dimanche 27 novembre 2022

Énormes muscles et cache-sexes, sinon perspectives individuelles ?





Est-ce que vous contemplez d'abord le volume des muscles ou l'exiguïté du cache-sexe ? Ou diriez-vous que presque dévêtu, c'est encore plus excitant que totalement nu ? Le proverbe d'Aristote le plus cité affirme: "qui peut le plus peut le moins". À son époque, les jeunes athlètes s'exerçaient à poil dans des gymnases où seuls les hommes avaient accès. Et beaucoup de moins jeunes venaient les contempler, comme on se rend au bistrot pour suivre un match en buvant un verre et bénéficiant de la mâle camaraderie des autres supporters.


En fait, le philosophe grec Aristote (384-322 avant notre ère), l'un des grands penseurs du monde à son époque, ne pointait pas les minuscules triangles avec son proverbe. Il expliquait qu'une personne capable d'accomplir des boulots difficiles l'est aussi de mener à bien des besognes plus simples. Or il faut une volonté d'airain aux bodybuilders de haut niveau, un besoin insatiable de se faire valoir et d'outrepasser les concurrents pour accéder à la compétition où l'on s'exhibe dans des poses codifiées. Que cherchent-ils à tenir secret derrière leurs muscles et leur cache-couilles ?







On n'atteint l'hypertrophie culturiste qu'en suivant un programme de dopage hormonal parallèlement à l'exercice intensif. Le dopage des bodybuilders accroît leur capacité à supporter l'effort et favorise la récupération. Quant aux effets négatifs des substances qu'ils ingurgitent, ils vont -- en fonction des dosages -- de la baisse de la production normale de testostérone [aïe !] à une possible atrophie des couilles [oh !], jusqu'au danger d'infertilité et de gynécomastie (l'amplification des seins). C'est pourquoi certains cache-sexes sont minuscules.




Quelles sont les raisons pour lesquelles des bodybuilders consacrent tant de temps, de force physique et mentale à se réfugier dans une identité toute faite ? Demandez-vous pourquoi les partisans de Trump, pourquoi les fondamentalistes protestants ou mahométans, les prêtres et les moines de toutes religions, les influenceuses et les drag-queens, les anti-vaccins, les revendicatrices/teurs de tous poils, les râleurs des réseaux sociaux et les autres intégristes se précipitent dans des mouvements et des comportements d'imitation. Au lieu d'explorer qui elles/ils sont réellement et trouver leur propre liberté. 



Dans une interview récente, Sidi Larbi Cherkaoui, le chorégraphe actuellement à la tête du ballet du Grand théâtre de Genève, a expliqué comment il cherche à "réconcilier ce qui peut l'être". Il s'explique: "Il m'a été très difficile de grandir en Belgique en tant qu'Arabe à la peau blanche et homosexuel. Je n'étais dans aucune norme." Et en plus danseur ! "L'idée est d'admettre la blessure plutôt que de la cacher. Avec le temps -- le temps est magique -- elle apporte de nouvelles perspectives qui nous renforcent. Les moments difficiles peuvent ainsi être fondateurs de quelque chose de nouveau." 

André












































































dimanche 20 novembre 2022

Pouvons-nous dépasser les obstacles actuels qui nous paralysent ?














Je viens de lire que la moitié des hommes entre 40 et 70 ans souffrent de difficultés érectiles. En tant que vieux couillon de 86 ans, je ne serais donc pas concerné ! C'est à peu près vrai. Deux fois veuf, je suis pourtant considéré comme célibataire: nous ne pouvions pas nous marier à l'époque de mes grandes amours. [Oui, en français, amour, délice et orgue sont féminins au pluriel, comme si les mecs n'y avaient pas droit !] Ma passion amoureuse s'est successivement  portée vers deux gars dont l'un a été tabassé à mort et l'autre terrassé par un cancer. Ces désastres, et d'autres, -- j'ai connu la 2ème guerre mondiale à distance, ai participé à la lutte contre le sida -- ont rendu ma vie encore plus précieuse.

 



En Europe de l'ouest, les conséquences de l'éco-anxiété, de deux pandémies, puis de la guerre rendent la vie des jeunes hommes très difficile. Pertes d'emploi, études perturbées, relations amicales et amoureuses contrariées: tout cela peut occasionner de l'anxiété, une perte de tonus, voire une dépression et des difficultés érectiles. Or l'impuissance masculine -- même passagère -- entraîne un sentiment de honte, alors qu'elle devrait être simplement considérée comme une maladie. Bien sûr, elle empêche la pratique d'une sexualité exploratoire, si importante durant la jeunesse. Et à cause de cette gêne, les gars retardent le moment d''aller consulter un médecin ou un psy.


On constate depuis quelques décennies une baisse de la fertilité du sperme. Quant à l'étude de l'impuissance masculine, elle figure déjà dans le papyrus égyptien d'El-Lahoun datant d'environ 2000 avant notre ère. Selon ce traité de médecine, l'homme qui est incapable d'accomplir l'acte sexuel doit être soigné, soit avec des médicaments naturels, soit par envoûtement. Les médicaments sont composés de pommades à base de plantes, fruits, minéraux ou de produits animaux. Eh oui, aujourd'hui, on est en train de retrouver des recettes semblables, soit en comprimés, soit via le comportementalisme.


Revenons au 21e siècle. Une autre maladie très contagieuse se manifeste. Celle des gens qui nient la réalité des catastrophes annoncées, qui n'ont rien à foutre de la famine dans les pays du sud ni de l'avance des virus, car ce ne serait qu'une invention de gouvernements despotiques. "Avec moi, ce qui se passe en Ukraine ne serait jamais arrivé" déclarait l'autre jour Donald Trump. Sous-entendu, si vous m'élisez président, vous pourrez continuer votre petite vie pépère comme si de rien n'était. Putain de merde ! Je reviens à mes expériences. Comme beaucoup d'humains, j'ai connu des moments difficiles durant ces 86 années.




À l'âge de 7 ans, j'ai appris que mon père avait eu une première épouse avant ma mère. Cette femme très dépressive s'était suicidée au gaz, entraînant leurs deux enfants dans la mort. Personne n'a accompagné le petit garçon que j'étais dans la compréhension et l'assimilation de ce drame. À partir de cette révélation, j'ai commencé à douter des enseignements religieux que je recevais quotidiennement... Le jour du dernier soupir de mon compagnon tabassé, un camarade que j'aimais comme un frère est mort du sida. Personne, dans mon entourage proche, ne m'a serré dans ses bras. Plus tard, un autre copain atteint du sida que j'avais accompagné durant trois ans s'est suicidé. Ensuite, mon nouvel amoureux, auprès duquel j'imaginais vivre jusqu'à ma fin, est mort d'un cancer.





Le milieu religieux dans lequel j'ai été élevé était lourdement homophobe. En revanche, je n'ai jamais été insulté par mes camarades à l'école ou à l'université. À l'époque, on imaginait que les "pédés" se recrutaient parmi les artistes. Dans les années 1970, je me suis engagé avec d'autres gars à lutter en faveur de notre égalité. Dans les entreprises où j'ai travaillé, les supérieurs étaient suffisamment tolérants pour respecter mon engagement dans le milieu "pédé", devenu "gay", puis LGBTQ+, puis "queer". Je m'affichais de plus en plus dans les médias et j'ai subi des attaques. Or, l'avantage de ne pas fonder une famille, c'est de ne pas lui faire subir vos emmerdes...








Le moteur qui m'a permis de dépasser les épreuves se nomme résilience, soit la capacité de retrouver l'équilibre et de me développer en dépit de l'adversité, voire grâce à elle. Cette résilience m'a appris à devenir l'auteur de ce que j'en faisais. Un don que j'ai reçu de mon père à la naissance. 

André







Un mari pour la vie.