C'est la saison des
Marches dites
de la Fierté LGBT. Je
revois la première de ces manifestations en Suisse, à Berne (la
capitale). Un samedi de 1979 -- dix ans après la révolte dans un bar de
Manhattan, le Stonewall, où les clients, menés par une bande de folles résolues et intrépides, s'étaient révoltés contre la police qui
multipliait les descentes et les arrestations... À Berne, j'avais décidé
de "soutenir" les courageux marcheurs, mais en restant spectateur. Quand j'ai
vu le nombre restreint des Romands (les francophones) derrière
le seul calicot en français, je les ai rejoints. Imaginez l'étonnement,
l'émotion de voir des policiers retenir les
voitures aux carrefours pour nous laisser passer ! C'était, il y a près de 40 ans. Pas de drapeau, de déguisement,
pas de rires, c'était solennel. Le mot gay n'existait pas
encore. Les rares curieux le long du cortège
n'avaient jamais vu autant d'homosexuels.
Dans les journaux du dimanche, on pouvait voir la photo de notre
douzaine de Romands, chacun bien reconnaissable. À l'époque, j'étais
président du groupe gay le plus important de mon canton. Plusieurs
membres m'ont reproché d'avoir participé à la marche. Selon eux, c'était
trop dangereux. Et le lundi matin, quelques chers collègues de
l'entreprise où je travaillais se sont rendus chez le directeur pour lui
montrer la photo. J'avais informé le patron de mes activités militantes
et il leur a répondu que ma conduite au travail était irréprochable. La
vie d'un LGBT sorti du placard est un long fleuve de
comings out.
À l'époque, nous n'aurions pas imaginé que la majorité bien-pensante
envisagerait un jour de tolérer -- et finalement d'agréer -- que nous soyons
traités comme des êtres égaux. Face aux lois, notamment concernant le
mariage et la famille. Et que les fichiers de police à notre endroit
seraient détruits, les discriminations sanctionnées. Au fur et à mesure de
cette évolution, les Marches de la Fierté sont devenues plus détendues.
Le public massé le long de nos cortèges a découvert que les pédés
pouvaient être musclés et bronzés, et les travestis très rigolos, voire
d'une élégance folle. Nous les pionniers, sérieux et chargés de mission libératrice,
nous frémissions en voyant que cette manifestation perdait sa vocation
première qui était, à nos yeux, de nous montrer comme des gens
raisonnables et bien intégrés. Néanmoins, le côté carnavalesque n'a pas
empêché l'évolution des mentalités. Certains nous ont jugés et nous
méprisent encore, d'autres ont été rassurés et conquis.
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Varsovie. |
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Aujourd'hui, la situation des personnes LGBT n'est pas assurée. À l'Est
de l'Europe, nos soeurs et frères vivent encore dangereusement. Dans
certains pays dits démocratiques, la progression est stoppée. D'autres
minorités aussi sont en danger. Nous les privilégiés, qui avons connu
l'épreuve du sida et y avons survécu, nous ne devons pas oublier ceux
qui rencontrent de grandes difficultés, notamment les LGBT en quête
d'une vie nouvelle hors de leur pays dévasté. Il y a de nombreuses
manières d'apporter de l'aide; à chacune et chacun d'entre nous de s'y mettre selon
ses talents.
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Justin Trudeau et son fils, l'an dernier à Toronto. |
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Justin Trudeau, vendredi dernier. |
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Aux États-Unis d'où nous vient la Marche gay des fiertés, le mot
pride est
utilisé à toutes les sauces, aussi bien religieuses que commerciales et politiques.
Et l'on est fier d'être Américain, comme si c'était un privilège gagné de haute lutte.
Pride, signifie aussi l'orgueil, la
vanité, l'amour-propre, l'arrogance [voyez ci-dessus à droite]. Moi, je n'ai pas honte d'être
suisse ou gay, mais je n'en suis pas fier non plus. Je n'y suis pour
rien. Ce que la fierté gay a signifié au départ, c'est que nous n'étions
pas des êtres inférieurs. Mais aujourd'hui, je souhaiterais que cette
manifestation annuelle devienne la Marche du Soutien, de l'inclusion.
Qu'à notre tour nous nous préoccupions de ceux qui sont dans des
situations délicates, qui sont méprisés et mis de côté. Comme nous
l'avons été.
André
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Rome. |
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Tel Aviv. |
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Athènes. |
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Bucarest. |
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4 commentaires:
Bel article André.
J'ai adoré la kippa arc en ciel !
on a des prides dans l'Italie entiere!
Quand je pense à celui de l'île Maurice ça me rend triste
Le site lgbt américain queerty a compilé des images de pride allant de 1970 à nos jours https://www.queerty.com/photos-45-years-of-gay-pride-in-45-amazing-images-20140617
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