mardi 19 juillet 2011

Judy et Liza: trois générations de pères et maris gays ou bisexuels


Le Festival de jazz de Montreux héberge son lot de musiciens alcooliques. En fin de semaine dernière, il y avait aussi beaucoup d'excités autour des salles. Vendredi, des porteurs de billets, dûment payés, n'ont pas pu entrer au Miles Davis Hall surbooké où se produisait ce qui reste de Liza Minnelli. Pathétique dans ses allées et venues sur scène, comme si elle passait le torchon à poussière, liftée jusqu'aux cordes vocales, l'ex grande chanteuse et danseuse a mimé son répertoire. La voix manquait, le souffle aussi. Nous avons dévalé l'allée des souvenirs avec elle. Par exemple Cabaret, où elle évoquait la mort d'Elsie, qui avait avalé trop d'alcool et de comprimés: "le cadavre les plus heureux jamais vu". Durant le concert, Liza avalait des gorgées de sa potion magique contenue dans une tasse aussi haute qu'une cafetière.
Légion d'honneur, la semaine dernière.

Je pensais à sa mère Judy Garland, fin de carrière tragique, incapacité de se retirer. Elle suscitait l'émotion. Minnelli tout au plus la sympathie... Mais ces deux femmes ont joué un rôle important dans la vie des gays de leur époque et, pour cela comme pour leur immense talent, je les respecte profondément... Brefs retours. Tenancier de cinéma, le père de Judy exploitait ses fillettes en les faisant danser dans son établissement; où il essayait aussi de séduire les jeunes ouvreurs. Le deuxième mari de Judy (2/5), Vincente Minnelli (metteur en scène d'Un Américain à Paris) était aussi pour le moins bisexuel... Protégé de Judy, le chanteur et danseur Peter Allen fut l'époux de Liza (1/4) entre 1967 et 1974; il est mort du sida en 1992. Il a connu sa relation la plus longue avec Gregory Connell, de 1970 à 1984. Greg est mort du sida.
L'Australien Peter Allen (à droite), premier mari de Liza.

Si vous m'avez suivi, cela signifie que le mariage avec un homosexuel peut faire partie du code génétique des femmes comme des hommes. Malgré ces trois pédés qui ont adouci et empoisonné leur vie, Judy et Liza ont toujours soutenu les gays.

Dans Le Magicien d'Oz, Judy Garland chante Over the Rainbow (d'ou serait tiré le symbole de l'arc en ciel adopté par la communauté gay). La jeune Dorothy qu'elle interprète quitte sa vie morose pour entrer dans le monde fabuleux d'Oz où les êtres "différents" comme le Lion poltron (qui se dit poule mouillée) sont bien acceptés. Tout au long de sa vie, par ses rôles au cinéma et ses chansons, par les tragédies qu'elle a endurées, ses succès et ses déprimes, la chanteuse a tendu un miroir dans lequel les homosexuels de l'époque retrouvaient leurs propres difficultés. Elle fut enterrée à New York le 28 juin 1969. Et le soir de ce 28 juin éclatait une émeute suite à une descente de police au Stonewall Inn, bar fréquenté par des travestis et des homos. Aussi kitsch que cela puisse paraître aujourd'hui, cette rencontre du chagrin des pédés, en deuil de Judy, avec la révolte contre la police, instiguée par un travesti et suivie par tous les clients marque un point tournant dans le destin des homos. C'est ce que commémorent les Gay Prides à travers le monde.
Été 2009: Marche des Fiertés à Paris.

Liza Minnelli a repris le flambeau de sa mère en soutenant la lutte contre le sida aux États-Unis et à l'étranger. En 2009, elle ouvrait la Marche des Fiertés à Paris, au côté du maire Bertrand Delanoë. On l'aime; et on pleure lorsqu'elle se ridiculise. C'est aussi dur de vieillir pour les divas que pour les grandes folles.

André

3 commentaires:

Roland X a dit…

Et tous les hommes sur vos photos sont gays... quoique habillés pour une fois.

rogerboy a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
rogerboy a dit…

Merci j'ai appris plein de choses encore une fois , on s'instruit sur ton blog !