Dois-je tuer mon voisin moi-même, ou appeler la police?

Cher Pasteur,/ Mon Père,/ Monsieur le Rabbin, [biffez ce qui ne convient pas]

Je tiens à vous remercier pour la manière simple et directe dont vous traitez le "problème gay" et le débat sur l'information à donner dans les écoles. Vous citez le livre biblique du Lévitique (Il crie vers Moshé) au chap. 20, vers. 13: "L'homme qui couche avec un homme comme on couche avec une femme: c'est une abomination; qu'ils soient mis à mort tous les deux". Ainsi le débat est clos.
C'est pourquoi je prends la liberté de vous interroger sur d'autres sujets concernant aussi la loi de Dieu, telle qu'elle est retranscrite dans la Bible, qui fait toujours autorité aujourd'hui. Dans Exode 21.7, je lis: "Si un homme vend sa fille comme servante (ou concubine) [...] il ne pourra pas la vendre à un peuple étranger." J'ai l'intention de vendre ma fille à un Suisse qui possède un bon compte en banque. Quel montant puis-je honnêtement exiger? De même, Lévitique 25.44 précise que j'ai le droit d'acheter des esclaves dans les pays qui nous entourent. Un ami me dit que c'est valable pour les Italiens et les Français, mais que je ne peux pas acheter d'Allemande ou d'Allemand. Pourquoi? Parce qu'il y en a déjà trop en Suisse?
Au plan privé, il est dit (Lév. 15.19-30) que c'est impur de toucher une femme pendant ses règles, même de lui serrer la main. Comment je fais pour savoir? Je me suis déjà pris plusieurs gifles... Lév.19.27 déclare: "Ne taillez pas vos cheveux en rond, ne rase pas le bord de ta barbe." Plusieurs de mes connaissances rasent complètement leur tête à cause de quoi vous savez; d'autres se rasent le visage tous les jours alors que c'est expressément interdit. Quel genre de mise à mort s'impose pour eux?
Un de mes voisins travaille durant le jour du Seigneur. Selon Ex. 35.2, "Quiconque fera ce jour-là un travail quelconque sera mis à mort." Est-ce à moi de le tuer, ou puis-je appeler la police pour le faire? J'ai beaucoup d'autres demandes, mais je les réserve à une prochaine lettre.
Juste encore une question: mon copain Pierre sait que manger des huîtres est interdit (Lév. 11.10), mais il prétend que c'est moins immonde que l'homosexualité. J'hésite. Est-ce qu'il y a des degrés dans l'abomination?

J'attends votre réponse et vous remercie de nous rappeler, semaine après semaine, que la Parole de Dieu est éternelle, qu'Elle ne change jamais.

Ulysse

Montre-moi la tienne, je te...

La curiosité n'est pas "un vilain défaut". Elle nous fait progresser sur le chemin mystérieux et souvent solitaire de la sexualité adolescente. Dans son blogue d'hétéro curieux, Scott, 43 ans, États-Unis, témoigne. "Je suis le seul gamin au monde à n'avoir pas joué à "je te montrerai la mienne si..." avec un camarade. J'ai enfin eu l'expérience à 12 ans. Lors d'une soirée, mon copain Dan m'a attiré dehors. Une camarade nous attendait. Elle nous a montré ses nénés. J'ai failli tomber à la renverse. Je les vois encore avec leurs taches de rousseur. Ils avaient l'air énormes et ne l'étaient probablement pas. Après, elle a dit que c'était à notre tour. Je pensais que Dan ne le ferait pas et moi non plus. A ma surprise, il a dit: seulement dix secondes! J'étais terrifié. Il a baissé son pantalon, j'ai suivi. Je comptais les secondes dans ma tête. Je la voyais fixer ma queue, puis celle de Dan. Et, juste avant de remonter mon froc, j'ai zieuté celle de Dan qui était plus grande. (Rétrospectivement, je pense qu'il bandait, mais j'ignorais tout.) Plus tard, alors que nous en parlions, j'ai dit à Dan: putain, la tienne est bien plus grande que la mienne! Il a fait le choqué: tu as regardé, espèce de pédé? Nous avons rigolé. C'est ainsi que j'ai compris la règle hétéro selon laquelle il ne fallait jamais regarder la bite du voisin. J'ai changé depuis..."

Chris: autoportrait.

Dans le blogue gay de Liam Cole, Londres, Chris évoque sa découverte d'un glory hole, un trou pratiqué, par exemple, dans la cloison entre deux cabines de WC. "J'avais 14 ans, c'était à Cheltenham en 1989, près du terrain de sport de mon ancienne école. Les copains avaient observé des hommes rôder autour d'un pissoir. Je m'y suis rendu en douce, un matin vers 5 h. Un camion était garé dans les environs. A l'intérieur, c'était vieux et crade. L'air chargé d'urine m'excitait. Il y avait un urinoir commun et deux cabines. Je suis entré dans la première. Les graffitis sur la paroi gauche formaient une mosaïque. Des gribouillis de bites et de cons. De gars projetant leur purée. De fesses écartées. De numéros de téléphone. De couples et d'individus seuls. Tous braqués sur la même chose: queue et foutre. Mur du sexe. Avec un trou au milieu, bords rugueux, assez large pour y passer la bite. J'ai regardé au travers. L'autre cabine était vide, mon coeur battait. L'odeur de pisse. Cet appétit de sexe écrit partout. Ma trique en ébullition, le besoin de me tripoter. J'ai entendu la porte d'entrée. Putain. Le camion. J'étouffais. Je tremblais qu'on découvre ma petite expédition du matin. Et je continuais de bander. En même temps je voulais qu'on me repère. J'avais tellement besoin de queue. Finalement, le bruit s'est éloigné. Juste un promeneur matinal qui avait besoin de pisser. A 14 ans, je ne connaissais pas le mode d'emploi du glory hole et j'étais k-o. Mais tellement excité. Alors j'ai baissé mon survêt et je me suis branlé. Là, entouré d'obsession, de saleté glauque, j'ai projeté mon foutre sur les graffitis et le sol. Les glory holes me fascinent aujourd'hui encore."

Obsession.-- "Shoot 15", photo recadrée. Lars Wallenrod, Paris.
Deux remarques. La pratique des glory holes, qu'on soit donneur ou fellateur, fait partie des défis à la santé et à l'intégrité du corps. Sexe absolu, sans autre contact, ouvert à tous les fantasmes, fermé à toute communication, c'est une prise de risque exaltante et dangereuse. Quel est le motif caché? Quand cela représente-t-il une tentative d'auto-sabotage? Je pense à l'évêque Margot Kässmann, première femme à devenir cheffe de l'Église protestante en Allemagne. Un vrai combat de féministe. Il y a une semaine, elle a tout foutu en l'air en se faisant arrêter pour légère ivresse au volant. Au lieu de prendre un taxi. Un vrai suicide professionnel et privé. Elle a dû démissionner.

Ulysse

La sodomie et le foutu caractère sacré du mariage

Dans sa chronique de demain, Dan Savage répond à une lectrice irritée parce que son mari la harcèle pour avoir une relation anale. "Nous avons déjà essayé et ce n'est PAS mon truc. Je n'y prends AUCUN plaisir. Mais mon mari insiste. Il pense que si nous essayons encore, je finirai par apprécier la chose. Dan, je suis ouverte à beaucoup de possibilités, mais là c'est non. Est-ce que je dois céder ou, lui, cesser de m'importuner?"

Réponse (en résumé).-- Dan aime rappeler aux gens mariés -- particulièrement à ceux qui se sont promis fidélité -- qu'ils se sont engagés à porter tous leurs soins à l'épanouissement sexuel de leur conjoint/e... Cela dit, nous avons tous nos préférences et nos aversions. Donc, les goûts d'un couple ne peuvent pas coïncider en tout. Ce n'est PAS mon truc signifie que la pénétration anale dérange moralement et/ou physiquement. "Vous avez essayé, vous n'aimez pas, vous n'avez pas l'obligation de continuer. [...] Mais vous devez accorder du temps à votre mari pour qu'il puisse 'faire le deuil' de ce cul que vous n'allez plus lui offrir et des culs qu'il n'aura pas ailleurs, si vous êtes monogames."

Dan Savage poursuit: "Puisqu'on parle de culs... Nancy Elliott, députée du New Hampshire, voudrait faire interdire le mariage entre personnes du même sexe -- alors qu'il vient d'être adopté dans cet État il y a moins de trois mois. Voici son argument: "Il s'agit de prendre le pénis d'un homme et de le mettre dans le rectum d'un autre homme et de l'agiter dans de l'excrément. Alors, vous demandez-vous: est-ce que je supporterais qu'on me le fasse?" [...] Permettez-moi de vous l'expliquer, Madame la Députée, on ne fait pas l'amour avec un cul plein de merde, de même qu'on ne fait pas une fellation dans une bouche pleine de nourriture. (A part les gens qui recherchent cela, vraiment une minorité.) Une cavité anale vidée, qui a subi un petit lavement et a été lubrifiée, est aussi délicieuse qu'une bouche vide, nettoyée au fil dentaire et brossée. [...] Une question, Députée Elliott: êtes-vous sûre que vous voulez empêcher tous les enculeurs et toutes les enculeuses de se marier?"

Je résume le calcul de Dan. Selon une enquête du Centre américain du contrôle et de la prévention des maladies (2005), 40% des hommes et 35% des femmes entre 25 et 44 ans pratiquent la pénétration anale hétéro. D'autres estimations poussent la barre jusqu'à 56%. Prenons un chiffre intermédiaire: admettons que 38,8% des Américains hétéros ont des relations anales. Cela représente plus de 70 millions d'adultes entre 18 et 65 ans... Il y a environ 7,6 millions d'adultes gay, dont 3,8 sont des mâles; 2,5 millions (67,5%) pratiquent le sexe anal... Donc, s'il fallait protéger les Américains de la sodomie, 70 millions d'hétéros aussi seraient aussi interdits de mariage. CQFD.

Ulysse

Mars attaque les connasses et les couillons

Une géologue engoncée dans la combinaison spatiale (tirée des poubelles d'un magasin de farces et attrapes) traîne son pauvre cul sur le sol ocre du désert de Mojave. Elle sort d'un module d'habitation rouillé (abandonné depuis les années 1950), conçu pour coloniser la planète Mars. Nous sommes dans le documentaire de Richard Dindo The Marsdreamers (Les Rêveurs de Mars). Après quelques splendides images de la planète rouge et d'un désert états-unien, nous rencontrons des doux dingues persuadés qu'elles/ils seront la première femme, le premier héros à poser pied sur Mars, quitte à mourir là-bas. Cela rappelle les mecs qui se prennent pour Jésus-Christ ou Napoléon. Ces braves gens grassouillets et moyenâgeux militent en faveur de la conquête de cette nouvelle Frontière (=territoire vierge) du fantasme américain... Jamais la NASA ne les engagera: peu sportifs, ils sont moches alors que les astronautes sont des belles femmes et des types baraqués, ils n'ont jamais piloté d'avion, etc...

Leur utopie c'est la colonisation fraternelle de Mars afin de rétablir l'esprit de pionniers dont sont empreints leurs mythes fondateurs. Ils ne le disent pas trop clairement, mais ils veulent échapper à ce qui leur déplaît dans l'Amérique d'aujourd'hui. Ils veulent participer à la création d'une nouvelle race d'humanité (comme leurs ancêtres qui massacrèrent les autochtones)... Les personnes qui cultivent de beaux rêves me plaisent. Celles qui réalisent leurs fantasmes aussi. Mais ces Américains qui n'ont probablement jamais quitté leur coin de pays, qui ignorent tout des ressources territoriales, spirituelles et culturelles qu'offre le reste du monde sont juste de pauvres couillons. Ils cherchent à s'évader de la réalité plutôt qu'à s'y crocher et apporter leur contribution.

Le film de Dindo est bancal. J'aimerais voir un deuxième volet pour discerner le pourquoi et le comment de ces utopies. Ces gens veulent-ils échapper à la fin du monde, au retour sanglant du Seigneur si souvent annoncé là-bas? Est-ce qu'ils ont secrètement honte des guerres déclenchées ou soutenues en leur nom depuis 60 ans? Ont-ils raz-le-bol de la télé-réalité, des pipoles, des politiciens véreux, des évangélistes dévoyés, des sportifs hypersexualisés et de leurs écoles calamiteuses?

Je leur suggère d'aller contempler la richesse d'invention, malgré la pauvreté des moyens, que connaissent d'autres continents. Peut-être pourraient-ils se réaliser là-bas, ou chez eux, après en avoir tiré quelques exemples. Plutôt que de périr sur Mars, ils pourraient se confronter aux défis de notre planète et vivre une aventure réelle... Elles/ils disent qu'ils sont prêts à donner leur vie pour la planète rouge; c'est la preuve de leur mythomanie.

Ulysse

Les loueurs de kilts imposent le port du slip, malgré la tradition

Au premier regard, cette publicité amuse [cliquez!]. Puis on se dit que s'il faut se saouler pour enfiler un kilt et singer Marilyn Monroe dans Sept ans de réflexion (1955), ce n'est pas drôle. Comme le whisky d'orge maltée, séchée au feu de tourbe, le kilt est une tradition masculine écossaise des Hautes Terres, avec ses règles. Coupé dans du tartan de laine, plat devant et plissé à l'arrière, il s'arrête au genou, se porte avec une large ceinture dont la boucle indique l'appartenance au clan. Accroché sur le devant comme un cache-sexe, le sporran est un sac en cuir qui remplace les poches du pantalon. Une large épingle, fixée sur le volant en porte-feuille, à la hauteur du genou droit, empêche en principe le kilt de s'envoler au-delà des limites de la décence.

Ce promeneur porte un anneau de couleur assortie.
Ainsi rassemblé, l'attirail valse moins pendant la marche.

La tradition veut qu'on ne porte rien sous le kilt, ou si peu. Elle date de l'époque où le sous-vêtement était interdit aux soldats écossais qui allaient "commando" (régimentaire, couilles à l'air). Parce que la laine locale vous écorchait les boules et n'était pas hygiénique (on faisant rarement la lessive) et que les gars devaient pouvoir pisser (voire plus) pratiquement sans s'arrêter. Sur cette photo prise lors de la rétrocession de Hong Kong à la Chine continentale (1997), on voit que le Régiment écossais n'a pas perdu son sens de l'économie.

Les entreprises qui louent des kilts (avec tous leurs accessoires) imposent le port du sous-vêtement. En général, c'est pour un mariage, une soirée, un match de foot ou de rugby -- des manifestations très arrosées. Alors, on imagine l'état du kilt rapporté au loueur le lundi matin, cinq à huit mètres de tissus plissé qu'il faudrait passer chaque fois au nettoyage chimique...

Bien sûr, chaque apparition d'un kilt suscite la même question, posée plus ou moins directement. L'usage veut qu'on réponde: mes chaussettes et mes pompes. Ou: l'avenir de la nation. Marilyn Monroe avait commencé sa carrière en posant pour des photos déshabillées. Quand on lui demandait ce qu'elle portait, elle répondait: "Chanel Numéro Cinq". Je conseille aux porteurs de kilts de se vaporiser au whisky. Délectable!

Ulysse

Cet homme a-t-il tué son jeune amant, ou l'a-t-il libéré?

Dans l'émission de télévision Inside Out diffusée lundi par la BBC (East Midland), l'ancien reporter de radio et télévision Ray Gosling (70 ans) a révélé qu'il avait mis fin à la vie d'un jeune homme atteint du sida. Cela se passait dans les années 1980 et le malade qui était son amant souffrait terriblement. Gosling lui avait promis qu'il interviendrait si la douleur devenait insupportable.

"À l'hôpital, par un après-midi étouffant, le docteur nous a dit: 'On ne peut plus rien faire'. Et [le jeune homme] se trouvait dans une telle souffrance. J'ai dit au docteur: 'Laissez-nous seuls un moment' et il a quitté la chambre. J'ai pris l'oreiller et j'ai étouffé [mon ami] jusqu'à ce qu'il en meure. Le docteur est revenu et j'ai dit: 'Il est parti'. Rien d'autre n'a été prononcé.[...] Quand vous aimez quelqu'un, c'est encore plus difficile de le voir souffrir."

Le suicide assisté est considéré comme un crime en Grande-Bretagne. Ray Gosling a été arrêté aujourd'hui et interrogé par la police pendant cinq heures. Il n'a pas révélé le nom de cet amant afin de se protéger. Activiste qui a commencé à lutter en faveur de l'égalité des gay bien avant que les relations sexuelles entre hommes ne soient partiellement décriminalisées en 1967, Gosling est connu en Grande-Bretagne pour ses reportages sur la vie ouvrière et les oubliés de la société.
Dans "No Home", Gosling avait prêté des caméras
à 30 s.d.f. pour qu'ils filment leur quotidien.
Mais dans l'émission de la BBC lundi, la caméra était branchée sur lui... Question de la journaliste: "Est-ce que vous regrettez votre geste?" "J'ai fait ce qu'il fallait. C'était un pacte entre nous. Si la douleur devenait insupportable et que personne ne pouvait plus l'alléger, oui je le ferais. C'est terrible de prendre cette décision... J'aimerais tant qu'il soit encore parmi nous." La journaliste répète: "Vous n'avez vraiment aucun regret?" "Absolument aucun. Quand vous voyez autant de souffrance... J'espère que cela ne vous arrivera jamais, Mary. Mais j'étais présent et je l'ai vu. C'est terrible, cela vous brise en petits morceaux."

Je connais plusieurs hommes qui ont passé par là, d'une manière ou d'une autre.

Ulysse

Les moments gay d'Avatar (eh oui!)

Jake, devenu na'vi, et la princesse Neytiri.

Un ancien Marine, Jake Sally, s'engage dans le corps de mercenaires d'une entreprise minière qui veut extraire le précieux minerai horsdeportium qui se trouve sur la planète Pandora. A leur arrivée sur Pandora, les miliciens sont pris en charge par un officier allumé qui les avertit: "Vous n'êtes plus à Kansas City!" -- traduction: vous allez en baver... Pour un mordu de cinéma [et pour un exégète de la gnose gay] c'est une allusion transparente au Magicien d'Oz (1939), film dans lequel Judy Garland [Dorothy, icône gay] quittait la réalité de Kansas City pour pénétrer dans un monde magique. Dès les premières séquences d'Avatar, James Cameron nous avertit ainsi qu'il va créer un univers encore plus fabuleux que celui d'Oz... Le metteur en scène nous montre en même temps un abruti qui ne peut pas vivre sans guerre, car c'est le seul univers où les femmes n'empêchent pas les crétins sanguinaires de se prendre pour des héros. Dès lors, que penser de la pesante destruction finale dans laquelle Cameron s'enfonce et se perd?

D'un côté, nous avons ces mercenaires américains, anciens d'Irak ou d'Afghanistan, serviteurs de la rapacité; de l'autre côté, les Na'vi qui peuplent Pandora: athlètes parfaits, élancés, capables de communier avec la nature, de subjuguer l'impétuosité des animaux sauvages, presque nus et toutes/tous dotés d'une splendide queue [deuxième moment gay du film]. Nous entrons dans leur monde à la suite de l'avatar de Jake, transformé en clone de na'vi pour infiltrer leur société. Parcours initiatique risqué en compagnie de la princesse Neytiri qui instruit Jake dans l'art de voler sur un ikran:

-- Maintenant, choisis ton ikran. Tu dois le sentir en toi. S'il te choisit aussi, fais vite! Tu n'auras qu'une chance.
-- Comment saurai-je s'il me choisit?
-- Il essaiera de te tuer.
Comme dans toutes les rencontres foudroyantes entre deux êtres rétifs, c'est un truc à la vie, à la mort entre Jake et la princesse, entre Jake et l'ikran... Sur la falaise, les immenses volatiles menacent. Jake et un ikran se choisissent dans un affrontement sans merci. La princesse ordonne à Jake d'établir "le lien" entre eux. Mais il se fait jeter, tombe dans le vide, se raccroche à une branche, retourne au combat, chevauche la bête qui se démène. Et réussit finalement à faire "le lien" en joignant l'extrémité de sa propre queue à la pointe de l'oreille ou de la queue de l'ikran (je n'ai pas bien vu, avec mes lunettes 3D). Par l'énergie de sa pensée, Jake lui ordonne d'obéir; il déclare à l'ikran "Tu es à moi". L'animal se calme et prend son envol pour une séquence de rêve et de montagnes russes qui transforme le cavalier en allié des na'vi.

C'est le troisième moment gay d'Avatar. Pour les mecs qui jouent entre eux, faire le lien s'appelle docking, et se pratique en étendant le prépuce d'un phallus sur le noeud retroussé ou circoncis d'un autre phallus: sublime moment d'échange...

Ulysse

Plus de 4000 "homosexuels" massacrés en Iran

De grands rassemblements ont lieu aujourd'hui en Iran, sous la surveillance rapprochée des forces de police anti-émeutes, pour marquer le 31ème anniversaire de la Révolution islamique... Les manifestations de protestation qui se sont multipliées depuis la réélection du président Ahmadinejad en juin dernier mettent le gouvernement en position délicate. Le compte de la répression actuelle se monte à deux opposants exécutés, dix autres condamnés à mort. Les manifestations elles-mêmes ont été marquées par des dizaines de morts et des milliers d'arrestations... Le mouvement de résistance va-t-il déboucher sur la paralysie du système et provoquer la chute du régime? Verrons-nous une transition pacifique se réaliser en Iran, vers un régime qu'on pourrait appeler "démocratique" à la mode orientale? Sans que les voisins musulmans et juifs ne saccagent tout? Sans que les salauds occidentaux ne rééditent leur coup de 1953, où ils avaient organisé en sous-main le renversement du Premier ministre Mossadegh qui voulait nationaliser l'exploitation du pétrole?

Soldats iraniens défilant pour célébrer
la Révolution islamique de 1979. (Photo AFP.)
Parmi les victimes de la Révolution islamique dont on parle moins, il faut compter plus de 4000 "homosexuels" iraniens, victimes de la loi de la chari'a et mis à mort. Telles sont les estimations de Human Rights Watch et d'Amnesty International. Il n'est pas certain que tous aient réellement connu cette orientation sexuelle puisque les "confessions" sont obtenues par la force et que certains ont également été accusés de vol, trafic de drogue, espionnage et dissidence politique. Les Baha'is font aussi partie des minorités non protégées en Iran.

A cause de la persécution, certains hommes gay choisissent de se soumettre aux opérations de changement de sexe pour éviter l'emprisonnement et la mort. D'autres tentent de quitter le pays. Mais leur survie n'est pas assurée car ils transitent habituellement par la Turquie où l'homosexualité est mal tolérée; et même s'ils peuvent parvenir en Occident, il n'est pas sûr qu'ils obtiennent un statut de réfugié politique. Leur renvoi au pays signe leur arrêt de mort...

Ulysse

Le froid, ennemi et allié du corps

Réveillé avec une belle énergie ce matin, je suis sorti de la maison avant les aurores, pieds nus, le reste aussi. Et j'ai empoigné un balai pour secouer les plants de bambous qui ployaient sous la neige mouillée. Puis j'ai dégagé le chemin qui mène à la rue. Je crois que l'unique automobiliste qui a passé durant ce temps n'a rien remarqué, sinon il aurait klaxonné pour saluer un vieux cinglé.

La surmortalité qu'on enregistre durant les périodes de grandes baisses de température est surtout due aux infarctus du myocarde. Les gens se protègent mal. Par exemple, ils revêtent un gros pull au lieu de superposer plusieurs vêtements légers. L'air entre ces couches constitue un meilleur isolant. Pour défendre ses zones vitales contre le froid, le corps concentre sur elles la chaleur à disposition et ralentit la circulation sanguine dans les membres. Les extrémités se refroidissent donc plus rapidement; il faut bien protéger mains et pieds, couvrir la tête. Et puisque le coeur bat plus vite pour lutter contre le refroidissement, il faut en tenir compte et, peut-être, limiter l'effort physique.

En hiver, on a tendance à manger plus gras, mais la choucroute et la fondue manquent singulièrement de vitamines et demandent un plus grand effort de digestion, d'où fatigue supplémentaire et sommeil lourd. Plutôt que d'avaler des comprimés de vitamines qui tiennent plus de l'alphabet que de l'efficacité, parce qu'ils sont mal assimilés, il vaut mieux dévorer des fruits et des légumes en abondance. Et ne pas oublier de boire de l'eau, même si la soif se fait moins sentir. L'alcool n'aide pas à lutter contre le refroidissement; au contraire, il provoque la disparition des signaux d'alerte au froid, ce qui peut entraîner des conséquences graves.

Mais alors, peut-on s'exposer à une température négative au saut du lit? Si le corps est habitué aux écarts rapides entre chaud et froid, ce genre d'activité apporte une belle vitalité et participe au renforcement de l'immunité contre les refroidissements, grippes, etc. On en retire une sensation de bien-être général, comme un petit shoot qui persiste. Le bain froid après le sauna et la natation en plein-air durant l'hiver apportent les mêmes bienfaits. Ce traitement de choc peut même contribuer à diminuer certaines affections, comme la dépression saisonnière (que l'on soigne habituellement par la luminothérapie), ou quelques types de douleurs rhumatismales (sans que cela n'apporte la guérison, bien sûr). Quoi qu'il en soit, le fait de vaincre une résistance renforce l'estime personnelle. Et l'assurance basée sur une petite victoire donne un sourire éclatant, une belle peau.

Ulysse

Vous ne seriez pas pédé, par hasard?

"Si après que je quitte cette terre, vous vous rappelez un jour de moi et désirez plaire à mon fantôme, pardonnez à quelque pécheur et faites un clin d'oeil à quelque laideron." Cette citation du journaliste Henry Louis Mencken (1880 - 1956) figure en épitaphe sur sa tombe, à Baltimore. Ce matin, dans la rue, j'ai fait un clin à un laideron. Elle m'a tiré la langue. Autre citation de Mencken: "Avez-vous déjà observé un crabe sur la plage, en train de ramper en marche arrière pour rejoindre l'océan et manquer sa cible? C'est comme cela que fonctionne l'esprit des humains." J'ai l'esprit d'escalier. Lorsqu'on me fait une remarque qui mériterait une réponse ciblée, elle me vient trop tard. Pour remédier à cet handicap, une solution: préparer les réponses d'avance. Exemples.

Un gars vous lance: "Vous seriez pas pédé, par hasard?" Si vous aviez une bonne raison d'anticiper cette éventualité, vous rétorquez: "Pourquoi? Vous avez envie de vous faire mettre?" Le débat est clos... Dans une interview où l'on cherchait à le coincer, le patineur Johnny Weir (encore plus folle que qui vous savez) a répondu: "Il y a des choses sacrées que je garde pour moi: le nom de la personne avec laquelle je couche, et celui de ma crème pour les mains."

Madame, votre chef M. Borre vous propose galamment de vous reconduire chez vous un soir où vous avez fait des heures supplémentaires pour lui. Par hasard, la route choisie passe devant chez lui et il vous propose de prendre un verre. Vous répondez: "Volontiers, j'aimerais bien faire la connaissance de Mme Borre; un ami m'en a beaucoup parlé." Comme par hasard, Mme Borre est absente ce soir-là. Vous lancez, toujours aussi charmante: "Alors, une autre fois!" Vous avez évité de le rembarrer ouvertement et vous avez ouvert une brèche avec cet "ami".

Si, après quelques verres partagés, la tablée vous demande à vous et à votre compagnon, qui fait l'homme et qui fait la femme, répondez en coeur: "Tous les deux." Ou: "On fait toujours l'homme. Vous voulez bien faire la femme?"... Très agaçants, ces gens qui, lorsque vous les informez de votre orientation amoureuse et sexuelle, s'empressent de vous dire: "J'ai de très bons amis homos." Pour montrer combien ils sont tolérants et branchés. Rétorquez avec émotion: "J'en aussi!!!" Ou: "J'ai quelques amis hétéros." Puis rempilez: "Il faut bien dire que pour eux, la vie est très difficile. Tant sur le plan sentimental que sexuel, c'est pas une réussite. Avec tous ces divorces, ces familles dysfonctionnelles. Et les enfants qui tournent mal..." Montrez combien cela vous fait de la peine; et faites un clin d'oeil à quelque laideron.

Ulysse