Le Musée olympique -- vitrine du très corrompu Comité
international olympique -- attire des touristes du monde entier à
Lausanne, au bord du lac Léman (Lake Geneva,
Switzerland). Un zoo aquatique va lui faire concurrence. Aquatis, le "plus grand
aquarium-vivarium d'Europe", ouvre ses portes au public
aujourd'hui samedi -- en l'absence d'une partie des 10'000
pensionnaires annoncés. C'est un peu comme si la Philarmonie de l'Elbe, à Hambourg, avait été
inaugurée en présence de ses invités, dans la
salle de concerts, sans que l'orchestre ne soit présent le 11 janvier
dernier. On attendait ce jour depuis 7 ans...
À Aquatis aujourd'hui, le public découvrira plusieurs aquariums et vivariums
vides ou presque, ainsi que des animaux pas encore acclimatés qui se cachent et des
ouvriers attelés aux finitions. Tout cela sous la direction d'un groupe
qui a cessé d'investir dans des établissements pour
personnes en fin de vie [dits "résidences médicalisées"] afin de se
développer dans l'hôtellerie et le thermalisme humain. On verra si sa
nouvelle pompe à fric, le thermalisme bestial, répondra à ses
attentes...
Voici les raisons de mon ton persifleur. Aujourd'hui, on n'a plus besoin de mettre des animaux en prison pour les voir de près. Des documentaires remarquables nous permettent de connaître leur vie et de découvrir leur forme d'intelligence. Ces films ne sont plus bidonnés comme au temps de Disney et Cousteau. Et la présence d'une équipe de tournage discrète les dérange moins que le défilé des visiteurs qui collent leur nez et leurs doigts contre l'aquarium. Mais surtout, la sensibilité humaine a changé vis-à-vis de nos colocataires sur cette planète.
Lorsque j'étais enfant, le zoo du cirque suisse présentait "des indigènes", un groupe de femmes et d'hommes venus d'Afrique. Une autre année, des liliputiens -- gens de très petite taille au corps proportionné dont on ne parle plus aujourd'hui. Ils disaient "la bonne aventure". J'ai aussi vu un gorille mélancolique assis toute la journée derrière une vitre, dans une roulotte étroite. En 1964, la girafe célibataire qui faisait du gringue à son gardien. Les fauves aussi, qui tournaient nerveusement dans leurs cages en attendant la représentation et le saut à travers le cercle de flammes. Même les éléphants ne sont plus du voyage; c'est heureux, et pourtant ils me manquent.
L'animal artiste de spectacle, l'animal élevé dans des conditions de servitude pour nous repaître de sa chair: les êtres humains y consentent de moins en moins. Aussi parce que ces traitements mettent l'équilibre de la planète en danger. En ce qui me concerne, la prise de conscience est venue graduellement. Par l'information. Par un changement intérieur graduel venant d'une perception plus claire de la vie autour de moi et des messages non verbaux qui s'échangent naturellement entre tous les éléments vivants. Si les arbres communiquent entre eux de différentes manières -- comme on le découvre actuellement -- ils nous transmettent aussi des messages et reçoivent les nôtres. Alors, combien plus les animaux, chacun selon les moyens que lui ont offert l'évolution des espèces !
André