(Cette page a déjà été publiée en octobre 2017. Blogger vient de modifier les coulisses de fabrication de Blogspot. C'est tellement labyrinthique, inextricablement dédaléen et inutile pour arriver au même résultat que j'y perds des heures précieuses et mon calme. Cette mouture superflue sort probablement du cerveau de jeunes informaticiens fourvoyés dans le marketing, pauvre science de la vacuité contemporaine. Si je ne peux pas retrouver le chemin de la mouture précédente, j'abandonnerai à regret la publication de ce blogue commencée en 2008. Je n'ai plus l'âge de ces couillonnades.)
Les hommes, en moyenne, meurent plus tôt que les femmes. Dans la
classe ouvrière, cette différence est due à la dureté des travaux
professionnels, aux conduites à risque et à la réticence d'aller
consulter un médecin. La ténacité est considérée comme une vertu virile,
aussi bien au travail que dans les beuveries. L'écart scandaleux entre
les salaires des métiers physiques et ceux des cols blancs met les pères
de famille à rude épreuve; ils sont souvent obligés de renoncer à des
soins (par ex. dentaires) et d'accepter des heures sup pour équilibrer
leur budget.
Dans la classe moyenne, on constate de plus en plus de problèmes de santé mentale. On ne parle pas de dépression, c'est tabou, mais de stress et de burn-out pour sauver l'honneur. Il y encore beaucoup de progrès à réaliser dans l'attitude des mecs envers leur santé physique et mentale. Néanmoins, peu à peu, le machisme fait place à une virilité mieux ancrée dans la réalité et moins orgueilleuse. Les groupes d'hommes qui s'étaient développés au siècle dernier, sous la pression des épouses féministes, renaissent aujourd'hui dans des compositions différentes.
La première fois que j'ai participé à un "groupe d'hommes", c'était dans les années 1970, lors d'un week-end prolongé dans la campagne proche de Genève. La plupart des gars étaient des expatriés travaillant dans les organisations internationales. J'ai souvenir d'un cercle d'une trentaine de mâles, à peu près tous hétéros, assis en tailleur, à poil. Une seule femme siégeait parmi nous. Elle n'a pas quitté ses vêtements: c'est elle qui dirigeait le groupe ! À l'époque, les organisateurs n'avaient pas trouvé de coach mâle compétent.
Au programme: partage en petits groupes et divers exercices. Pour apprendre la confiance, un mec les yeux bandés se fait conduire par un voyant dans les cages d'escalier et à travers les parcs entourant la demeure. Pour apprendre à parler d'autres choses que de boulot, de foot ou bagnoles, un gars debout se déshabille lentement devant un autre assis par terre. Il doit fournir autant de détails que possible sur chaque pièce de vêtement avant de passer à la suivante.
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Dans pareille situation, une femme aurait raconté: "Cette petite culotte, j'ai fait cinq magasins pour la trouver" et expliquerait pourquoi (forme, couleur, textile, etc.) À l'époque, sauf pour moi, la réponse standard était: "ma femme achète mes slips." Mais on demandait de creuser le sujet. Alors, un peu confus, le pauvre gars finissait par expliquer pourquoi il avait passé du calcife informe au Jockey avec ouverture en porte-feuille et poursuivait avec des aveux concernant le rapport à sa bite, sujet qu'on n'abordait pas à l'époque, même avec un proche.
Discussion en groupe à quatre. Le thème: quand et comment j'ai commencé à me masturber. Une thématique embarrassante il y a un demi-siècle. Les plus courageux enchaînaient sur leurs difficultés conjugales et les branlettes à la hâte sous la douche, lorsque Madame avait "mal à la tête". Puis plongeaient dans les problèmes du couple et découvraient que les autres aussi traversaient des crises profondes. Constat difficile entre hommes qui avaient commencé le week-end avec un sourire vainqueur.
Quelques groupes d'hommes ont survécu à cette époque. Aujourd'hui, les entreprises organisent des stages de défi pour rendre leurs cadres plus combatifs (ils disent "agressifs" parce que l'esprit guerrier est partout). Les groupes d'entraide -- à valeur thérapeutiques -- offrent la possibilité de soigner les dépendances, de parler des abus subis durant l'enfance, des souffrances du divorce, du stress professionnel et des problèmes de bite molle (impuissance, par ex. à la suite d'un cancer de la prostate). Les LGBT aussi ont l'occasion de parler des angoisses et de la tentation du suicide vécues avant leur coming out. Des accouchements douloureux qui débouchent sur une délivrance. Et c'est la découverte du soutien reçu grâce au groupe. Il permet -- aussi bien aux taiseux de la classe ouvrière qu'aux orgueilleux des bureaux -- d'évoluer vers plus d'assurance et de liberté.
André
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Post-scriptum concernant la situation politique actuelle
sur plusieurs continents
"Il faut souvent changer de politiciens, c'est comme les langes et pour la même raison." -- Mark Twain. |