jeudi 7 juillet 2011

Le territoire des bites et le territoire des couleuvres


Le coin de rochers où je me rends régulièrement au bord du Léman -- pour nager, rencontrer mes potes et partager un repas avec eux -- est peuplé de lézards et de couleuvres. Nous essayons de ne pas trop déranger leur quotidien, mais avec les grosses bêtes bavardes et remuantes que nous sommes, ces reptiles sont obligés de prendre leur mal en patience.

Ed, père de quatre enfants, et moi.
Mardi, je m'y suis rendu en apportant une salade de riz et de légumes, une bouteille de rouge et des couverts pour quatre personnes. Je savais que je trouverais Ed fidèle au poste, mais n'avais aucune idée de qui seraient les autres. Juste une intuition. Deux heures plus tard, une amie d'Ed s'est présentée avec une salade. Et nous avons invité un jeune homme (qui observait la population des serpents dans ce secteur) à se joindre à nous. Une femme en slip (qu'elle enleva après le repas); Ed et moi à poil; l'invité de dernière minute dans son habit de cantonnier afin qu'il soit bien visible lorsqu'il se promène sur les voies de chemin de fer, les sentiers, les talus escarpés et le bord de l'eau où nichent aussi des nudistes par temps chaud -- en majorité des mâles. (C'est là que les territoires des couleuvres et des bites se recouvrent.)

Le gestionnaire de territoire dresse son antenne.
Deux espèces de serpents ont choisi la région pour habitat. 1) Les couleuvres vipérines, espèce indigène en voie de disparition face 2) aux couleuvres tesselées, plus robustes, venant de l'Orient et introduites ici il y a 90 ans. Le jeune gestionnaire de territoire suit leurs mouvements dans la broussaille et les rochers grâce à une antenne réceptrice, ressemblant à une grille, et aux émetteurs qui ont été implantés dans plusieurs sujets (une capsule et un fil servant d'antenne).

Couleuvre vipérine (espèce indigène).
Ces cou-
leuvres chassent le poisson dans l'eau. Elles s'écartent à l'approche d'un nageur; mais elles viennent parfois s'installer près de nous, comme durant notre repas où l'une d'entre elles se reposait sous un sac à provisions. Il m'est arrivé de me coucher sur une couleuvre qui roupillait sous ma serviette. Elle a poussé un cri d'horreur... Qui des vipérines ou des gays disparaîtra le plus rapidement de ce secteur encore sauvage? Les unes chassées par les tesselées, les autres par un débroussaillement vertueux...

André

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