Le gars souriant (à droite) vient de perdre sa mitre et son
emploi d'évêque dans le diocèse de São José do
Rio Preto (État de São Paulo). Des photos le montrant à moitié nu ont
circulé sur les réseaux sociaux alors
qu'il se masturbait durant un échange vidéo avec un autre mec. Ce prélat avait déjà suscité une
enquête du Vatican concernant l'échange de messages sexuels avec un
adolescent en 2018. Tandis qu'en 2015, on l'avait accusé d'avoir puisé
dans la caisse de la paroisse pour récompenser son chauffeur avec qui il
avait probablement une relation romantique...
Un coming out en fin
d'adolescence et le choix d'une vocation laïque, aussi (ou plus) utile à
la société, éviteraient bien des tracas au clergé gay. En entrant dans les ordres, les religieux catholiques signent un
pacte avec l'adversaire. En effet, le Vatican oblige son clergé à la
continence totale. Or Dieu n'a probablement pas créé Adam pour qu'il n'utilise sa
verge qu'en pissant. À part le mariage (dit traditionnel) dans lequel
les partenaires peuvent apprendre à décliner l'amour dans la sexualité et
le soutien réciproque (expérience qui manque au clergé), le
catholicisme romain interdit l'amour
avant ou en dehors de cette union, ainsi que le contrôle des naissances, l'usage du
préservatif (permettant également d'éviter la transmission d'une palette
de maladies), le ministère pastoral des femmes etc., etc., sans oublier la bénédiction du mariage entre
personnes du même sexe.
Quand cette Église qui se croit seule au monde -- comme beaucoup
d'autres variantes du christianisme -- a-t-elle instauré la continence,
puis les ordres, puis son aversion envers l'homosexualité ? Vous pourrez
chercher longtemps dans l'immense fouillis de son histoire. Pourquoi
insister autant sur le célibat ? Parce que c'est, prétend-elle, un don
de Dieu qui permet à son clergé de s'unir au Christ sans partage. C'est
de l'homo religiosité dans la maison du pendu, car aucune autre
entreprise au monde ne régit autant d'employés gays. Réponse plus
terre-à-terre: le célibat empêche qu'à leur mort, les ecclésiastiques les plus fortunés (il y en a plus que vous n'imaginez)
n'aient d'autres héritiers que les caisses de l'Église.
L'Église romaine considère que Dieu ne peut pas bénir l'union entre deux personnes du même sexe car c'est un péché.
Même si la relation est stable et positive, elle se situe en dehors du
mariage traditionnel. Les mouvements en faveur du soutien des
LGBT+ se manifestent de plus en plus solidement parmi les catholiques
laïques. Elles et ils conçoivent des rituels originaux pour bénir les couples qui
le demandent. Comme l'exprime l'un des animateurs: "Le dentifrice est
sorti du tube, on ne peut plus l'y remettre." L'organisme Dignity USA
marie et bénit ce type d'union depuis une cinquantaine d'années. Sa
directrice déclare: "Nous sommes les témoins de la durabilité de ces
couples et du profond amour qui lie les partenaires. Ils restent
ensemble malgré le
rejet et le mépris de l'entourage." Elle ajoute: "Beaucoup de gens ne
saisissent pas combien l'Église est demeurée sourde aux progrès
de la société."
La
parole de Jésus reprenant un verset de l'Ancien Testament: "Tu aimeras
ton prochain comme toi-même" demande à celle ou celui qui veut bien
l'entendre: 1) d'apprendre à s'aimer sincèrement en acceptant aussi ses
propres faiblesses; puis 2) de considérer le prochain comme une personne
de qualité égale, aussi différente soit-elle. Certains développent cette
double capacité dans leur foi religieuse. D'autres y parviennent en suivant leurs
principes laïques. Oui, les Églises perdent de plus en plus de fidèles
parce qu'elles n'ont plus donné naissance à des réformateurs de la
classe de Luther. Et les alternatives sont nombreuses du côté des rites ou
spiritualités d'autres continents. Sinon, on laisse tomber en attendant Godot...
Mon
chemin spirituel m'a fait zigzaguer, tirer des bordées -- parfois
hilarantes, d'autres fois chiantes, finalement enrichissantes -- dans les
labyrinthes d'après Mai 68 et de l'engagement en faveur du mouvement de
libération gay. C'est là parfois, et par chance, que j'ai ressenti le
plus profondément le frisson du "prochain comme toi-même". Eh oui, alors
que nous étions à deux, à trois, voire à dix gars en train de nous
embobeliner en échangeant des caresses inestimables, généreuses, sans
calcul. Et que nous nous ressentions autant aimés qu'aimant, hors du
temps et de l'espace, dans la plénitude de la pleine plénitude. C'était
religieux, dans le sens de "toi tu es moi, et moi je suis toi", nous sommes
multitude en même temps qu'un.
L'allusion
ci-dessous fait référence au désert où Jésus s'était retiré pour
méditer et jeûner. Après d'autres propositions, le Tentateur l'avait
translaté sur une montagne pour lui faire voir les royaumes du monde,
lui disant: "Je te donnerai tout cela si tu te prosternes pour
m'adorer." Ce à quoi Jésus avait répondu le fameux Vade retro Satanas "Tire-toi de là Satan! Il est écrit: Dieu seul tu adoreras."
| Une garde-robe...
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| La tentation de Jésus dans le désert.
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| ...de travelo.
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Le cardinal américain Raymond Burke s'était opposé au port du masque,
ainsi qu'à l’obligation vaccinale,
prétendant que le vaccin contiendrait des micro-puces permettant à
l’État de
contrôler la santé du peuple. Il avait critiqué les
paroissiens qui ne croyaient pas que Jésus les protégerait du
virus. À l'heure où je rédige ce blogue, le cardinal se trouve sous
assistance respiratoire. Il a contracté le virus. Son entourage nous
demande d'intercéder "Our Lady of Guadalupe, St. Joseph, St. Juan Diego, and St. Rocco" en sa faveur.
| "Bénissez-moi car je ne porte pas le masque."
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| Pendant le repassage: 100 "Ave" et 100 "Pater".
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Durant sa carrière, Burke avait déclaré que "ceux qui souffrent de la
maladie qu'est l'homosexualité" ne devraient pas être autorisés à
"former une famille". Qu'il ne fallait pas donner la communion à des
législateurs pro-gays. Que les parents ne devraient pas laisser leurs
enfants approcher des membres gays de la famille. Sa
déclaration selon laquelle seuls "des hommes virils" devraient être
autorisés à entrer dans la prêtrise, ainsi que sa collection vestimentaire nous font
rigoler.
André