Est-il votre copain ou compagnon (mange son
pain avec vous), le commensal avec qui vous parlez à midi (mange habituellement à la
même table), un camarade (qui partage la chambrée), un pote ou poteau (ami solide sur lequel on peut s'appuyer), votre partenaire de jeu, ou en affaires, sinon en amour puisque les mots évoluent avec les moeurs et les lois? Est-il est comme un frère pour vous? Et la palette de mots pour exprimer les liens d'amitié entre hommes ne s'arrête pas là. Les Américains en ont inventé un nouveau:
bromance --
bro- de brother et -
mance de romance. Presque une histoire d'amour entre deux hétéros qui s'arrête là où elle deviendrait homosexuelle.
Pour cultiver et améliorer ces liens fraternels où les mecs apprennent à partager leurs problèmes, leurs échecs et leurs projets avec d'autres mecs, on a créé les groupes d'hommes au siècle dernier. Quelques-uns survivent. D'autres renaissent avec un élément nouveau: la nudité. Ouverts à tous, hétéros, bisexuels et gays, ils affirment que de commencer leurs rencontres en se désapant permet de se débarrasser des inhibitions, des barrières de classe et des masques. Les réunions comportent des échanges de massage, des jeux, une soirée en piscine, du yoga ou d'autres activités en même temps que des discussions.
Passer une soirée ou un week-end à poil entre mecs, sans échanges sexuels, c'est une autre histoire que de se changer brièvement dans un vestiaire. Et réfléchir à notre identité masculine en compagnie d'autres hommes, cela soulève toutes sortes de sentiments: joie du partage (à s'en taper les cuisses), colère et rage, détresse accompagnée de larmes. C'est fort! On est nu à soi-même parce qu'on exprime peut-être des choses qu'on ne voulait pas s'avouer. On est nu devant les autres et on découvre la force d'une fraternité solidaire, différente de ce que l'on vit dans les soirées de beuveries. Et tout à coup un gars qui a bien écouté, sans t'interrompre, lâche: "Tu vois, t'as pu cracher le morceau, c'est dingue, t'en as des couilles!"
Beaucoup d'hommes évitent la nudité, sauf dans les joutes sexuelles. Voyez combien les industriels du textile en profitent: des slips de bain on a passé aux jupes-culottes jusqu'aux genoux! Même dans les vestiaires, les gars enfilent leur chemise avant d'ôter le maillot mouillé, sinon ils se lancent dans une danse du ventre sous la serviette de bain... C'est la honte du corps, il n'est jamais assez musclé, mince ni bien membré. Demandez à un adonis ou à un musclor, il se plaindra: lui manque ceci, trop de cela, etc. En retrouvant la nudité fraternelle d'antan, on se défait des normes et des barrières sociales. Et on réapprend à distinguer la nudité de la sexualité -- hétéros comme gays.
André
2 commentaires:
Bonjour André, Merci d'être une fois de plus dans la nécessaire réalité du moment en ce qui concerne l'identité masculine bien amochée pour les hommes blancs d'occident! Vous touchez encore une fois à l'essence ciel en faisant le prose élitisme bien venu d'une réappropriation de nos particularités psychobiologiques! Viriles salutations! Philippe.
J'aime beaucoup cet article particulièrement l'introduction bon week-end
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