela me hante, mais pas elle...
Votre compagnon ou votre épouse a été victime d'un viol, d'un abus ou d'un inceste et semble avoir surmonté cette épreuve. Mais vous, qui ne le/la connaissiez pas à l'époque du drame, vous en êtes bouleversé aujourd'hui encore et cela vous poursuit. Tel était le sujet de la lettre à laquelle répondait Cary Tennis hier dans Salon le magazine sur internet. Je résume la lettre d'un mari en détresse et l'analyse que fait Tennis de la situation.
Le mari. "Ma future épouse (que je ne connaissais pas encore) avait fêté son anniversaire dans un bar avec un ami d'enfance et elle avait décidé de passer la nuit chez lui parce qu'elle avait trop bu pour reprendre sa voiture. Elle s'était couchée alors que d'autres personnes, qui s'étaient jointes à eux, continuaient la soirée chez l'ami. Plus tard, l'un des gars s'est introduit dans la chambre où elle dormait et l'a brutalement violée. Nous sommes mariés depuis vingt ans. Elle affirme qu'elle s'est remise de cet acte de violence et ne veut plus en parler... Moi, j'y pense tous les jours, je suis en colère, je rêve de la venger, mais cela s'est passé il y a si longtemps! Pourquoi mon obsession? J'ai consulté des thérapeutes, pourtant ne suis jamais arrivé à en parler avec eux..."
La réponse. "Je suis content que vous ayez écrit. Peut-être êtes-vous prêt aussi à en parler. Cela pourrait apporter un changement. D'abord: vous n'êtes pas responsable de ce qui s'est passé; votre épouse non plus. Vous ne pouvez rien y changer. En revanche, vous pouvez transformer cet évènement qui vous tire en bas et en tirer une motivation positive. Commencez par reprendre contact avec l'un/e de vos thérapeutes. Le simple fait de trouver des mots pour le dire vous apportera déjà une victoire sur le passé, même si la démarche est difficile.
"Il est très pénible pour un homme de se trouver désarmé face à la violence. D'autant plus si elle est dirigée contre une personne qu'il aime. Cela le prive de sa dignité et de son sentiment de sécurité. Mais s'il accepte sa faiblesse, il retrouvera l'innocence de l'enfance et prendra conscience qu'il n'est réellement pas coupable de ce qui s'était produit. En même temps, le désir de protéger cette personne prendra une nouvelle dimension: celle du problème social que représentent l'abus et le viol... Et chaque homme qui en a pris conscience peut s'engager afin qu'on en parle ouvertement, que la violence soit combattue par un plus grand respect des victimes potentielles, qu'on prenne des mesures éducatives et légales pour la prévenir..."
lundi 26 octobre 2009
Logan McCree, jeune loup du porno
Logan McCree (nom d'artiste), jeune loup au corps tatoué, a réussi une percée dans le monde du porno américain: en 2009, il a été couronné Interprète Gay de l'Année et ses films les plus récents ont ratissé plusieurs autres prix. Né le 31 décembre 1977 dans une petite ville du sud de l'Allemagne, il réside actuellement à Dresde, "l'une des plus belles villes de mon pays". C'est vrai. DJ de profession, il cherchait un moyen de gagner plus d'argent pour enrichir sa collection de disques. Il a envoyé ses photos à la production de Raging Stallion qui lui a demandé s'il était prêt à tourner dans un film de fisting (poing dans l'anus). "J'ai refusé et il m'ont proposé de jouer deux scènes dans une vidéo consacrée aux tatoués. J'ai accepté, mais j'étais un peu inquiet, je me demandais si ce serait une mauvaise expérience." Cela se passait en 2007 et depuis lors il est souvent retourné aux States pour participer à d'autres tournages.
Il avait 18 ans lors de son premier tatouage, une plume représentant la liberté. "Ensuite, je me suis fait dessiner un large symbole dans le dos; il exprime ma foi en Dieu. Mes autres tatouages ont affaire avec les anges ou les loups. Le loup est mon animal spirituel... J'ai toujours su qu'un jour mon corps serait couvert d'encre. Je voulais aussi faire tatouer mon visage, mais je crois que j'attendrai d'être plus âgé. Mon but, c'est de ressembler un peu moins à un être humain."
Le tatouage, le piercing, le branding et d'autres formes de marquage sont une façon d'inscrire notre propre histoire de manière indélébile, d'affirmer la prise de possession du corps qui nous a été légué par nos parents, de prouver notre différence. À moins que ce soit juste une poussée de rébellion regrettée ultérieurement... Dans le cas de Logan, c'est une grille harmonieuse qui le sépare de nous tout en attirant notre attention; il ne s'agit pas d'un secret enfoui sous les habits puisque son crâne aussi est tatoué. "Contrairement à ce que certains imaginent... c'est à cet endroit que ça a été le plus douloureux."
Questions. Un acteur de porno arrive-t-il à séparer le sexe professionnel de sa vie amoureuse? "Oui, c'est très simple. Le sexe devant la caméra c'est du boulot, sans comparaison avec la relation intime." Quelle place le sexe tient-il dans sa vie? "Très peu. Une fois par mois me suffirait. Cela demande tant d'énergie! Je préfère me branler." Enfin, s'il rencontrait un magicien capable de réaliser trois voeux, que lui demanderait-il? "Primo: de sauver la planète. Puis d'empêcher l'humanité de causer de nouveaux dommages. Enfin, de rendre les humains soit plus stupides encore, soit beaucoup plus intelligents."
Logan McCree a rencontré Henning von Berg, auteur de ces photos, lors du concours allemand de Mr Leather 2004. Logan était candidat, Henning membre du jury. Ils ont souvent collaboré depuis, notamment pour une campagne présentant les risques du bareback (la baise sans capote). Le sexe, c'est trop bon pour qu'on prenne le risque de foutre sa vie en l'air. -- D'après un reportage publié dans Beautiful Mag (1,9,2009).
jeudi 22 octobre 2009
Et les kiwis, faut-il les raser?
"Et si on parlait des poils, un sujet qui nous concerne de près, nous autres animaux plus ou moins velus", écrit Patrick dans un commentaire non publié -- mais pris en compte. "A la plage, dans les vestiaires et dans mon lit, je vois des mecs aux corps rasés, voire épilés, et d'autres qui ne font pas attention à leur toison ou sont peu poilus. J'aimerais savoir quelles sont leurs raisons, mais je ne leur demande pas souvent, soit parce que nous sommes occupés à autre chose, soit par timidité de ma part." Patrick précise: "Personnellement, je rase entièrement la queue et les couilles, je raccourcis le pubis et la poitrine, j'élague les aisselles et entre les fesses. Pour la rosette, si j'ai un copain à disposition, il me rase de près. Cela me semble normal puisque je me fais couper régulièrement les cheveux et rase ma barbe tous les jours, sauf en vacances."
"Vous raser où vous voulez."
Pour Patrick, et par curiosité, j'ai posé la question sur un forum. Voici quelques réponses.M. Saisons. "En été je me rase de la tête aux pieds. L'eau glisse mieux, c'est merveilleux pour nager et se sécher au soleil ou au vent. En hiver, je laisse pousser. J'ai plus chaud. C'est juste une impression, mais comme ça il y a du changement, j'ai deux corps différents, je ne suis plus le même quand je me caresse et me tripote."
M. Hirsute. "J'aime pas ces adultes qui imitent les bébés imberbes. Nous vivons dans une société immature. A part le scrotum où je raccourcis un peu, et la verge bien rasée, je laisse tout pousser. On admire mes aisselles et mon pubis très fournis. Mes poils sont foncés, ma peau claire, c'est un effet qui frappe mes partenaires. De même que mes fesses poilues... Je ne vois pas l'intérêt de suivre cette mode dictée par les femmes qui veulent nous policer. Je suis un mâle et je chéris ma différence."
M. Géomètre. "Tailler le pubis bien court ajoute un centimètre. Pour sûr que ça compte!" Comme le dit la publicité pour un autre rasoir corporel: "Si vous taillez le buisson, le tronc paraît plus grand"... Une note de prévention pour terminer: le passage de la lame peut laisser des blessures presque invisibles. Il faut éviter de se raser peu avant un rapport sexuel. Le sperme et le sang faut mauvais ménage.
Ulysse
samedi 17 octobre 2009
Tabassage homophobe: avec "la bénédiction divine"
La semaine dernière (vendredi) dans la circonscription new-yorkaise de Queens, Jack Price (49 ans) qui sortait d'un magasin où il avait acheté des cigarettes s'est fait traiter de "pédale" par deux jeunes hommes. Ils l'ont suivi, puis tabassé, jeté à terre et battu à coups de pieds. L'enregistrement de cette agression par une caméra de surveillance fait froid dans le dos. Fractures de la mâchoire et des côtes, perforation de la rate. Les agresseurs ont été arrêtés.
Venant à la défense des accusés, un copain a déclaré à la télé (ABC News) que Price les avait "dragués". [On peut imaginer que tôt le matin, dans un quartier déserté, il ne s'est pas engagé dans pareille opération face à des inconnus de 26 et 21 ans.] Le copain a précisé que ce n'était pas un acte homophobe; les attaquants ont simplement défendu leur honneur. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, ce gars porte un tatouage, transcription du verset biblique: "Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination. -- Le Lévitique 18.22."
C'est toute la problèmatique des États-Unis aujourd'hui (et de certains États musulmans) où pullulent les fondamentalistes soi-disant religieux... Les interprétations littérales de la bible brident la sexualité de ces bigots. Et les gangsters républicains qui entouraient Baby Bush ont utilisé les mêmes thèmes pour les amener aux urnes, eux qui n'avaient pas l'habitude de s'engager politiquement... Ce battage de haine contre l'amour -- et contre les droits des homosexuels -- a renforcé les homophobes dans leurs convictions. Ils se sentent justifiés par les pasteurs et les politiciens. (Il n'y a pas longtemps, des pasteurs, des prêtres, des politiciens soutenaient la ségrégation raciale et l'antisémitisme.)
Le livre du Lévitique a été écrit (par des hommes qui, eux aussi, attribuaient leurs règles à "Dieu") pour maintenir la race juive "pure" de tout mélange. "Avec un mâle, pas de baise comme dans une coucherie avec femme" [plus proche de l'hébreu]: l'acte est puni de mort ainsi que l'adultère, l'inceste ou le fait de maudire ses parents. Non pas pour des raisons de morale sexuelle, mais pour préserver la différence israélite par rapport aux peuples voisins dont les moeurs étaient plus libres. Afin d'attiser la haine contre eux. Comme les catholiques marquaient leur différence en s'abstenant de viande le vendredi (péché mortel), sans condamner la viande...
La "pureté" et la différence hantent aussi les femmes et les hommes aujourd'hui. Certains ne supportent pas la brillante intelligence et la réussite d'un président métis. D'autres craignent d'abriter des pulsions sexuelles qui ne sont pas prévues dans leur scénario familial. Alors, ils attaquent Obama (on peut craindre pour sa vie), ou ils cassent du pédé.
Ulysse
mercredi 14 octobre 2009
Urs, omnisexuel avec un coeur hétéro
Il était appuyé à la balustrade du quai de gare, regardant le lac et les montagnes de Haute-Savoie à l'horizon. Blond paille à teint pâle, la trentaine, sac au dos. Je me suis arrêté parce qu'il tenait un verre de vin rouge à la main, un verre à pied. "Vous buvez du rouge, mais la vigne ici produit du blanc!" Il a rassemblé ses quelques mots de français, a dit qu'il savait, qu'il venait dans la région trois ou quatre fois par an pour déguster et acheter des vins, toujours au même producteur. Qu'il aimait connaître la provenance de ce qu'il buvait ou mangeait. Que le vigneron-encaveur et sa femme n'avaient pas eu le temps de le recevoir; ils vendangeaient.
Urs, appelons-le ainsi, vit dans la campagne zurichoise. Agriculteur jusqu'il y a peu, il a vendu sa ferme et a choisi le métier de serrurier. Le lait ne rapportait plus assez. Lorsqu'il est libre, il prend une carte journalière de chemin de fer, circule à travers la Suisse et revient à minuit dormir dans son lit. Loin de son village, il se sent libre de faire de nouvelles connaissances, c'est tout ce qui lui plaît. Non, il n'est pas marié. Les femmes avec lesquelles il sort se révèlent contrôlantes, comme sa mère. Néanmoins, il aimerait se mettre en ménage. Je lui parle des thérapies brèves qui permettent, possiblement, de dépasser l'échec. On s'y consacre pour progresser dans sa vie, comme on participe à l'entraînement pour se perfectionner dans son sport.
Un train s'arrête, Urs reste à quai. Il a tout l'après-midi devant lui. Et envie de nager? Je l'invite à me suivre un peu plus loin, sur les rochers, à l'abri des buissons épineux. Tout le monde y est à poil. Cela ne le gêne pas, dit-il. Il range son verre dans le sac car la descente sous les arbres est abrupte. Nous nous installons, il sort son verre, une nouvelle bouteille et continue à boire en suisse. (Je ne pourrais pas, j'ai grandi dans une famille nombreuse.) Nous nageons. Lui pas longtemps. Lorsque je reviens, il est en train de se tirer le pompon. Et me raconte ses aventures. Par exemple Laura, qu'il a rencontrée dans un club -- un bordel, en fait. "Tu paies un prix forfaitaire [si j'ai bien compris son allemand] et tu peux avoir toutes les femmes présentes." Il choisit Laura, elle répond: "Moi, ce sera pour le dessert!" Et à l'heure du dessert, en effet, Laura lui taille une plume d'enfer -- expérience inoubliable. Il retourne au club, mais Laura s'est mariée entre-temps. Urs constate: "Je l'aurais bien épousée."
Il continue à boire, évoque une autre pipe, tout aussi puissante, prodiguée par un mec. Ah! nous abordons l'autre versant. Il y circule à l'aise, son pompon aussi. Urs raconte l'achat d'un gode pour son usage personnel; la vendeuse l'aide à choisir. Il songe à se faire enculer, tellement il tire de plaisir de son jouet. Par une femme? Non, un mec. "Dont tu serais amoureux, ou n'importe quel type?" "Un gros calibre!" Quant à l'amour, il n'en est pas question entre Urs et un autre homme. Son amour, il le réserve aux femmes. Avec les gars, cela se joue uniquement en-dessous de la ceinture; pas de baisers, pas de fantasmes sur le physique (à part la bite), juste une question de jouissance. Urs échappe aux catégories. "Je suis un homme libre."
Il tient remarquablement le vin. Comme un alcoolique. Pas facile de rencontrer l'épouse qui vous accompagnera jusqu'à la guérison -- non pas des mecs, ni de la liberté, mais du poids que l'indépendance vous fait porter si vous êtes... suisse.
Ulysse
dimanche 11 octobre 2009
Portrait de la tante trophée du gouvernement Sarkozy
Dans un vie précédente, cette grande pauvrette de Frédéric Mitterand était pleureuse, une de ces femmes qu'on payait pour faire du chahut aux enterrements. Dans son avatar le plus récent, il est la tante trophée du gouvernement Sarkozy, comme Mme Carla est l'épouse trophée, Jeannot-Piston le fils trophée, et tonton Bernard l'otage de gauche, porteur de riz amer. C'est le commentaire de F.M., sinistre de la culture, qui m'a exaspéré l'autre jour: "Si le monde de la culture ne soutenait pas Roman Polanski, ça voudrait dire qu'il n'y a plus de culture dans notre pays. [...] Et de le voir jeté ainsi en pâture pour une histoire qui n'a pas vraiment de sens et de le voir ainsi pris au piège c'est absolument épouvantable." Ma chochote! comme beaucoup d'autres cultureux blasés, t'avais pas deux minutes pour réfléchir, même si les médias te pressaient?
L'homme est brillant, sensible, généreux et narcissique. Trop à la fois. Lorsqu'il parle, son visage trahit le constant aller-retour entre la sincérité et le calcul. Il veut à la fois qu'on le plaigne et l'admire; il est prêt aux aveux les plus canailles (moitié confession, moitié apologie). Il étale ses doutes et ses faiblesses pour montrer sa désespérance à ne pas savoir aimer. Puis il change de posture et déclare, lorsqu'on l'attaque (pain quotidien d'un ministre): "Si je m'appelais Tartempion, je ne subirais pas les mêmes indignités."
En Fräulein durant les années Palace. Il casse
délicieusement les codes du politiquement correct.
Dans son livre La Mauvaise vie, souvent cité ces jours, il donne l'impression de se cacher dans la lumière [les projecteurs qu'il braque lui-même] pour soulager sa conscience. Vieux reste de catholicisme et besoin d'exhibitionnisme qu'il confond peut-être avec une catharsis [purgation des passions produite sur les spectateurs d'une représentation dramatique] ou avec un début de thérapie. C'est inopérant: on le constate en comptant ses gaffes de récent ministre... Dans l'échantillon ci-dessous, il raconte ses passes à Bangkok et ailleurs sans songer un instant que le lecteur moyen aura de la peine à distinguer pédophilie ("garçons"), pédérastie ("éphèbes") et homosexualité. Cela n'a pas soulevé de tempête en 2005... Il a clarifié depuis, tout en restant ambigu, sa posture adorée. Mais t'es ministre, grosse bécasse!délicieusement les codes du politiquement correct.
En Thaïlande, l'âge de la majorité sexuelle est fixé à 18 ans
pour les prostitué(e)s, à 15 ans pour les autres.
"Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m'excitent énormément. La lumière est moche, la musique tape sur les nerfs, les shows sont sinistres et on pourrait juger qu'un tel spectacle, abominable d'un point de vue moral, est aussi d'une vulgarité repoussante.
"Mais il me plaît au-delà du raisonnable. La profusion de garçons très attrayants, et immédiatement disponibles, me met dans un état de désir que je n'ai plus besoin de refréner ou d'occulter. L'argent et le sexe je suis au coeur de mon système, celui qui fonctionne enfin car je sais qu'on ne me refusera pas […] La morale occidentale, la culpabilité de toujours, la honte que je traîne volent en éclat ; et que le monde aille à sa perte, comme dirait l'autre […]"
Ulysse
jeudi 8 octobre 2009
Sévices et abus sexuels: un homme pardonne
Tyler Perry est scénariste, metteur en scène et souvent acteur; il a produit des comédies pour la scène, la télévision et le cinéma. Il est très connu comme auteur et interprète de Madea, une grand-mère qui fume des pétards, dit ce qu'elle pense et sort avec son fusil. Samedi dernier, sur son site, il a révélé qu'il avait été victime de violences de la part de son père et d'abus sexuels dans son enfance. Tyler Perry a 40 ans et il est fatigué de porter ce fardeau tout seul. "Enfant, j'ai toujours pensé que je mourrais avant d'atteindre l'âge adulte." Son père -- un homme "dont la seule solution à tous les problèmes était de vous taper" -- le détestait parce que l'enfant avait la peau plus foncée que lui, qu'il était maladif et qu'il aimait les livres.
Dans son rôle de Madea.
Premier souvenir de violence conjugale: Tyler avait 2-3 ans. Sa mère avait décidé de fuir le domicile conjugal. Elle avait embarqué les trois enfants dans une vieille Cadillac qui lui appartenait et s'était réfugiée en Californie. Le père avait appelé la police pour dénoncer un vol de voiture (la Cad était inscrite à son nom). L'épouse et les enfants étaient restés en prison jusqu'à ce qu'il vienne les chercher. Sur le chemin du retour en Louisiane, il avait battu sa femme devant les mômes... Un jour qu'il était ivre, le père a battu Tyler jusqu'au sang avant de perdre conscience. L'enfant s'est enfui chez une tante qui s'est rendue chez l'ivrogne pour le tuer. Avec son 357, elle visait la tempe lorsque son mari est arrivé pour l'empêcher de tirer.
Premier souvenir d'abus: il devait avoir 10 ans. Il jouait chez un camarade lorsque la mère de celui-ci a déclaré qu'il était temps pour Tyler de rentrer chez lui. Elle portait un déshabillé sexy; elle a donné l'ordre à son fils de prendre un bain et l'a enfermé à clé. La porte de la maison était fermée, Tyler s'est retourné pour la demander. Étendue sur un canapé, la femme tenait la clé. "Elle l'a insérée en elle, m'a ordonné de venir la chercher et m'a tiré sur elle."... Récemment, la famille d'un homme qui venait de mourir et fréquentait la même église que Tyler Perry, lorsqu'il était jeune, lui a demandé de l'argent pour payer les obsèques. "J'ai immédiatement refusé, mais j'aurais dû dire oui. C'est un sentiment tellement puissant d'enterrer un homme qui t'a abusé sexuellement! J'aurais dû creuser sa tombe moi-même."
Les cicatrices au poignet de Perry témoignent qu'il a tenté de se suicider. Mais il a survécu. Comment? "Lorsque mon père disait ces choses ou me faisait ce qu'il me faisait, une petite voix de l'intérieur me répétait: Faut pas le croire, et Tu vas survivre." Cette voix l'a aidé à tenir bon; c'était Dieu, il en est persuadé. Elle l'a empêché de mal tourner. "Pendant l'enfance, nous n'avons pas d'échappatoire, pas de refuge. Il faut endurer. Mais comme adultes, nous avons le choix. J'ai choisi de pardonner de toutes mes forces. Le pardon a été mon instrument de libération. [...] Cela n'a pas été facile, néanmoins il m'a apporté la guérison."
Ulysse
dimanche 4 octobre 2009
Le frisson de la nudité pour une cause (presque) désespérée
°°°
Pour montrer combien la fragilité du corps humain est liée à celle des éco-systèmes, 713 militants de Greenpeace ont posé hier sans voile devant l'appareil photographique de Spencer Tunick. C'était en Saône-et-Loire, dans le vignoble bourguignon particulièrement exposé à la grêle et aux pics de chaleur. Ces volontaires voulaient attirer l'attention du monde sur les problèmes que le réchauffement climatique cause dans la viticulture. Afin d'encourager les plus timides figurants, le directeur de Greenpeace France leur a déclaré: "Ce que vous faites là est à mi-chemin entre une oeuvre d'art et une mobilisation citoyenne." Notamment en faveur du patrimoine oenologique, car "les changements les plus infimes au niveau des températures feront des ravages [en détruisant] la finesse du goût."
Hier dans les vignes, photo pudique
pour les médias français. (Reuters)
Parmi les militants à poil, un viticulteur bio qui produit du Mâcon blanc depuis 25 ans a remarqué: "Je me rends compte qu'on vendange de plus en plus tôt..." De plus en plus, dans le monde évolué, des personnes revendiquent en faveur d'une cause en se singularisant afin de marquer l'opinion... Pour nous faire entendre il y a plus de trente ans, il fallait être vus. C'est ce qu'ont pigé les pédés, puis les gouines qui sont sortis de l'anonymat et ont défilé dans les villes. Des gens nous ont critiqués (et parmi eux des personnes "concernées") parce que ces manifestations manquaient de "dignité" (à cause, par exemple, de quelques travestis marrants qui attiraient l'attention des médias). N'empêche, mes chéris, que notre message a passé! Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, parce que vous ignorez le proche passé. Dommage, mais pas grave!
Les militants de samedi, en même temps qu'ils mobilisaient l'attention sur l'environnement, ont fait passer un autre message: le corps nu ce n'est pas que du cul, c'est aussi "un marqueur de la liberté" de l'être, comme disent les sociologues. Marqueur pas uniquement de la liberté sexuelle, mais d'une pleine libération intérieure qui dérange (un peu) l'ordre général et nous fait progresser vers une plus heureuse hardiesse politique, idéologique, voire religieuse.
18'000 personnes à Mexico en 2007.
Photo de Spencer Tunick.
Se mettre ainsi à nu est un acte courageux et sain. Un jour peut-être, il faudra trouver autre chose pour stimuler la curiosité.
Ulysse
Pour montrer combien la fragilité du corps humain est liée à celle des éco-systèmes, 713 militants de Greenpeace ont posé hier sans voile devant l'appareil photographique de Spencer Tunick. C'était en Saône-et-Loire, dans le vignoble bourguignon particulièrement exposé à la grêle et aux pics de chaleur. Ces volontaires voulaient attirer l'attention du monde sur les problèmes que le réchauffement climatique cause dans la viticulture. Afin d'encourager les plus timides figurants, le directeur de Greenpeace France leur a déclaré: "Ce que vous faites là est à mi-chemin entre une oeuvre d'art et une mobilisation citoyenne." Notamment en faveur du patrimoine oenologique, car "les changements les plus infimes au niveau des températures feront des ravages [en détruisant] la finesse du goût."
Hier dans les vignes, photo pudique
pour les médias français. (Reuters)
Parmi les militants à poil, un viticulteur bio qui produit du Mâcon blanc depuis 25 ans a remarqué: "Je me rends compte qu'on vendange de plus en plus tôt..." De plus en plus, dans le monde évolué, des personnes revendiquent en faveur d'une cause en se singularisant afin de marquer l'opinion... Pour nous faire entendre il y a plus de trente ans, il fallait être vus. C'est ce qu'ont pigé les pédés, puis les gouines qui sont sortis de l'anonymat et ont défilé dans les villes. Des gens nous ont critiqués (et parmi eux des personnes "concernées") parce que ces manifestations manquaient de "dignité" (à cause, par exemple, de quelques travestis marrants qui attiraient l'attention des médias). N'empêche, mes chéris, que notre message a passé! Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, parce que vous ignorez le proche passé. Dommage, mais pas grave!
Sur le glacier d'Aletsch en 2007. (Afp)
Tant et si bien que pour se faire entendre aujourd'hui, les défenseurs de la nature doivent trouver mieux que le déguisement: le dépouillement qui scandalise ou amuse encore un peu. Les gay s'incarnaient en se montrant sans masques devant la foule curieuse; la revendication d'aujourd'hui se sert aussi du corps comme impact. La nudité, pourtant muette, est devenue un discours d'autant plus surprenant qu'il n'est lié ni à la sexualité ni au grotesque, déclencheur du rire.Les militants de samedi, en même temps qu'ils mobilisaient l'attention sur l'environnement, ont fait passer un autre message: le corps nu ce n'est pas que du cul, c'est aussi "un marqueur de la liberté" de l'être, comme disent les sociologues. Marqueur pas uniquement de la liberté sexuelle, mais d'une pleine libération intérieure qui dérange (un peu) l'ordre général et nous fait progresser vers une plus heureuse hardiesse politique, idéologique, voire religieuse.
18'000 personnes à Mexico en 2007.
Photo de Spencer Tunick.
Se mettre ainsi à nu est un acte courageux et sain. Un jour peut-être, il faudra trouver autre chose pour stimuler la curiosité.
Ulysse
vendredi 2 octobre 2009
Des hommes qui osent manifester leur attachement
Cette image publiée lundi par Scott Schuman (qui capte la mode de la rue dans son blogue photographique The Sartorialist) a suscité 53 commentaires jusqu'à maintenant. Comme il est d'usage chez le Sartorialist, ils analysent chaque détail, des chaussures à la coiffure, admirent, réprimandent, épiloguent. "Je porte aussi des socquettes. C'est incroyablement confortable surtout l'été. L'effet est fantastique sur des jambes poilues et musclées." "J'adore ces deux-là parce qu'ils résistent à la mode du sans-chaussettes." "Non, non, non! Débarrassez-moi ces socquettes portées dans des chaussures de ville. J'aime tout le reste. Signé: Jorge de West Palm Beach." "Je retrousse aussi mes jeans pour montrer un peu de cheville avec mes jolis mocassins." Et ainsi de suite...
Scott Schuman a titré sa photo: On the Street... Men Friends, London. Et, bien sûr, les correspondants commentent aussi la particularité de cette prise de vue. Ces deux hommes sont visiblement amis, mais qu'est-ce qu'amis signifie pour eux -- et pour nous? La langue française est coupable d'imprécision. Ces deux mecs diront-ils: "On est juste amis"? Ou: "C'est mon ami" [qu'on peut interpréter comme amant, mais pas assurément]? Ou: "Il est mon meilleur ami" [notre relation n'est pas sexuelle]? Pour indiquer l'amour qui les unit: "C'est mon petit copain"? Pour l'admiration mutuelle qu'ils se portent sans rien de plus: "Nous sommes grands copains"? S'ils sont inséparables: "On est comme cul et chemise" [et c'est pas forcément une histoire de cul]? Voilà pour l'ambiguïté d'une langue qui utilise amour à toutes les sauces: pour la relation sexuelle, pour le grand sentiment qui procure le frisson, pour l'altruisme, la dévotion, le patrio-idiotisme et toutes sortes d'attachements...
Commentaires des lectrices et lecteurs du blogue. "Cela me fait plaisir de voir qu'ils sont à l'aise dans ce type d'affection." "C'est bien qu'ils se sentent libres d'exprimer leur attachement de manière physique, comme le font les femmes." "La dernière fois que j'étais à Rome, j'ai vu un groupe de jeunes en course d'école et plusieurs garçons se tenaient par le bras en discutant, c'était adorable." "Dommage que les mâles américains ne sachent plus montrer l'affection qui les lie. On pense tout de suite "gay". Il fut un temps où c'était juste de l'attachement, rien de sexuel. Même les virils Écossais se tenaient par le bras en marchant." "En Italie, ces deux-là pourraient être hétéros, à Sydney c'est courant et ils sont amants, à New-York on dirait bromance." Un terme qui mérite explication. Composé de brother (frère) et romance, il signifie que les deux gars en pincent l'un pour l'autre, mais c'est une forme d'intimité homosociale, rien de sexuel, même si l'un des deux est gay. Bien qu'ignorant l'anglais, Aristote décrivait déjà le phénomène en 300 av. J.-C. en définissant l'amitié idéale comme celle qui désire avant toute chose la satisfaction de l'autre. Aujourd'hui, dans les jeunes générations et les milieux où l'on se fout bien d'être taxé de gay (ce qui compte, c'est que je sois confortable dans ma sexualité et que ma femme m'apprécie), les hommes peuvent de nouveau explorer les bienfaits des amitiés masculines; elles ne sont plus taxées de "particulières".
Ulysse