mardi 29 mars 2011

Pourquoi "enculé" ne sera plus une insulte



Il va falloir remplacer le terme d'enculé pour insulter un imbécile ou un salaud, parce que de plus en plus d'hétéros -- femmes et hommes -- apprécient la pénétration arrière; qu'elles/ils en soient les bénéficiaires ou les initiatrices/initiateurs... La plus ancienne méthode anticonceptionnelle au monde n'étant plus indispensable -- de même que la sodomie entre hommes qui, autrefois, était tolérée jusqu'au mariage, pour préserver la virginité des jeunes femmes -- on est bien obligé de reconnaître aujourd'hui que le rapport anal n'est pas un pis-aller, pas seulement une solution de remplacement.

Certains mecs (suivez mon regard) savent depuis l'origine de l'humanité qu'un petit organe, dans les bas-fonds du mâle, procure des orgasmes sublimes et entretient ainsi la passion entre deux êtres. L'Épopée de Gilgamesh, l'écrit le plus ancien au monde, raconte avec lyrisme l'histoire d'amour entre deux hommes, Gilgamesh roi d'Ourouk et le sublime sauvage Enkidou. Mais les époques où la sexualité entre hommes qui aiment les hommes est bien considérée viennent et disparaissent. Nous sortons de plusieurs siècles de mépris. Et les hommes qui aiment les femmes en ont aussi pâti: ceux qui avaient découvert le potentiel orgasmique de leur prostate devaient recourir aux services d'une prostituée pour ne pas effrayer leur légitime.

La société japonaise avait déjoué la honte pour un mari de se faire doigter en proclamant que ce soin faisait partie du devoir conjugal. D'une pierre deux coups: en massant la prostate de son époux, la femme avait la satisfaction de retarder voire d'éviter les problèmes de prostate qui adviennent avec l'âge. L'homme lui était d'autant plus reconnaissant que le traitement médical s'accompagnait d'un plaisir merveilleux et d'une intimité renforcée.

Mais en Occident, on rencontre peu d'échos favorables à cette pratique indispensable de la traite manuelle de notre prostate. En 1946, le psychoanalyste Otto Fenichel écrit [ma traduction]: "Nous constatons avec étonnement combien les écrits analytiques ont négligé de relever que les organes sexuels masculins (comme les féminins) comptent deux centres. Si l'on interroge les hommes passifs -- chez lesquels la tendance passive anale prévaut sur l'inclination à l'activité phallique -- où ils ressentent le plaisir le plus intense, ils répondent avec la même fréquence, soit: 1) à la racine du pénis, 2) au périnée, 3) dans le rectum. En fait, ils se réfèrent à un lieu que l'on ne peut atteindre de l'extérieur et qui se trouve à distance égale de la racine du pénis, du périnée et du rectum. Ce lieu, c'est la partie prostatique de l'urètre."

Aujourd'hui, heureusement, le pas est fait. Les sexo- et les psychologues ont débroussaillé le sujet; et l'on peut en parler en société. Le mot prostate n'est plus uniquement synonyme de maladie. Et, pour traiter quelqu'un d'imbécile ou de salaud, on remplacera enculé pas enfoiré, qui signifie "souillé d'excréments". On ne peut être plus proche, précis et pétant.

André

3 commentaires:

Paul a dit…

Génial! Je ne connaissais pas le sens précis d'enfoiré. Je pensais que c'étaient des gars foireurs, qui font la foire ensemble.

Ménélas a dit…

La prostate, c'est le point P, je lui dois quelques-uns de mes plus violents orgasmes, dans mes relations hétéros comme homos. La force de mon érection faiblit avec l'âge, mais pas la sensibilité du point P.

Anonyme a dit…

Magnifique leçon de chose....!
Continue dans ce sens, faire tomber les tabous et éveiller l'ignorance de certains certains...!
Merci.