dimanche 25 février 2024

Un patron de sauna chanteur d'opéra, ni gay, ni hétéro...





Dans mon blogue du 14 janvier où il était question de gays envahissant des auberges chrétiennes, j'ai évoqué le sauna new-yorkais The Continental Baths où j'avais vu une chanteuse interpréter des airs de Jacques Brel en anglais. Steven Ostrow, le créateur de cet établissement, est mort le mois dernier à l'âge de 91 ans. Sa carrière avait commencé sur les planches en tant qu'acteur et chanteur d'opéra. Voici comment comment cet homme marié se définissait: "Je ne suis ni gay ni hétéro, pas bisexuel ni asexuel. Je suis un être sexué et j'ai couché avec des gens parmi les plus beaux au monde; sans le cacher à qui que ce soit, ni à mon épouse, ni à ma famille."







Ostrow a ouvert son sauna en 1968 avec l'intention d'en faire un lieu soigné et sûr, le contraire des établissements de l'époque. Et il a attiré non seulement une large clientèle, mais de nombreux artistes qui sont devenus célèbres grâce à l'auditoire homo. Six mois après l'ouverture, il a connu ses premières descentes de police. De beaux flics se présentaient en civil et louaient une cabine. Ils se rendaient dans le hammam et attendaient qu'un mec les empoigne. C'est alors qu'ils sortaient les menottes cachées sous leur serviette et arrêtaient tous les clients.











Selon Ostrow, son établissement a été perquisitionné au moins 200 fois. Les clients s'y sont habitués car le patron allait les tirer d'affaire au commissariat. Les pots-de-vin facilitaient ces opérations. Et puis la situation des homosexuels face à la société, aux autorités et aux lois s'est peu à peu détendue. De plus en plus de clubs s'installaient légalement. Finalement, le Continental n'a plus rempli son rôle innovateur et a été fermé en 1976.







Le plus étonnant c'est qu'il y avait de plus en plus de clients pas du tout intéressés parce que nous recherchons dans la vapeur et les cabines des saunas. Par exemple Alfred Hitchcock qui venait en observateur, nageait dans la piscine et repartait. La liste est longue des vedettes célèbres comme Andy Warhol, Mick Jagger ou Rudolph Nureyev qui ne cherchaient pas à tirer un coup ni à se faire reconnaître. Alors que Bette Midler, Barry Manilow et beaucoup d'autres venaient régulièrement chanter.

André











dimanche 11 février 2024

De l'honneur à l'horreur : les décorations multiples du corps








Bien avant Adam et Ève, nos ancêtres préhistoriques ont paré leur nudité, pas forcément par pudeur, mais pour marquer leur appartenance à un clan, effrayer leurs adversaires, se camoufler durant la chasse sinon séduire. Ils disposaient de jus de fruits, de différentes terres, du sang de leurs proies et des cendres du feu.






Au cours des âges et de l'évolution culturelle, la nudité s'est installée dans les gymnases, par exemple en Grèce, et dans les bains, thermes ou latrines. Ah, les chiottes publiques où les mecs causaient de politique, de sport et de sexe avec leurs voisins -- tout en lâchant leur crotte odorante -- elles sont remplacées aujourd'hui par les bistrots.







À travers les siècles, les bains froids en rivière, lac ou mer ont aguerri les sportifs et les guerriers. (Durant la plus tonique partie de ma retraite j'ai nagé à poil au lac de février à novembre, dès que Phébus m'y invitait.) Et, bien sûr, les bains de soleil ont complété le programme.











La nudité fait horreur aux momiers et aux calotins. Regardez comment s'accoutrent les clergés juifs, chrétiens et musulmans, de la tête aux pieds ! Est-ce que tout ce falbala les rapproche de Dieu et de l'amour du prochain ? Les premiers chrétiens baptisaient les croyants adultes -- pas les poupons -- par immersion dans la nudité totale, sans tabou sexuel.


Aujourd'hui, le tatouage recouvre de très nombreuses peaux de manière indélébile. Alors que ce marquage est en majorité harmonieux et chargé de sens dans les sociétés traditionnelles, il enlaidit, caricature et altère les corps occidentaux, même s'il comporte une raison, un message important pour celle ou celui qui l'arbore. Alors, vive la peinture corporelle qui elle n'est qu'un jeu passager qui fait bien rigoler !

André