lundi 18 février 2019

"Grâce à Dieu", la vie d'ados abusés, remporte un prix à Berlin



La semaine dernière, j'ai suivi le déroulement de la Berlinale, le Festival du film de Berlin. En espérant que Grâce à Dieu, le film du Français François Ozon, serait primé. Et, grâce à dieu, le Prix du Jury lui a été décerné. [Le dieu que je bénis ici est plus large, plus libre de tout jugement, mieux à notre écoute que ceux des différentes religions du monde qui sont en train de pourrir dans leur souverainisme et leur absolutisme.] Le film devrait être projeté dans 307 salles françaises dès mercredi. Il l'est assurément en Suisse romande. Le père Bernard Preynat, inculpé pour agressions sexuelles sur mineurs, avait demandé que la sortie du film soit reportée après son procès afin de ne pas porter atteinte à la sacro-sainte "présomption d’innocence". Le Tribunal de grande instance n'a pas donné suite à sa requête.


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Barbarin: "Grâce à Dieu ces faits sont prescrits."


L'Église catholique patauge partout en plein merdier. À Lyon, il y a eu le procès du cardinal Philippe Barbarin et de cinq autres personnes pour non-dénonciation des agissements du père Preynat. Barbarin a bénéficié d'un non-lieu. Et Grâce à Dieu, film quasi-documentaire, raconte la naissance de l’association de victimes intitulée La parole libérée, fondée par d’anciens scouts du diocèse de Lyon qui ont dénoncé en 2016 les agissements du père Preynat. Si le réalisateur a changé les noms des victimes, il a conservé ceux de l'abuseur et de ses complices: Preynat, Barbarin ainsi qu'une bénévole du diocèse Régine Maire jugée aux côtés du cardinal.





Les agissements du prêtre avaient été dénoncés à l'Église par des familles déjà dans les années 90. Mais le mec est resté en fonction jusqu’en août 2015, continuant notamment à occuper des fonctions auprès d’enfants. Des victimes ont finalement ressorti l'affaire de l'oubli. "J'ai le sentiment d'avoir accompli mon devoir de citoyen, déclare François Devaux, père de famille de 39 ans. C'est ainsi qu'on peut faire évoluer la société, en suscitant une prise de conscience et en essayant de faire changer la loi." Le réalisateur François Ozon a pris le relais. Son film n'est pas une de ces oeuvres d'art favorites des festivals, tournées dans un désert glacé sibérien. Il décrit le désarroi des jeunes gars et les difficultés auxquelles ils ont été confrontés jusque dans leur vie d'adulte; il montre le coeur glacé des complices et des familles qui ne soutiennent pas les victimes. Voyez la bande annonce, elle est bien foutue:





La critique allemande a beaucoup apprécié le film et souligné l'attitude sans polémique de François Ozon. "Les garçons victimes d'abus souffrent d'une grande solitude et se sentent humiliés, a déclaré le cinéaste à Berlin. Ils croient qu'ils sont seuls à subir les attaques d'un pédophile. Ce qui m'intéressait, c'était de montrer comment ils sont finalement sortis de cette situation, comment ils ont pu briser le silence, et lutter ensemble contre le pouvoir d'une institution aussi puissante que l'Église catholique." Le cinéaste espère que cet exemple va encourager d'autres gars abusés à se libérer, parce que le poids qu'ils portent sur leurs épaules entraîne aussi des conséquences pour leur entourage, comme on le voit dans la bande annonce.




Au cours d'une conférence de presse, le cardinal Philippe Barbarin a laissé échapper: "Grâce à Dieu, tous ces faits sont prescrits !" Le journaliste qui l'interrogeait a demandé: "Vous rendez-vous compte de la violence de ce que vous venez de dire ?" C'est ainsi que Grâce à Dieu s'est imposé comme titre du film. François Ozon est certainement l'un des cinéastes gays les plus prolixes de sa génération. À un journaliste qui lui demandait quel regard il porte sur le catholicisme, il a répondu: "Je n’ai aucun conflit à régler avec l’Église. C’est sans doute mon éducation catholique qui m’a donné le goût de la transgression et du péché. Pour un artiste, c’est plutôt un avantage. On attend de quelqu’un qui crée qu’il aille là où on ne doit pas forcément aller d’un point de vue moral. "

André
Aucune photo figurant dans cette page n'est tirée du film ou de son tournage.
   Post scriptum.-- Accusé d'abus sexuels, l'ex-cardinal McCarrick a été défroqué par le pape François, selon l'annonce du Vatican samedi dernier. Ce serait la première fois dans l'histoire de l'Église catholique qu'un cardinal est défroqué pour de tels motifs. McCarrick est soupçonné d'abus sexuels sur des mineurs et des subordonnés adultes, à l'époque où il était prêtre à New York.
    Quant à Mgr Luigi Ventura, nonce apostolique, ambassadeur du Vatican en France, il fait l'objet d'une enquête pour agressions sexuelles ouverte par le Parquet de Paris. Un jeune cadre municipal s'est plaint d'attouchements répétés lors de la cérémonie des voeux de nouvelle années en janvier.
    Grâce à Dieu, ces faits ne sont pas prescrits.

Partout dans le monde: des jeunes victimes de contraintes sexuelles

Un rabbin abuseur aux États-Unis.

Soldats américains au Proche-Orient.

Jeune bacha, danseur prostitué par de riches Afghans.

Garçons proposés aux clients d'une boîte de nuit aux Philippines.







7 commentaires:

renepaulhenry a dit…

Grâce à Dieu tu nous informes...

Anonyme a dit…


C'est bien d'avoir abordé le sujet de la pédophilie dans l'Eglise,sans pour autant taper sur elle.

Pierre

Anonyme a dit…

Viols d'enfants en Centrafrique: les soldats français bénéficient d'un non-lieu
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/01/15/accusations-de-viols-contre-des-soldats-francais-en-centrafrique-non-lieu-ordonne_5241936_1653578.html

Anonyme a dit…

un psychiatre m'a dit que la différence entre hier et aujourd'hui est qu'aujourd'hui on en parle.

Anonyme a dit…

Qu'en est il de la pédophilie chez les juifs et les musulmans (et autres religions) ?

clodoweg a dit…

Eh oui, Tous les chemins mènent à Rome mais il y en a qui passent par Sodome.

Xersex a dit…

combien de méfaits on fait, au nom des églises et de(s) l'ami(s) imaginaire(s), qu'il soit Christ, Allah ou d'autres dieux.