L'atelier de chamanisme que j'ai suivi le week-end passé, m'a incité à évaluer ma conception de
Case des hommes, ce blogue que je rédige depuis mai 2008. Par exemple à me demander si je publie des photos de mecs à poil uniquement pour attirer des visiteurs. Si je ne suis pas trop vieux pour comprendre les préoccupations des mâles en général, ainsi que les problèmes qui se posent plus particulièrement aux femmes et hommes LGBT.
Durant la semaine écoulée, au lever du soleil, j'ai battu mon tambour de chaman, confectionné dans la peau d'un cerf rouge qui pâturait aux Grisons (les montagnes à l'est de la Suisse). J'ai médité au son des voix viscérales de moines tibétains qui vous nettoient profondément les tripes. Ce qui m'a libéré de mes incertitudes et perplexités.
La nudité masculine pose problème à notre société. D'une part, nous nous gorgeons de vidéos porno qui mettent en scène tous les ébats imaginables (ou non) rassemblant femmes et hommes nus. D'autres part, la bienséance impose des feuilles de vigne là où nos arrière-grands-pères se trouvaient naturellement à poil en compagnie d'autres mâles. Ceux de leur famille -- les plus âgés comme les plus jeunes --, leurs camarades ainsi que des voisins, le facteur, le docteur. Pour nager à la rivière, partager des vestiaires, des chambrées militaires et même des lits. À l'époque, on ne parlait guère d'homosexualité et les tripotages entre adolescents, ou célibataires adultes, s'expliquaient simplement par la mise sous clé des filles à marier.
Les amitiés fortes entre gars étaient jugées naturelles, alors qu'aujourd'hui il faut se contrôler, chaque geste d'affection pouvant être mal noté. De situation naturelle qu'elle était, la nudité est maintenant entourée d'un halo trouble de sexualité. Regardez tous ces gars au vestiaire qui se tortillent dans leur serviette pour baisser ou remettre leur slip!
Ce blogue participe ainsi à la croisade pour la libération des corps. Donc celle des individus. Le corps est l'enveloppe de l'être humain. Le vêtement le couvre pour le protéger du froid, du soleil, des frottements dans un métro bondé, et des avances déplacées. À poil, le corps est respectable aussi bien dans la perfection lisse de la jeunesse que dans la maturité de l'âge, avec trop ou trop peu de muscles, de poils, d'embonpoint.
Alors, affranchissons-nous du joug des jugements moraux, sociaux et religieux. Retrouvons la joie d'habiter notre corps, celle que nous éprouvions durant la première enfance. Sachons partager des caresses qui ne sont pas immédiatement des invites sexuelles, cultivons le plaisir du regard sans concupiscence, l'admiration de la beauté pour la beauté et non pour la possession.
Et que cette attitude se retrouve aussi lorsque nous regardons des photos. On peut trouver le mec à notre goût sans être dépité de ne le rencontrer qu'en image. Être heureux de sa beauté, de son existence quelque part dans le monde et lui envoyer une pensée bienveillante, sans concupiscence.
Sur tous les continents, les chamans sont des explorateurs qui parcourent l'espace à la recherche de fractions d'âmes que les humains ont perdues durant leurs épreuves. Ils les rapportent afin d'assurer la guérison morale et physique de ceux qui en étaient séparés. Les chamans des peuples premiers sont à la fois poètes, devins et guerriers parce qu'ils doivent savoir se battre pour naviguer entre les mondes. Ils complètent cela par des connaissances de guérisseur herboriste et gemmologue. En plus d'unir le ciel et la terre, des chamans traditionnels ont lié l'énergie féminine à la masculine dans leur chair en étant ce que nous nommons aujourd'hui lesbiennes ou gays. C'est pourquoi mon apprentissage est une aventure passionnante, je me sens comme on dit "dans mon élément", validé par une tradition.
Néanmoins, je resterai un apprenti jusqu'à la fin de mes jours. Il faut beaucoup plus de temps qu'il ne me reste à vivre pour devenir un chaman accompli. En revanche, j'apprécie la possibilité qui nous est donnée en Occident de développer un chamanisme de base, dépouillé des traditions amerindiennes, sibériennes, africaines ou autres qui ne font pas partie de notre culture. J'apprécie aussi de pouvoir voyager dans les mondes extérieurs sans ingérer de substances hallucinatoires, et d'être assuré que mes expériences, ainsi que l'accompagnement de mon animal totem, ne sont pas le produit d'une imagination stimulée par la chimie des plantes.
André