Nick Moretti fait partie des stars du porno gay depuis de nombreuses années. Son
blogue nous éclaire sur sa vie professionnelle -- la promotion des films dans lesquels il joue et de ceux qu'il dirige -- et sur ses états d'âme. Voici un extrait de son billet daté du 19 septembre dernier. La scène se déroule à San Francisco. "Je viens de rentrer du restaurant thaï où j'espérais passer un moment tranquille. Et je n'ai qu'une envie: me réfugier sous la couette, pleurer et dormir pour toujours... Au resto, je venais de passer commande et de sortir mon iPad pour poursuivre la lecture du bouquin qui m'occupe actuellement quand une voix a gueulé "Fuck you" et s'est mise à gémir à la table voisine. C'était un type qui me fixait, puis fixait sa braguette ouverte. Ce taré avait sorti sa bite et se branlait en me regardant. Putain!"
Moretti essaie d'ignorer le gars et de se concentrer sur sa lecture. Impossible car le branleur monte le son et continue son manège. "Exaspéré, je tremble et je crois que je vais me mettre à pleurer. Je me penche vers lui et lui demande:
Qu'est-ce qui va pas? On est dans un restaurant, espèce de con! À quoi il répond:
Pourquoi vous regardez ma bite? Juste parce que vous êtes un foutu acteur de porno? Je suis tellement perturbé que je ne sais pas quoi faire."
Le type continue son manège. Moretti en perd l'appétit, sort son portable et filme l'incident pour le cas où cela tournerait mal. Finalement, le branleur cesse son manège, paie puis s'en va. Moretti se dit à lui-même: "Je suis juste une ordure, un vaurien de hardeur qui mérite ce qui lui arrive." Plus tard, dans son lit, il se demande pourquoi l'incident le touche autant. Et se souvient d'une mauvaise rencontre dans le métro new-yorkais, alors qu'il se rendait à l'école. Le wagon était bondé et une main d'homme avait tâté son paquet. L'enfant ne pouvait pas bouger. "J'avais peur de dire quoi que ce soit parce que je n'étais pas du tout à l'aise avec mon orientation et j'avais honte."
Il était sorti à la prochaine station, alors qu'il se trouvait encore loin de l'école. "L'incident m'avait totalement tourneboulé. Je me sentais violé et en même temps coupable et il me semblait que je l'avais bien mérité. Parce que j'étais un foutu pédé et que c'était bien fait pour moi. J'étais encore loin de m'accepter et d'être en paix avec mon homosexualité. Je voulais juste rentrer à la maison et me tuer. Le suicide, j'y pensais souvent. C'était l'époque de
La Fièvre du samedi soir où les pédales étaient considérés comme des malades qui méritaient de mourir. Et voilà que ces mêmes pensées me reviennent ce soir, à moi qui me croit bien dans ma peau et libéré!" Et il s'en veut de haïr le salaud qui vient de bousiller son repas en faisant remonter ce souvenir. "Pourtant je prie et je médite plusieurs fois par jour. J'essaie de faire le bien, d'aimer mon prochain, de vivre dans l'harmonie."
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Dans sa prime jeunesse. |
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Répétition pour un gala de charité. |
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Quelques jours plus tard Moretti écrit: "
Je me sens perdu, triste et seul. [...] J'a
i travaillé sur plusieurs projets ces derniers temps.
J'ai pris soin de mon père, de mon ami et de plusieurs copains. Tant que j'étais dans l'action, je me sentais au top. Je fonctionne sous la pression. Mais j'ai fini mon film, tout le monde est parti et
je me sens perdu. C'est comme la descente après une prise de drogue, passer de la plus haute sensation au grand vide. [...] Je devrais consacrer plus de temps à me faire des amis, mais je suis un timide, pas du tout le Nick que je joue dans mes films. [...] Et je devrais retourner au cours de méditation du Centre bouddhiste -- bien que je trouve les membres du groupe, ici à San Francisco, pas trop aimables, plutôt distants.
Je devrais aussi aller à l'église. J'étais retourné au culte lorsque mon père était tombé malade et que la relation avec mon copain avait foiré."
Depuis lors, son père est mort. Moretti s'est séparé de son compagnon qu'il aimera tant qu'il vivra. Il a suivi des cours de barman. A commencé à tourner une série de films BDSM et a repris sa pratique de la méditation et de la prière pour s'apaiser, se sentir en paix avec son entourage.
André