Chaque été, le magazine sportif américain ESPN publie des photos d'athlètes de premier rang, femmes et hommes nu-e-s. "Dans ma jeunesse, si j'avais vu un sportif ouvertement gay dans le numéro dédié aux corps, cela m'aurait prouvé qu'être homo est o.k., déclare Gus Kenworthy, et que je ne serais pas exclu du sport de compétition. Cela m'aurait beaucoup encouragé." Pour le numéro de juillet 2017, il a payé de sa personne et s'est désapé dans la neige afin de montrer sa virtuosité. Il espère que son exemple sera utile à de jeunes mecs encore enfermés dans le placard, par timidité ou parce qu'ils craignent les réactions de leur entourage.
Les photos de Kenworthy au naturel ne manquent pas, mais celles où il figure avec son compagnon ont fait le tour du monde durant les Jeux. Avec ce commentaire: "Je suis d'avis que tout le monde doit pouvoir vivre sa vie comme il l'entend, sans se cacher." Ce à quoi des gens qui s'estiment "tolérants et bien intentionnés" ont déclaré: "Cela nous est bien égal que ce mec soit gay. Mais il n'a pas besoin de nous jeter à la figure qu'il se fait enculer. C'est un mode de vie déviant. Pourquoi les homos ont-ils tant besoin de faire toute cette publicité ?"
La réponse est simple. Les hétéros manifestent constamment leur statut sexuel. En se montrant en couple, en famille avec des enfants. En magasin, le contenu de leur chariot le démontre. Et ils en parlent tout le temps, sans honte. Pourquoi les LGBT devraient-ils se cacher ? Parce que nous représentons une minorité ? Faire entrer le mode de vie homosexuel dans la banalité quotidienne permettra à ceux que cela dérange de s'y habituer et de nettoyer leur boîte à préjugés. Car le problème dont ils souffrent est en eux, pas en nous.
Depuis que le patineur artistique Adam Rippon (28 ans) a fait son coming out en 2015, il se sent bien dans sa peau. Champion des États-Unis en 2016, il est devenu très populaire et attire toutes sortes de questions de la part de ses fans. Surtout celle-là: "Qu'est-ce que ça fait d'être un athlète gay ?" "C'est exactement la même chose que d'être un athlète hétéro: il faut travailler dur, mais avec des sourcils plus soignés."
À l'âge de 13 ans, Adam a gagné le premier prix d'un championnat au Luxembourg. Puis il a fait un petit tour d'Europe: Suisse pour visiter le Musée olympique à Lausanne, Italie, France, Angleterre, comme il le raconte dans la vidéo ci-dessous. Dans la suivante, il décrit son parcours de jeune athlète découvrant finalement des collègues gays qui lui ont donné confiance. Et à 21 ans, le premier homme avec lequel il a osé flirter...
Avant l'ouverture des Jeux en Corée, le très courageux Rippon a refusé de se rendre à l'invitation officielle du vice-président des États-Unis qui allait soutenir les athlètes américains à Pyeongchang. Tout au long de sa carrière politique, Mike Pence a ouvertement condamné les homosexuels, par exemple en promouvant un projet de loi en faveur de la "liberté religieuse" dans l'État de l'Indiana dont il était le gouverneur. C'est-à-dire en donnant la possibilité aux commerçants bigots de refuser de servir des clients LGBT, aux médecins de les soigner, aux patrons de les engager, aux proprios de leur louer un logement. Et en soutenant les institutions qui prétendent "guérir" les gays. En créant toutes sortes de problèmes pour les personnes transgenre. En luttant contre la légalisation du mariage pour tous qui allait "détruire la famille telle que Dieu l'avait voulue" et bien d'autres chicanes encore. Toutes mesures servant à encourager l'électeur intégriste à voter pour Mike Pence.
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Il y a comme un vent de révolte qui commence à agiter ces États désunis par le triste clown de la Maison Blanche et par son entourage de laquais. Dans le sport, dans les écoles, parmi les femmes, les vétérans de l'armée, les artistes et d'autres corps de métiers. Ouf ! enfin, peut-être...
André
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