vendredi 11 juin 2010

Quelques heures ailleurs, le long du Rhin


Un de mes potes s'étant procuré deux cartes journalières permettant de circuler sur les chemins de fer et les bateaux pour le prix de 30 francs (22 euros), nous avons traversé la Suisse en diagonale po
ur nous rendre du Léman au Bodensee (lac de Constance) hier. Première étape: Stein-am-Rhein, localité à cheval sur le Rhin -- gare rive droite, port rive gauche. Au coeur: un quartier moyenâgeux restauré avec minutie. Et plus trace du bombardement américain en février 1945 sur ce coin de pays débordant de neutralité(s)! Nous avons continué notre voyage en bateau. Une heure sur le pont, rafraîchis par l'air du large, un heure à table. En remontant le fleuve qui s'étale jusqu'à devenir un petit lac, notre caboteur zigzaguait entre les ports suisses et allemands, car la frontière -- mobile, voire floue à certains endroits, passe ici au milieu de l'eau.

Rien à mentionner de positif ni de méchant sur la restauration. Si ce n'est le nom
de la compagnie qui régale: Schifflein, deck dich -- Petit bateau, couvre-toi -- allusion au conte des frères Grimm Tischlein, deck dich -- une table recouverte de mets appétissants d'un coup de baguette magique. Notre balade s'est poursuivie à travers la ville de Constance, elle aussi traversée par le Rhin, ici purement allemand. Pélerinage à la librairie Osiander, notre préférée, héritière d'une tradition universitaire datant de la fin du XVIe siècle. Un monument antique? Sur trois étages de béton, acier et verre, bénéficiant de la lumière zénithale; avec jardin sur cour où déguster café et tranche de tarte à la rhubarbe; ouverte jusqu'à 20 heures. Le paradis sur terre. Plus besoin d'Au-delà.
Windspiel mit Seidentuch (2003) et Balanceakt (2004):
gravures sur lino de Hannes Steinert,

né en 1954 à Stuttgart.
Après une balade le long du lac, nous atteignons la plage publique et gratuite. Immense parc à vélos, étendue d'herbe soignée, cabines à disposition, places de jeux et de sport, les pieds dans l'eau: un peuple heureux de jeunes et de vieux. Et, derrière une haie, le pré en pente réservé aux nudistes. On y entre et on en sort librement; de grands arbres offrent leur ombre, une douche la fraîcheur. Pour nager, les nudistes comme les adeptes de la feuille de vigne traversent l'allée publique qui longe la rive. Des pontons vous invitent à gagner le large. Hier, puisque l'eau était encore fraîche pour les dames, le ponton où s'étaient allongés les nudistes radiait d'énergie mâle -- celle que les mecs dégagent après un effort physique. A part le bruit des vagues, silence germanique viril.

Ulysse

2 commentaires:

Thierry a dit…

Vous êtes trop chanceux les Suisses, même sous les bombardements...

Christophe a dit…

Hannes Steinert a illustré "Mythologie gayment racontée" d'Yvan Quintin, les amours des dieux et des héros, Zeus, Achille et même Orphée qui s'est agréablement consolé avec les garçons.