Au début du XXe siècle, l'inventeur de la psychanalyse Sigismund Schlomo Freud a imaginé son célèbre concept de l'envie du pénis; il l'attribuait aux Viennoises de la bonne société qu'il fréquentait. S'il avait côtoyé des sportifs dans les vestiaires, il aurait élaboré une théorie plus proche de la réalité et aurait permis une avancée importante de la notion d'égalité des sexes. Cette envie est plutôt ancrée chez les mâles et concerne le fait de convoiter une bite plus développée. Les femmes de cette époque ne connaissaient pas d'indépendance financière, elles avaient donc l'envie de la bourse [ou des bourses, à choix].
Aujourd'hui -- et c'est un grand progrès vers l'égalité des sexes [ou des genres, à choix] -- les mecs se sont libérés des problèmes de poils et surtout de chevelure. Finies les rares mèches qu'ils se collaient en travers d'un crâne en voie de calvitie. Enterrées les moumoutes (postiches) ridicules que les chauves endossaient. Le crâne rasé souligne un certain type de virilité; les chignons, les cheveux longs et la tresse ne sont plus l'apanage des hippies ou des gars efféminés. De plus, on y harmonise l'allure de la barbe, voire celle du poitrail. Libre à ceux que cela excite de tout raser, voire épiler -- vraiment tout sauf cils et sourcils -- de la tête aux orteils.
La langue française, est pauvre en vocabulaire, ce qui limite nos moyens d'expression. Lorsqu'on parle de sexe, veut-on signifier l'organe, la rencontre intime de deux corps ou la différence entre femmes et hommes? S'y ajoute le genre des mots. Pour nous machistes, il est normal que lune appartienne au genre féminin et soleil le plus brillant des astres au masculin. En allemand c'est le contraire... Pourquoi l'organe qu'on désigne vulgairement de con est-il de genre masculin alors que bite est au féminin ? Pensez aux anglophones qui veulent apprendre notre langue... Et en allemand, ils doivent en plus maîtriser le neutre: Mädchen la jeune fille est neutre, alors que Knabe le garçon est masculin !
Les bornes sémantiques de sexe et de genre ne sont pas identiques en anglais et en français. Dans ma jeunesse, lorsqu'on parlait de "mauvais genre" c'était pour caractériser des personnes vulgaires. Autrement le genre concernait le vocabulaire. Et voilà que les sciences sociales, plus avancées aux États-Unis qu'en France, débarquent avec un nouveau sens attribué au genre. Si j'ai bien compris, il serait étudié dans son rapport à des facteurs sociaux, culturels et économiques plutôt que seulement biologiques (sexualité). Ainsi, moi qui suis un mâle (et en suis pleinement satisfait), je suis comme les femmes "normales" attiré par les hommes (et en suis pleinement satisfait). Encore moins dans la norme, il existe des êtres qui, nés dans un corps sexué se sentent appartenir à l'autre sexe/genre et éprouvent le désir de changer physiquement pour entrer en harmonie avec eux-mêmes. D'autres qui n'appartiennent ni à l'un, ni à l'autre. Le genre alimente aussi la lutte féministe sur la situation encore inégale entre femmes et hommes.
Voilà ce que m'inspire la libération de la coiffure masculine qui n'est pas seulement représentée par le retour des échoppes de barbiers. Le combat essentiel des révélations de me/too -- dénonce ton porc, ainsi que la dénonciation encore trop timide des abus ecclésiastiques (de toutes religions) qui violent des religieuses, mais surtout des enfants et des adolescents, et la pandémie actuelle, ne devraient pas occulter ce petit signe de l'évolution masculine. Des mecs qui développent virilement leur part féminine méritent un coup de chapeau,
André
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