Yoga naturiste -- afin de mieux accepter mon corps tel qu'il est

Pour une minorité de pratiquants, le yoga confine à l'acrobatie. Les postures auxquelles ils astreignent leur corps touchent à la performance géométrique. C'est impressionnant! Pourtant, l'esprit du yoga est très éloigné de la perfection gymnique. Il s'agit d'entrer dans un état harmonieux en prenant soin de notre corps et notre esprit, en nous engageant dans une voie de liberté et de simplicité. C'est pourquoi le yoga est accesible à tous, peu importent l'âge et la condition physique. Aux athlètes il apporte la souplesse dans la décontraction; aux gars qui sont en guerre avec leur corps il offre la réconciliation et une harmonisation; les timides y trouvent une affirmation joyeuse.




Avant tout, le yoga nous aide à réinstaurer la paix entre une tête stressée, un corps négligé et une âme flottante. Observez la liberté du petit enfant qui fonce vers le but qu'il vient de découvrir et se concentre sur le plaisir de l'instant. Il a laissé tomber son gros souci d'il y a trois minutes, il ne s'inquiète pas de l'avenir dans les trois minutes suivantes, il vit ici et maintenant. C'est l'attitude que nous, adultes, pouvons retrouver grâce au yoga: la sérénité, le lâcher prise. Au milieu d'une zone de tristesse ou de bonheur, d'une période d'insécurité ou de fierté, le yoga nous permet de revenir aux racines de l'être.
La sagesse populaire affirme que nos bras sont rattachés au coeur et que nos mains en sont une extension. Elles connectent le coeur à tout ce que nous touchons: notre corps, celui d'un autre, la planche que nous ponçons, les aliments que nous préparons. Et pourquoi pas le volant de la voiture, si nous conduisons dans un esprit d'attention. Lorsque nous rapprochons nos mains l'une de l'autre, palme contre palme, l'une des postures classiques du yoga, nous créons un lien entre coeur et mains. Ce geste est considéré comme un signe de paix, de gratitude, une salutation ou une ouverture spirituelle dans la plupart des cultures.
Je suis un cours de yoga deux à trois fois par semaine. Trop paresseux pour pratiquer seul chez moi. J'ai commencé il y a une douzaine d'années, et au début je déclarais volontiers: "Je déteste le yoga, mais lui il m'aime..." À 80 ans, je suis encore assez souple de caractère et de corps. Le yoga, la méditation, le blogue, une alimentation végétarienne, le jardinage, la natation en plein air et une pratique sexuelle très régulière renforcent ma santé -- jamais de refroidissement l'hiver. Quant à mon taux de testostérone, il a augmenté régulièrement pour atteindre celui d'un homme jeune.
La salle où je pratique est aérée; ses baies donnent sur la cathédrale Notre Dame et un pont sous lequel se faufile le métro. Les profs? Deux d'entre eux sont remarquables, proches d'une spiritualité ouverte sur les grands espaces, libérés de l'hindouïsme de pacotille (chants et mantras) que pratiquent tant de yogis occidentaux. D'autres sont chiants, mais compétents. Et j'ai le choix entre trois ou quatre cours par jour. Quel privilège! J'aimerais pouvoir pratiquer à poil. (Cela m'est arrivé ailleurs.) Mais il n'y a pas de réservoir suffisant de yogistes nudistes dans ma petite ville où résident plusieurs organisations sportives mondiales. Leurs hauts fonctionnaires siègent sur des montagnes de fric. Les racines de l'olympisme, la liberté du corps et de l'esprit leur sont étrangères. Tout cela changera, il le faut!

André