Aujourd'hui, il fera 22 degrés à la Playa del Inglés de la Grande Canarie. Chaque année, les festivités de l'ouverture du Carnaval rhénan (Cologne et Mayence) y sont organisées le 11 novembre à 11h11, en même temps qu'en Allemagne. Des milliers de gays viennent passer une ou deux semaines de vacances à cette époque et la zone nudiste mecs au bord de l'océan grouille de bonhommes à poil ou plus ou moins déguisés.
J'ai participé une fois au Carnaval de Cologne et c'était grandiose, étonnant, alcoolisé. Des défilés splendides, hommes en costumes d'époque chevauchant leurs chevaux, cliques de musiciens, chars humoristiques illustrant les derniers scandales politiques régionaux ou nationaux, distributions de bonbons et de fruits jetés à la foule. Neige au bord des rues, souillée par l'urine et les gobelets de vin chaud. Mecs affalés dans les saunas gays, cuvant leurs boissons, rattrapant le sommeil des nuits blanches et baisant quand même, mais à un rythme moins teuton qu'à leur habituel... Cette année, la fête à Cologne et ailleurs en Allemagne est gâchée par un vent tempétueux et le souvenir des violences de la Saint-Sylvestre.
J'ai aussi connu la bamboula du 11.11 à 11h11 de la Gran Canaria. À la minute exacte, les mecs débouchent leur bouteille de semi-seco et boivent à la santé de leurs amours de vacances. Des milliers, au coude-à-coude, au couilles-à-couilles. C'est miraculeux. Comme la traversée de la Mer rouge à sec ou la multiplication des pains. Quand on pense à la solitude que tant de LGBT ont connue ou connaissent encore -- vivre caché, ne pas se faire remarquer, craindre le pire -- et à cette fiesta au bord de l'Atlantique, quel contraste! Pouvoir côtoyer tous ces gars sans crainte, pas même les moqueries des femmes et hommes hétéros qui se joignent à la liesse, ni une intervention policière. Les flics présents et les employés de la Croix-Rouge veillent pacifiquement à notre sécurité afin de sauver les éméchés qui se jetteraient dans les vagues de l'océan.
Derrière la plage, il y a les dunes où les gars iront s'éparpiller en petites bandes, après les libations, pour se mettre à l'ombre alors que d'autres étendront leur serviette au bord de l'eau et iront nager pour pisser leur alcool. La vie libre. Libre de peurs, de fausse honte et de textile. Les gens qui passent le long de la plage pour aller se poser dans d'autres sections de cette merveille de la nature (qui s'étend sur plus de six kilomètres) jettent à peine un coup d'oeil sur cet étalage de couilles chauffées par le sable. Eux iront rejoindre une colonie de transats pour retraités, des copines et copains nudistes qui font du volley, un coin protégé des vagues où les enfants peuvent jouer au bord de l'eau, un salon de thé viennois en plein-air pour se taper de crémeuses forêts-noires. C'est la paix entre les genres, pas le monde hostile dans lequel je suis né. Comprenez-vous mon émotion?
André
3 commentaires:
magnifique un carnaval comme sa j'adore
Le coin a l'air vraiment sympa et j'ai bien aimé les photos "ordinary people".
j'aime bien les images des hommes sur la plage!!!
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