Scott, 49 ans, ancien soldat de l'infanterie de marine américaine, habite Seattle. Cette semaine dans son blogue Bill in Exile -- où ses convictions politiques coexistent avec ses goûts érotiques, tous les deux bien estampillés -- il évoquait vingt-cinq années de sa vie avec le sida. En effet, le 27 janvier 1984, le médecin consulté pour un zona avait diagnostiqué que cette affection signifiait probablement, chez un type costaud comme lui, qu'il avait contracté une gay related immune deficiency, selon la terminologie de l'époque... Il n'existait pas encore de test. Et lorsque le premier est apparu, les médecins ont recommandé à leurs patients qu'ils pensaient atteints de ne pas s'y soumettre, tant ils craignaient que l'attente du résultat (quinze jours) ne provoque plus de stress que de bénéfice.
Scott: ancien marine, blogueur au quotidien. Ses thèmes: le débat politique et le cul (de préférence poilu et musclé).
[Période de grande incertitude où l'on pensait que le partage d'un verre d'eau pouvait être contaminateur. En 1985, je m'occupais régulièrement d'un ami atteint de la maladie; elle se traduisait aussi par des troubles mentaux. Il maigrissait et on essayait de le faire manger. Mais il rejetait souvent des aliments qu'il avait pourtant choisis et les déplaçaient de son assiette à la mienne, après les avoir goûtés. Ou bien, il était pris de diarrhée et je n'avais pas de gants à disposition pour nettoyer. Aussi, lorsque j'ai passé le test en 1985, je m'attendais à un résultat positif. Et lui, il est mort quelques heures plus tard dans la clinique où je prévoyais d'aller passer mes derniers jours.]
Revenons à Scott. Pendant que ses amis mourraient autour de lui, il a connu l'évolution de la recherche, testé tous les médicaments, subi certains des effets secondaires: anémie, nausées, diminution de la vision, baisse des facultés mentales... A une époque, il consommait jusqu'à 28 produits par jour... Lorsqu'on se trouvait dans un restaurant fréquenté par des gay, on entendait partout des sonneries rappeler qu'il était l'heure de prendre un comprimé. L'intéressé sortait son distributeur; il avalait en même temps la pillule et la stigmatisation.
Au milieu des années 90, avec le Crixivan, il se souvient: "J'ai pu finalement cesser d'imaginer que je serais mort dans les six mois. Le sida était apparemment devenu une maladie chronique, gérable et non plus cette condamnation à mort qui me poursuivait depuis le 27 janvier 1984."
Or mardi dernier 27 janvier 2009, à 49 ans, Scott est entré dans une nouvelle dimension de sa vie. Il a commencé une physiothérapie du dos pour traiter une altération de la colonne vertébrale causée par un abus d'exercices de musculation et par... l'âge!
-- Témoignage rapporté par Ulysse