Les marches de la visibilité LGBT -- et ceux qui les méprisent
La saison des marches de la visibilité LGBT est ouverte dans les villes du "monde vraiment libre", c'est-à-dire les pays où nous pouvons défiler en bénéficiant de la protection des autorités. Il y a encore beaucoup de travail à fournir pour accéder à l'égalité des droits dans les pays de l'Est européen, les nations à majorité musulmane, dans le continent noir (sauf l'Afrique du Sud), en Asie et aux Caraïbes. C'est donc un privilège de pouvoir revendiquer librement le respect envers les diverses orientations sexuelles là où la loi nous est favorable, mais où les moeurs et les coeurs ne nous sont pas encore tous acquis.
Les marches dites des fiertés ont pris naissance après les émeutes de Stonewall en 1969 à New York. Pride (fierté) est une notion américaine utilisée à toutes les sauces. En français, on estime que le respect de toutes les orientations, nationalités et couleurs de peau devrait être naturel. Il n'y a pas de quoi être fier d'être mâle, hétéro, blanc et Américain, c'est un donné de naissance. Mais comment affirmer qu'on n'a pas honte d'être Noir ou Jaune ou LGBT ? Et l'exprimer d'une manière positive: -- en un seul mot -- je suis confortable dans mon être et ma peau (même si j'ai pu changer le genre qui ne me convenait pas) ? D'où le choix de fierté en attendant mieux.
Et qu'est-ce que nous attendons de mieux? Après la généralisation du coming out, la sortie du placard, et l'acceptation -- dans quelques pays -- du mariage pour tous, de l'adoption, etc. , ce sera le fait de n'avoir plus besoin de se signaler comme gay, ou lesbienne, ou bisexuel/le, ou transgenre. Car tous les goûts sont dans la nature... D'où mon choix de cette interprétation par John Barrowman de l'air I Am What I Am, "Je suis ce que je suis" tiré de la comédie musicale américaine La Cage Aux Folles (à prononcer avec l'accent). C'est l'hymne LGBT intercontinental par excellence!
I am what I am / I am my own special creation. /.../ And its not a place I have to hide in. / Life's not worth a damn / 'Til you can say / Hey world, I am what I am! /.../ And what I am needs no excuses...
"Je suis ce que je suis / Je suis ma propre création. /.../ Mon monde n'est pas un lieu où j'ai à me cacher. /
La vie ne vaut absolument rien / Si tu ne peux pas dire: / Hé monde, je suis ce que je suis! /.../ Et ce que je suis n'a besoin d'aucune excuse..."
La saison des marches de la visibilité est ouverte et l'on entend encore cette remarque de la part de femmes et d'hommes concernés: "Moi, je refuse de me ridiculiser en défilant avec ces gens; j'aurais honte." Ils ajoutent: "Du reste, la sexualité est une chose privée..." Néanmoins, Madame, Monsieur, ces gens qui "vous font honte" ont participé, durant des années et des années, à la situation confortable dont vous bénéficiez aujourd'hui. Au début, ils ont enduré les moqueries et le rejet. Ils ont tenu bon lorsqu'on les a traités de pestiférés à cause du sida. À l'époque, les pédés qui avaient "honte" étaient à moitié pardonnés. Ceux qui se montraient en public rencontraient des problèmes au travail, dans leur quartier ou leur village et au sein de la famille. Mais ils ont finalement attiré la sympathie du public: les femmes et les hommes qui défilaient en vêtement "normal" paraissaient courageux et les autres marrants... C'est en affirmant "Je suis ce que je suis" qu'on attire le respect des gens qui s'estiment dans la norme et finissent par nous trouver "normaux".
André * En Suisse romande, les manifestations de la Pride se dérouleront à Fribourg du 24 au 26 juin.
2 commentaires:
iras-toi aussi aux marches de la fierté, André?
un grand bravo a vous, et aussi je vous souhaite a toutes et tous une belle pride
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