samedi 29 juin 2019

Stonewall : petit pas pour les hétéros, pas de géant pour les LGBT




Ce week-end marque le cinquantenaire de la révolte des travestis et des gays dans un bar de Greenwich Village à New York, en juin 1969. Comme ils en avaient l'habitude des flics avaient organisé un raid dans le but de tabasser et arrêter un maximum de clients, puis de les emmener au commissariat. Mais ils se sont trouvés face à des gars résolus à se défendre et la scène s'est répétée les soirs suivants. Les émeutes du Stonewall Inn -- un établissement aux mains de la mafia -- ont marqué symboliquement le changement d'attitude des homosexuels face à la société qui les méprisait et persécutait.



Au cours des années, la lutte s'est généralisée à tout l'assemblage des LGBTQI et à d'autres pays occidentaux. Les États-Unis étaient le théâtre de plusieurs conflits sociaux parallèles: les manifestations contre la guerre du Vietnam et celles des mouvements pacifiques, la lutte contre la ségrégation raciale, l'émergence de contre-cultures. L'Europe était plongée dans la suite de Mai '68. À travers le monde, peu de cafés, de bars de dancings et d'hôtels nous accueillaient ouvertement et pacifiquement, nous les "pédés" qui allaient devenir les "gays".



À la suite des émeutes de Stonewall, les gays et les lesbiennes ont peu à peu franchi les étapes de l'organisation de groupes pour prendre en main leur destinée, organiser leur combat en faveur d'un traitement égal par la société et du décret de lois établissant nos droits. Ces actions militantes demandaient un courage certain et pouvaient entraîner toutes sortes de désagréments à celles et ceux qui se manifestaient en public. Des publications mensuelles sont nées pour appuyer le mouvement et éduquer les personnes concernées. Et les premières marches des "fiertés" ont fait connaître notre lutte à un plus large public.


Mia Farrow a déclaré que les enfants étaient plus en sécurité dans une gay pride que dans une église.

Parmi nos ennemis les plus pernicieux, on peut compter l'Église catholique romaine, les Communautés protestantes dites évangéliques, les Orthodoxes, les mosquées et les synagogues. Lorsque l'épidémie du sida nous a foudroyés, ils ont imaginé que c'était l'oeuvre de leur dieu et qu'il allait nous exterminer jusqu'au dernier. Pour collaborer à ce massacre, les uns ont interdit l'usage du préservatif à leurs fidèles, d'autres ont publié une étude "scientifique" fake selon laquelle les préservatifs étaient poreux et laissaient passer le virus. Eh lecteur, regarde le défilé ci-dessus ! Ces travelos en dentelles se prétendent les descendants des apôtres, auquel Jésus a recommandé, alors qu'Il les envoyait en mission: "Ne vous procurez ni or, ni argent pour vos ceintures; ni besace pour la route, ni deux tuniques, ni sandales, ni bâton..." (Mt 10.9)



Je n'en ai pas fini avec ces couillons. Tous, de n'importe quelle religion qu'ils fussent, ont couvert des crimes commis dans leurs confraternité: l'abus et le viol de femmes, mais surtout d'enfants. On en découvre encore tous les jours. De plus, beaucoup de nos soeurs et de nos frères LGBTQI se sont réfugiés dans ces communautés pour éviter de faire face à leur orientation sexuelle. Et, sauf quelques-un/e/s, elles/ils ne sont jamais sortis du placard pour nous soutenir lorsque leurs dignitaires nous attaquaient; et ne sont pas intervenus pour faire cesser les viols. Autre parole de Jésus: "Si quelqu'un devait abuser l'un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui que l'on suspende à son cou l'une de ces meules que tournent les ânes et qu'on le précipite au fond de la mer. Certes, les scandales sont inévitables, mais malheur à l'homme qui les cause." (Mt 18.6)




Every man has a place, in his heart there's a space,
And the world can't erase his fantasies
Take a ride in the sky, on our ship fantasii
All your dreams will come true, right away
And we will live together, until the twelfth of never...



Dans un discours prononcé en novembre dernier, Barack Obama a déclaré en substance combien c'était excitant d'avoir devant nous l'occasion de transformer le monde, car il en a très besoin. C'est une lourde tâche, mais quel défi d'y participer ! Parce qu'il y a mille ans, ou même 150, nous n'aurions pas eu cette possibilité. "Avant votre naissance, vous ne saviez pas ce que vous alliez être: Noir ou Blanc, femme ou homme, hétéro ou gay. C'est une fois sur cette terre que l'on choisit ce que l'on va faire avec ce que l'on a. Go, remake the world, it badly needs remaking."


Une soirée mousse à Lausanne.

Depuis Stonewall -- et l'année où un homme a marché sur la lune -- la violence officielle et privée contre les LGBTQI a changé. Elle a diminué dans les pays où elle est clairement condamnée, mais elle a aussi été officialisée là où les gouvernements utilisent le racisme et l'homophobie pour se faire élire. Aux États-Unis, dans les régions évoluées, l'opinion publique est devenue plus favorable aux lesbiennes et aux gays; la haine s'est déplacée vers les personnes transgenre. Un maire démocrate gay et marié à un mec se profile parmi les futurs candidats à l'élection présidentielle. Et les cas de violence qui vont jusqu'au meurtre ne sont plus passés sous silence. Les lieux où les gays se rassemblent sont devenus des mines d'or et le mariage entre personnes du même sexe est accepté, sauf par les pâtissiers très croyants.




À l'arrivée du sida, ceux des activistes qui vivaient encore ont craint qu'il faille repartir à zéro dans le combat en faveur de l'égalité. Après un passage difficile, nous avons ressenti le soutien de la population éclairée. Des aides financières officielles ont permis de lutter contre la diffusion de la maladie. Peu à peu, les familles qui avaient abandonné leur malade ont pris exemple sur les camarades "pédés" qui les veillaient et ont changé d'attitude. Les militants gays ont aussi montré l'exemple en prenant position contre le comportement autoritaire des médecins, ce que les patients souffrant d'un cancer et leur entourage n'osaient faire.




At first I was afraid, I was petrified...
And I grew strong
And I learned how to get along...
Did you think I'd lay down and die ?
Oh no, not I, I will survive...



Du côté des femmes et des hommes LGBTQI qui ont gardé la foi, de timides ouvertures ont eu lieu, leur permettant de trouver une paroisse accueillante, voire servie par un/e pasteur/e, un prêtre, un imam, une femme rabbin homosexuel/le. Les faux psy qui offrent des fake thérapies de conversion vers l'hétérosexualité n'ont plus le droit de travailler dans de nombreux pays. Quant aux intégristes évangéliques qui réclament le droit de discriminer au nom de leur "liberté religieuse" ils forment un groupe d'électeurs fidèles au président des États-Unis et à d'autres tyrans en place en Amérique du Sud, en Afrique et en Europe. Ces gens s'enferment dans leur ignorance et ce n'est pas leur faute, ils sont les laissés pour compte de leur société.


On leur a appris à répéter que le "mariage pour tous" allait détruire l'union d'une femme et d'un homme "telle que Dieu l'a voulue". Reste à voir si les quelques mariages qui ont lieu entre personnes du même sexe atteindront les mêmes scores de divorce. Ou si, comme d'autres homophobes l'ont prétendu, après l'autorisation du mariage gay viendra celle du mariage entre un toutou et sa maîtresse, ou entre une guenon et un humain. Quant aux États musulmans qui menacent de mort leurs citoyen/ne/s LGBTQI, they badly need remaking comme l'a dit Barack Obama. Ils ont perdu le souvenir de leurs poètes homosexuels et de leurs jeux sexuels d'adolescents, puisque l'amour avec une jeune fille sympa leur est interdit. Oui, un petit pas pour les hétéros, un pas de géant pour les LGBTQI.

André



mardi 25 juin 2019

Scènes surprenantes de la vie japonaise : un autre rapport au corps




Les Japonais ont -- ou avaient -- un rapport plus naturel au corps que les Occidentaux. On le remarque dans le déroulé de leurs fêtes traditionnelles à la fois religieuses et folkloriques. Ainsi que lors des concerts de percussion et des spectacles de danse butô, dans les affrontements de leurs lutteurs spécialistes du sumo, et dans les établissements de bain.



























Le butô exprime les préoccupations des Japonais marqués par la guerre. Abandonnant les formes traditionnelles de la danse orientale et occidentale, il a trouvé un nouveau mode d'expression  émanant du besoin de traduire ce que ressentent les tripes plutôt que de répéter les mouvements sclérosés de la chorégraphie classique qui nous fait bailler.










Sankaï Juku, troupe de butô exclusivement masculine, présentait ici un fragment de spectacle en pleine rue, à Paris. On dirait aujourd'hui que c'est un flash mob.













samedi 22 juin 2019

Fin d'un premier amour d'été : le grand chagrin d'un adolescent

























Le chagrin et les souvenirs d'un petit gars qui a connu son premier grand amour.
Suite de la vidéo de Mystery of Love, chanson publiée le 21 mai dernier.
Je la dédie à deux camarades, des vieux gamins qui sont aussi en train de "faire leur deuil"
d'un amour envolé.