D'habitude, lorsque je relate les faits et gestes du Vatican, j'adopte un ton sarcastique. C'est différent
aujourd'hui, eu égard au signal d'ouverture que le pape Francis a lancé mercredi dernier. La touche d'humour viendra d'un catholique. Pour illustrer ce sujet, j'ai choisi des hommes au poil roux qui, comme les gays, connaissent le harcèlement dès la cour d'école. Faire le bien: c'était le sujet de l'homélie papale mercredi. Le monde entier reconnaît la valeur d'une attitude éthique dans nos relations les uns avec les autres; cela passe au-dessus des idéologies et des religions, a déclaré le pape, c'est le fondement de la paix.
"Le Seigneur [Dieu] nous a tous rachetés [sauvés] par le sang du Christ," a précisé Francis: "tous, pas seulement les catholiques. Chacun d'entre nous. 'Même les athées?' [demanderez-vous]. Oui, eux aussi." "Nous avons été créés à l'image de Dieu et [...] nous avons tous le devoir de faire le bien. [...] Nous devons nous rencontrer dans cette perspective. 'Mais je ne suis pas croyant, je suis athée!' Fais le bien et nous nous retrouverons là-haut." Car le bien n'est pas une affaire de foi, il est inhérent à notre identité puisque nous avons été créés par Dieu. Le pape commentait une parole de l'évangile (Marc 9/38-40) dans laquelle un disciple de Jésus dénonce un homme qui exorcise des malades en son nom, sans son autorisation. Jésus répond: "Qui n'est pas contre nous est pour nous."
J'ai le sentiment que le pape s'inquiète de la campagne d'hostilité menée en France contre les gays, et aux États-Unis par des protestants fondamentalistes et des catholiques de même poil, actifs aussi dans quelques pays d'Afrique. Il a donc lancé un signal à ceux que ce fanatisme blesse profondément. Aux croyants gays, pas uniquement les catholiques car les protestants eux aussi sont visés par la rue. Et aux croyants d'autres religions qui voient croître le fanatisme, le racisme, l'exclusion dans les pays dits christianisés dont ils sont citoyens à part entière.
Ce que vient d'émettre le pape est conforme aux écrits de l'apôtre Paul, notamment dans sa première lettre à Timothée. Ces paroles vont ranimer le débat qui eut lieu lors de la Réforme (protestante) sur la rédemption: est-elle accordée gratuitement à tous ou dépend-elle de nos bonnes oeuvres? "Je suis athée, m'a déclaré un ami, et je m'en fous. Je vais continuer à vivre de manière éthique, parce que j'aimerais que le monde devienne plus habitable. Lorsque je mourrai, je serai mort et voilà." Mon avis était proche du sien; sauf que, depuis que j'explore la médiumnité, j'ai découvert un autre monde que je regarde avec curiosité à travers une lucarne, en me posant beaucoup de questions... Je le développerai dans un autre billet.
Stephen Colbert anime un show politico-satirique. En tant que catholique américain le plus connu de la télévision, disait-il en substance jeudi soir, j'ai essayé de suivre les pas du nouveau pape. Lorsqu'il a lavé les pieds des pauvres, j'ai payé le tunnel de lavage à un groupe de sans-domicile, même avec le supplément du polissage. Mais lorsqu'il a annoncé que Dieu aime même les athées, je me suis dit, putain! est-ce qu'Il va aussi sauver les protestants? Moi qui croyais posséder une carte Privilège pour le Club Paradis. Moi qui ai passé des années à faire l'enfant de choeur, assis, debout, à genoux, signe de croix chaque dimanche. Vous imaginez les progrès que j'aurais pu faire à la guitare durant toutes ces heures perdues? "Je me suis cassé le luc dans les vignes du Seigneur et voilà pas qu'un brave gars athée peut se faufiler à la onzième heure et être sauvé? Rem-bour-sez!"
André