Bien avant Adam et Ève, nos ancêtres préhistoriques ont paré leur
nudité, pas forcément par pudeur, mais pour marquer leur appartenance à
un clan, effrayer leurs adversaires, se camoufler durant la chasse sinon
séduire. Ils disposaient de jus de fruits, de différentes terres, du
sang de leurs proies et des cendres du feu.
Au cours des âges et de l'évolution culturelle, la nudité s'est
installée dans les gymnases, par exemple en Grèce, et dans les bains,
thermes ou latrines. Ah, les chiottes publiques où les mecs causaient de
politique, de sport et de sexe avec leurs voisins -- tout en lâchant
leur crotte odorante -- elles sont remplacées aujourd'hui par les
bistrots.
À travers les siècles, les bains froids en rivière, lac ou mer ont
aguerri les sportifs et les guerriers. (Durant la plus tonique partie de
ma retraite j'ai nagé à poil au lac de février à novembre, dès que
Phébus m'y invitait.) Et, bien sûr, les bains de soleil ont complété le
programme.
La nudité fait horreur aux momiers et aux calotins. Regardez comment
s'accoutrent les clergés juifs, chrétiens et musulmans, de la tête aux
pieds ! Est-ce que tout ce falbala les rapproche de Dieu et de l'amour
du prochain ? Les premiers chrétiens baptisaient les croyants adultes --
pas les poupons -- par immersion dans la nudité totale, sans tabou
sexuel.
Aujourd'hui, le tatouage recouvre de très nombreuses peaux de manière
indélébile. Alors que ce marquage est en majorité harmonieux et chargé
de sens dans les sociétés traditionnelles, il enlaidit, caricature et
altère les corps occidentaux, même s'il comporte une raison, un message
important pour celle ou celui qui l'arbore. Alors, vive la peinture
corporelle qui elle n'est qu'un jeu passager qui fait bien rigoler !
André