vendredi 27 mars 2020

Comment vivent et que désirent les nudistes en confinement



Leur mantra c'est "Sleeping Naked is so sexy !" -- c'est tellement sexy de dormir nu ! Je me suis rendu entre autres sur le forum de nudistes Nude Sleepers pour savoir comment ils font face à la pandémie actuelle. Je me suis aussi intéressé aux échanges de ceux qui désirent travailler à poil lorsque le confinement sera aboli. En voici le résumé.




Après la pandémie, il faudra que je trouve un emploi où je pourrai travailler à poil. Cela m'est venu comme un besoin absolu après ma première semaine de confinement à la maison: je suis un animal sauvage et on doit me respecter, c'est ma nature. Suggestions ? Chantier de construction, chauffeur de camion, travail à la ferme, employé dans un lieu naturiste ? Quelles sont vos expériences ?



Avec le confinement, je suis obligé de faire du télétravail. J'en profite quand ma femme va travailler à l'hôpital trois fois par semaine. Je sais, ça ne répond pas à votre question.



Si la société était moins puritaine, on pourrait travailler à poil dans de nombreuses situations. Par exemple dans les bureaux qui ne sont pas ouverts au public, où les contacts ont lieu par téléphone. Mais comme je suis pompier, je me mettrais en danger si j'allais combattre le feu à poil. Pour une inondation, ce serait différent...


Je me lève chaque matin avant 5 h. pour aller traire mes vaches. Elle ne me connaissent pas autrement que nu, sauf en hiver. Deux heures plus tard je retourne au lit pour un petit somme. Après, je fais de l'entretien chez un copain, remise en ordre d'un chemin, pendant que ma femme livre le lait et fait sortir le bétail. Le copain est naturiste comme moi, alors c'est cool. On est assez loin de la route pour voir venir et enfiler un short. Le copain m'a aidé à faire les labours. On n'est pas des pervers, on produit une nourriture saine pour les citadins qui coupent la circulation de leurs énergies avec cravate et ceinture.




Combien de temps avant de devoir s'habiller pour aller faire des courses parce qu'on n'a plus de provisions ?


Un des avantages du monde moderne, c'est de passer commandes par l'internet. Et avec la pandémie, ils déposent les course sur le palier et s'en vont avant qu'on ouvre la porte. Pas besoin d'enfiler un pantalon.



Plusieurs collègues chauffeurs qui opèrent des longues distances à deux se foutent à poil et s'étendent sur la couchette pendant que l'autre conduit. Ils jouissent du paysage, mais personne ne peut les voir du dehors sauf quand ils sont à l'arrêt et qu'un mec approche du véhicule à pied.





Je profite de la situation actuelle pour bricoler dans mon jardin. Mes enfants étudient avec leur mère, puis viennent m'aider. On économise la poudre à lessive: plus d'habits dans la machine depuis 15 jours, seulement des draps et des serviettes.


On n'est plus que deux au bureau, les autres travaillent à domicile. J'en ai profité pour initier le collègue au naturisme. D'abord, cela l'a étonné, il pensait qu'on ne le pratiquait qu'à la plage. Il a découvert la sensation de liberté que cela procure d'avoir les boules à l'air.



J'ai quitté un emploi pour devenir indépendant et ai loué un studio où je me rends chaque matin pour travailler. Comme je suis en relation avec des professionnels dans un pays lointain, je dois tenir compte du décalage horaire et me lever vers 4 h. Je saute du lit, prends une douche, me brosse les dents et hop dans ma voiture. Je suis nudiste et n'enfile qu'un t-hirt. Je me gare près de la porte de l'immeuble où je travaille, monte l'escalier sans rencontrer personne. Pourtant un jour, un gars qui arrosait son jardin de bon matin m'a crié par-dessus la barrière: "Très beaux pantalons !" Je l'ai salué et suis entré dans la maison. Un peu plus tard, alors que je prenais un café dans le bar au bas de l'immeuble, j'ai vu le gars qui m'avait salué. Il était en train de parler de mon "pantalon". Et j'ai découvert que ces gens m'avaient tous observé une fois ou l'autre depuis leur balcon. J'ai demandé à une femme qui buvait son café si cela l'avait choquée; elle a répondu: "Je me régale..."



Je travaille à mi-temps comme modèle dans une académie de peinture pour amateurs. La nudité fait partie de mes obligations professionnelles !

https://webmail.romandie.com/wmm/beandispatcher/attachment?id=SU5CT1gvLy8xNDQyOQ==&a=ZGVwZXVyc2luZ2UtYW5kcmVAcm9tYW5kaWUuY29t&AFIndex=MS4y









dimanche 22 mars 2020

Ce que pourraient faire les gars privés de sorties par la pandémie




Cela rappelle l'adolescence et un père péremptoire qui déclare: "Tu seras privé de sorties jusqu'à la fin du mois prochain." Papa Pandémie... Parmi le bataillon gay et bi, il se trouve de nombreux gars plus ou moins célibataires qui comptent sur les sorties en boîte ou chez des copains pour activer leur vie sociale. Que vont-ils faire enfermés chez eux ? Se gaver de séries TV, (re)lire Proust de A à Z, danser devant leur écran avec les stars, paniquer ou niquer en cuisine, sinon se branler jusqu'à mettre le feu à leur bite ? Putain de merde réfléchissons un peu...



La télévision retransmet de nombreux concerts, du théâtre, des opéras. Youtube offre de quoi nous développer dans tous les domaines. Et lorsqu'on s'intéresse à une matière, les algorithmes nous bombardent de propositions pour la développer. Le confinement actuel, aussi tragique soit-il, nous offre l'occasion de retrouver une ancienne passion abandonnée faute de temps, d'amplifier notre ouverture au monde tel qu'il évolue, de découvrir de nouveaux sujets d'étude. De rêver à des voyages intérieurs.


Or il se trouve que la pandémie se développe parallèlement à une confluence rare de trois planètes. Je ne m'y connais pas en astrologie, mais j'ai pu tester l'honnêteté et la précision des analyses de Rob Brezsny dans Free Will Astrology qui figure sur la toile. Jeudi dernier, il écrivait: "Tirez profit de cette crise pour mieux comprendre combien nous sommes profondément connectés les uns avec les autres. Tirez-en profit en améliorant la manière dont vous prenez soin de vous-même, des personnes que vous aimez et du monde autour de nous."




Dans le blogue de samedi 7 mars dernier, je mentionnais le contact que j'entretiens avec mon Esprit Allié (dans l'autre monde) au moyen de l'écriture (canalisation). Il m'avait déclaré: "2020 est l'année du début de beaucoup de changements qui bouleverseront le monde pour l'amener finalement à la guérison." Il a ajouté depuis: "La pandémie incite les humains qui y réfléchissent à revenir à l'essentiel. C'est le but des communautés qui se forment maintenant pour assurer l'avenir de votre planète et de ses occupants -- ceux qui se déplacent sur deux ou quatre pattes, sur quatre pneus ou sous deux ailes, en rampant ou en nageant, ainsi que la végétation tant malmenée." Oui, ce cruel virus pourrait devenir le catalyseur des activités positives qui émergent autour du globe.

André































mardi 17 mars 2020

Thomas Mann rencontre la beauté d'un ado et l'épidémie à Venise










Dans sa nouvelle La Mort à Venise (Der Tod in Venedig) publiée en 1912, le grand romancier allemand Thomas Mann décrit le voyage de Gustav von Aschenbach de Munich à Venise, ville en proie à une épidémie de choléra. Dans un hôtel du Lido, le cinquantenaire tombe sous la fascination d'un adolescent polonais en vacances avec sa mère et ses soeurs. Le jeune Tadzio est d'une beauté à la fois apollinienne et dionysiaque qu'a su rendre Luchino Visconti, dans son film du même nom, en choisissant l'acteur suédois de 14 ans Björn Andrésen.




(Cette vidéo est un peu lente et traînante, mais le virus actuel nous incite à la patience...)

Nous disposons du témoignage étonnant de Katia Mann, épouse de l'écrivain. "Tous les détails figurant dans la nouvelle [...] sont empruntés à la réalité. Dans la salle à manger, le tout premier jour, nous avons vu une famille polonaise telle que mon mari l'a décrite: les filles habillées d'une manière assez stricte, sévère, et le charmant, ravissant jeune garçon d'environ treize ans vêtu d'un costume marin avec un col ouvert et de jolis rubans. Il a aussitôt attiré l'attention de mon mari. Ce garçon était extrêmement séduisant et mon mari ne cessait de le regarder en compagnie de ses camarades sur la plage. Il ne l'a pas suivi à travers tout Venise -- cela, il ne l'a pas fait -- mais le garçon le fascinait vraiment, et il pensait souvent à lui... Je me rappelle encore que mon oncle, le conseiller privé Friedberg, célèbre professeur de droit canon à Leipzig, était indigné: "Quelle histoire ! Un homme marié et père de famille, en plus ! [disait-il]."





Le jeune garçon polonais que décrit Katia Mann s'appelait en réalité Wladyslaw Moes et sa mère la baronne, interprétée dans le film par la merveilleuse Silvana Mangano, le surnommait Wladzio. "Dans la nouvelle, raconte-t-il,  j’ai tout retrouvé exactement décrit, jusqu’à mes vêtements, ma façon de me comporter -- bonne ou mauvaise -- et les blagues salaces que je faisais avec mon ami sur le sable. On me considérait comme un enfant très beau. Les femmes m’embrassaient quand je marchais le long de la promenade. Certaines d’entre elles faisaient de moi des dessins et même des peintures. Mais dans mes souvenirs, tout cela me paraissait sans importance. J’avais ces manières adolescentes que montrent les enfants trop gâtés."



En 1922, Thomas Mann fait partie des personnalités allemandes qui ont eu le courage de signer la première pétition pour l'abolition de l'article 175 du Code pénal allemand condamnant les relations homosexuelles entre personnes adultes. Père de six enfants, écrivain défenseur des valeurs bourgeoises, opposant au régime nazi, Mann n'a probablement jamais passé à l'acte, malgré les beaux garçons dont il s'est parfois entouré. La Mort à Venise exprime les angoisses d'un homme aux prises avec ses propres démons. En 1936, alors qu'il vivait en Suisse, il fut déchu de sa nationalité allemande à cause de ses positions politiques. Il s'exila aux États-Unis où il retrouva plusieurs artistes allemands. En 1952, il s'est de nouveau installé en Suisse où il est mort et fut enterré trois ans plus tard près de Zurich.



Thomas Mann était le frère de l'auteur Heinrich Mann et le père des écrivains Erika et Klaus, de l'historien Golo et du musicien Michael Thomas. Erika fut aussi journaliste et actrice, la compagne de plusieurs femmes dont Annemarie Schwarzenbach. Elle n'a jamais vécu avec son mari, le grand poète W.H. Auden qu'elle avait épousé pour obtenir la nationalité britannique. Après la Seconde guerre mondiale, Erika et Klaus furent l'objet d'une enquête du FBI au sujet de leurs opinions politiques et de rumeurs concernant leur homosexualité. C'est en 1949 que Klaus Heinrich Thomas Mann s'est suicidé à Cannes. Il avait quitté l'Allemagne lors de l'arrivée des Nazis au pouvoir, était devenu citoyen tchécoslovaque, puis avait pris la nationalité américaine en 1943 et s'était engagé dans l'armée. Dépressif et toxico, il n'était pas arrivé à se faire une place à son retour en Europe. Dans cette famille trop douée, la mort ne fut pas qu'à Venise !

André