lundi 22 juillet 2019

La sieste -- courte, coquine ou longue : un réflexe très utile






Les études sur le sommeil réparateur sont en train de changer notre perception concernant ce qui se produit à notre insu durant la nuit dans notre corps et notre tête. Imaginez un bataillon de médecins profitant de notre temps de repos nocturne pour nous remettre en ordre de marche. Au physique: maladies cardiovasculaires, problèmes digestifs, élimination des toxines, rééquilibrage des défenses immunitaires et de l'hypertension. Au mental: lutte contre la déprime, activation de la créativité et de la mémoire. À condition que cette période de sommeil s'étende au moins sur sept heures. Or, qui se l'accorde aujourd'hui ? D'autant plus en cessant de scruter les écrans au moins une heure avant de s'endormir et en reprenant la consultation du portable le matin après avoir bu un verre d'eau, après s'être rasé et douché, après avoir préparé son premier repas.




Plus nouvelles encore sont les études consacrées à la sieste considérée comme un remède au stress occasionné par une vie très remplie. Combien de temps lui réserver ? De 10 à 90 minutes suivant l'effet escompté ! Cela, direz-vous, c'est bon pour les pays tropicaux et les mecs qui peuvent encore s'accorder une existence peinarde... Pourtant, la tradition des grands sages et la recherche actuelle prouvent que la sieste n'équivaut pas à du temps perdu, bien au contraire. Si l'on en croit des créatifs tels Archimède, Isaac Newton, Victor Hugo, ou un industriel comme mon grand-père maternel, un petit somme concentré durant la journée génère des idées nouvelles, voire même des solutions aux problèmes que l'on n'avait pas encore envisagés.


Père de treize filles et garçons, mon aïeul qui mesurait deux mètres de haut s'accordait un somme après le repas de midi, sur le canapé du salon, au milieu de sa kyrielle d'enfants. C'est le moment idéal pour piquer du nez puisque notre attention baisse après le repas. Et la meilleure manière d'éviter un coup de barre, qui peut être dangereux si l'on est au volant au moment où notre horloge circadienne entraîne normalement une baisse d'attention. Le temps imparti est de 20 à 30 minutes. Il permet d'améliorer sensiblement la capacité de mémorisation et d'assimilation intellectuelle et technique. Dépasser cette durée nous entraîne dans un cycle de sommeil plus lourd de 90 minutes qui appartient normalement à la nuit.




Ceux qui souffrent d'un réveil maussade après 20 minutes peuvent boire un café avant de s'endormir, la caféine agissant en général au bout de 20 minutes. Quant à la sieste coquine, sa durée et sa composition dépendent de facteurs complexes qui n'ont pas encore été étudiés par les chercheurs universitaires. Ce qui prouve qu'ils devraient siester pour devenir plus créatifs et entreprenants... Les navigateurs qui parcourent les océans en solitaires doivent s'habituer à un rythme de sommeil dit polyphasique, soit un quart d'heure toutes les deux heures afin de renouveler suffisamment leur attention.



Passons maintenant à la super-sieste, celle qui dure 90 minutes et correspond au premier cycle nocturne du sommeil dit paradoxal durant lequel l'activité cérébrale est à son sommet pour digérer les événements et émotions de la journée écoulée. C'est le moment de faire un rêve dont on se souviendra peut-être et qui, interprété, nous permettra d'avancer dans l'existence. S'y ajoute le phénomène de la mémoire procédurale, à long terme, qui se charge de l'apprentissage et de l'encodage des techniques. Notre cerveau va répéter les informations que nous lui donnons jusqu'à les ancrer profondément. Les cours d'auto-école, la mémorisation d'un morceau de musique ou des techniques du foot jusqu'à ce qu'elles deviennent des réflexes automatiques. Les artistes pointus utilisent cette méthode pour se recharger après une période de travail intense et amener leur technique à un sommet.

André