jeudi 28 juin 2018

De la sueur et du stress dans les salles de bodybuilding à Kaboul




"De la musique indienne, un poster d'Arnold Schwarzenegger, des biceps saillants, des grognements et de la sueur," les salles de muscu sont nombreuses à Kaboul selon le correspondant de l'Agence France Presse. Le bodybuilding relève de la quête d'une autre virilité que celle des guerriers dans cette ville marquée par les incessantes menaces terroristes. Hares Mohammadi, 25 ans, étudiant en droit et sciences politiques soulève la fonte avec détermination. Puis il prend les poses traditionnelles pour souligner ses progrès en vue d'une compète. Même les talibans -- qui interdisaient la musique et détruisaient les postes de télévision durant leurs cinq années au pouvoir de 1996 à 2001 -- en autorisaient la pratique. Les sportifs étaient néanmoins contraints de porter un pantalon durant les entraînements.


Hares Mohammadi.





Aziz Arezo, 65 ans, légende du culturisme afghan, fut l'un des pionniers de la discipline. Dans ses jeunes années, "très peu de gens" connaissaient ce sport, raconte-t-il dans sa petite salle à Kaboul.
Les méthodes modernes de muscu le laissent de marbre. "Si vous faites du sport naturellement, c'est mieux que les protéines et les hormones qui sont nocives pour la santé", dit-il. "Avant de m'entraîner, je buvais du jus de banane et de carotte. Après l'effort, je prenais deux œufs, trois verres de lait, un bol de haricots et de lentilles". "Aujourd'hui, le bodybuilding n'est plus naturel".







Précédemment, les Afghans pratiquaient le varzesh-e palhalavani selon la tradition iranienne sur un sol de terre battue. C'est un sport collectif comprenant des épreuves physiques et de souplesse, ainsi que des rituels pour inculquer les qualités morales et les valeurs chevaleresques tels que le courage, l'abnégation et la fidélité aux valeurs islamiques.





"Le sport peut aider à réduire l'anxiété", analyse Ali Fitrat, professeur de psychologie à l'université de Kaboul, alors que les Afghans ont "souffert socialement, culturellement, financièrement et politiquement", notamment de "l'insécurité et des combats en cours" ou encore du manque d'emplois. La frustration sexuelle est aussi source de stress dans un pays conservateur où les hommes et les femmes n'interagissent que rarement. "Les gens n'ont pas accès au sexe. Poutant le sexe est un besoin" et l'incapacité à le satisfaire génère des tensions, souligne t-il. L'antidote que représente le culturisme est aussi menacé par la détérioration sécuritaire. Selon l'ONU, la capitale afghane est devenue l'endroit le plus dangereux du pays pour les civils. Depuis un an, on observe une recrudescence des attentats, généralement perpétrés par des kamikazes et tour à tour revendiqués par les talibans ou le groupe État islamique. Depuis le début de cette année, plus de quinze attentats ont frappé Kaboul, occasionnant des centaines de morts et de blessés. De nombreux sportifs limitent désormais leurs déplacements pour se protéger et ne peuvent plus participer à des épreuves avec d'autres athlètes asiatiques.







En 1970, j'ai pu me rendre à Kaboul par la route, depuis Peshawar au Pakistan, via l'historique Passe de Khaiber dont mon père me parlait souvent. C'était une autre époque. Depuis lors, l'Afghanistan a connu une guerre sans fin, en six épisodes. De 1979 à 1989, elle a opposé les Moudjahiddins, soutenus par les USA, au régime communiste afghan soutenu par l'URSS. Ensuite, la guerre civile a connu trois étapes, l'une jusqu'à la chute du régime communiste en 1992; la suivante jusqu'à la prise du pouvoir par les Talibans en 1996; la troisième jusqu'en 2001 où, prenant prétexte de l'attentat du 11 septembre, les troupes du 43e président des USA ont envahi à leur tour l'Afghanistan. Le nom de l'opération Infinie Justice fait honneur au grand poète et peintre qu'est baby Bush. Cela fait dix-sept ans que Washington et certains de ses alliés saccagent ce pays et excitent la colère de "terroristes" dont les victimes sont d'abord les Afghans, ensuite certains pays européens.

André







3 commentaires:

Xersex a dit…

très interessant!

Anonyme a dit…

J'ai lu article vieux de 10 ans dans lequel le journaliste racontait qu'il y avait un trafic de produits dopants dans les salles de musculations afghanes. Pour ne pas devenir fou à cause de la guerre, les hommes se plongeaient dans le culturisme.

Anonyme a dit…

Sous un poster d'Arnold Schwarzenegger tous muscles dehors, de jeunes Afghans soulèvent de la fonte dans une salle de culturisme de Kaboul, en rêvant de ressembler à leurs idoles, parfois à l'aide de produits dangereux. Durée: 01:54

https://www.youtube.com/watch?v=5WVZ69qGEIo