L'activité à laquelle s'adonnent ces gars se nomme le
gooning dans le jargon sexuel américain. Normalement, un
gooner
est un galopin, ou un homme de main (dans le sens de sbire); en
anglais, le terme définit un supporter du FC Arsenal! Cependant, les
gooners
illustrés ici appartiennent à la tribu des initiés de la masturbation
forcenée; ils se maintiennent le plus longtemps possible à la limite de
l'éjaculation,
edging en anglais. Mais avec un gros plus, selon
eux: ils se laissent hypnotiser par leur bite avec laquelle ils entrent
dans une communication plus que sexuelle, faite de révérence et
d'admiration. Ils se retiennent pour la beauté
du geste, comme un sportif s'entraînant au record du monde de saut en
longueur. Les centimètres (gagnés au saut), les minutes supplémentaires de paluchage ne servent à rien, si ce n'est à leur propre gloire. Certains
d'entre eux rapportent dans leurs forums qu'ils atteignent un état où
ils deviennent tout entier leur bite. Ils s'incarnent phalliquement en
elle et vice-versa.
L'art de la masturbation inspire de nombreux clans, certains plus
sectaires que d'autres. Parmi eux, les adeptes de la rétention du
liquide s'exercent à ressentir l'orgasme sans gicler; les plus doués
arrivent à envoyer leur nectar jusqu'au cerveau -- par voie interne, bien sûr.
D'autres cultivent la rétention et l'orgasme différé pour amener leur
partenaire au plaisir le plus longtemps possible, dans des vagues
successives. Lorsque je fréquentais les stages de tantra d'un disciple
de Bhagwan Shree Rajneesh (rebaptisé Osho après sa mort), je suis
parvenu une fois à me faire jouir durant une demi-heure avant
d'éjaculer. Plaisir que les
gooners ne recherchent pas. Ils se fixent sur leur bite plutôt que d'affiner
leur respiration et de répartir les ondes de plaisir sur le corps entier.
Avec l'âge, le chrono ne compte plus. On cherche la voie qui mène à une volupté globale, une onde enveloppante prête à déborder hors des frontières corporelles. Il existe aussi des femmes et des hommes qui se masturbent en formant le dessein de créer une énergie de paix qu'elles et ils envoient à la planète entière. Il en faudrait beaucoup plus.
André