vendredi 4 septembre 2020

Des arbres et des gars, du compagnonnage qui nous lie parfois




Dans un parc proche de chez moi, je vais de temps en temps rendre visite à un arbre qui entretient un rapport très spécial avec moi. Hier, j'ai demandé à l'un des jardiniers du parc quelle était son espèce. Il a interrompu son travail et m'a aimablement accompagné jusqu'à l'emplacement où mon camarade ligneux est solidement enraciné. Il a sorti son portable et m'a donné la réponse après quelques hésitations. Mon pote n'appartient pas à une espèce très commune. C'est un séquoia sempervirens soit séquoia à feuilles d'if toujours vertes.



L'écorce épaisse et rougeâtre de mon séquoia dégage une énergie vigoureuse (comme le vir de sempervirens); elle est aussi fibreuse et c'est la part de douceur qui fait de cet arbre un être équilibré. Il avait attiré mon regard un jour où je passais près de lui. Je m'étais approché à distance respectueuse, un mètre ou deux, et avais peu à peu ressenti un frisson parcourir mon corps. Comme s'il m'avait scanné pour examiner mon âme et décidé qu'il pouvait agencer un lien entre nous.




Il paraît qu'on peut extraire des bourgeons du séquoia un tonique qui renforce les os, normalise la tension artérielle et protège la prostate des vieillards. J'ai l'impression que mon pote me soigne à distance. Surtout, il déchiffre quelles sont mes préoccupations du moment et m'envoie une réponse alors que je médite près de lui. Les amoureux des arbres étreignent leurs troncs ou s'assoient contre eux pour capter ces bienfaits et trouver la paix. Je n'entres jamais en contact direct avec mon pote, par respect envers son individualité et sa longue vie. Ce qui ne nous empêche pas de communiquer avec clarté.



Le tronc de mon séquoia se sépare en deux à quelques mètres au-dessus du sol. C'est ce qui nous lie. En tant que gay, je mène deux existences parallèles. Sans cacher mon orientation, je ne parle pas de ma vie privée, de mes intérêts ni de mes lectures dans les milieux qui se prétendent "tolérants" et ne le sont pas. Eux pourtant, dès qu'ils disent "mes enfants" exposent leur orientation... La discrétion, c'est l'un des troncs de mon arbre. L'autre s'expose dans le milieu LGBT et auprès des personnes qui nous considèrent (sans envies cachées) comme des égaux, avec les mêmes besoins d'amour(s). Les deux troncs représentent aussi: d'un côté mon écriture au long cours, de l'autre le blogue que je rédige depuis 2008. Je ne publie pas de photos de mon séquoia par discrétion; je n'ai jamais publié celles de mes compagnons.

André
































5 commentaires:

Philippe a dit…

Hello André,
Merci pour ces splendides photos de forêts, c'est un pur régal pour les yeux et le cœur.
Merci aussi pour les petits lutins d'homme qui l'habitent, il est vrai que c'est un ressourcement indéniable que de se promener parmi les sous-bois, je me réjouis de voir venir
l'automne avec ses couleurs chatoyantes.
Bonne fin de semaine avec mes bons messages
Philippe, au bord du Léman vaudois

Xersex a dit…

l'arbre de la photo 5 est très allusif: il semble être enculé par un arbre en dessous.

Anonyme a dit…

Oui belle représentation que la nature sait se montrer belle....et profonde !
Hervé.

André a dit…

Merci, les gars, pour vos messages sympathiques !

David Jean-Félix a dit…

Merci pour ces belles photos.