La Hongrie s'est spécialisée dans la dentisterie; on se rend en Thaïlande pour changer de sexe. Les chirurgiens turcs faisaient fortune avec le tourisme de la calvitie. La tonsure volontaire ayant pris le dessus, ils ont passé à la densification des moustaches. Trois types de clients. Ceux d'Extrême-Orient avec un faible potentiel folliculaire qu'il faut enrichir. Les machos du Proche-Orient qui perdent de l'épaisseur en prenant de l'âge, faute d'une alimentation équilibrée -- moins de mouton plus de millet, les gars! Quant aux Européens, ils veulent une brosse à poils durs sous le nez. Pour regonfler l'orgueil viril, c'est moins hasardeux, moins douloureux et moins cher qu'un allongement de la tubulure. En moyenne, l'opération sous anesthésie locale dure cinq heures et coûte 5'000 dollars. Des agences spécialisées proposent un forfait touristique.
Mais, comme dans les autres industries esthétiques, la chir de la moustache attire beaucoup de charlatans qui vous bousillent diablement le look -- et irrémé-diablement. La mode de la moustache va et vient. Les Turcs étaient 77% à l'afficher en 1993 et ne sont plus que 34% aujourd'hui. En ce qui concerne la barbe, ils ont passé de 18% à 24% depuis que le parti religieux de la Justice et du Développement a pris le pouvoir. Dans les pays où le Printemps arabe avait soulevé des espoirs, certains adoptent la moustache comme moyen terme. Avant, il fallait être glabre si l'ont voulait se donner un air occidentalisé. Aujourd'hui, en attendant de voir si l'on verse dans l'islamisme total ou non, on peut déjà faire pousser la moustache. Triste précaution.
Problème technique: ces poils manquants, il faut aller les arracher ailleurs (imaginez les poils de votre fessier vous chatouillant les narines) et l'histoire ne dit pas lesquels sont appropriés. Encore faut-il en trouver... Mission impossible pour les gars qui se sont fait épiler au laser, et pas facile s'ils les ont dégommés depuis longtemps à la cire. Ah! follicules à jamais perdus...
Mes souvenirs (du siècle dernier) chez des barbiers turcs. Le moment flambant où le coiffeur craque une allumette pour vous brûler les poils des oreilles. La finition par un robuste massage de la nuque et des épaules. La fois où j'ai tenté de faire comprendre ceci: raser ma barbe et ne garder que la moustache, en complétant ma phrase hésitante par un geste survolant la moustache. Mais mes doigts sont descendus trop bas et je me suis retrouvé avec un ornement pileux en forme de croissant de lune. Mes amis m'ont surnommé Donald Duck... C'était au bord de la mer, à Alanya où poussaient les orangers et les caféiers. Nous rêvions de nous y installer. Mais la mort est passée par là. Et Alanya ressemble aujourd'hui à ces stations balnéaires espagnoles où le béton a tout bousillé, remplaçant la simplicité par la misère.
André
2 commentaires:
Ah la Turquie, que de beaux mâles ... que de beaux bruns aux yeux verts ... un rêve pour nous autres ce pays, non ?
Dieu qu'ils sont beau, des gays mâles, des mâles, des vrais huuuuuuuuuuuuuuum
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